L’Agglomération Durance Luberon Verdon lancera en 2023 une opération de rénovation et d’agrandissement pour améliorer la maison de Jean Giono. Objectif : créer un nouvel équipement culturel, patrimonial et touristique à Manosque d’ici 2025.

TerritoiresAlpes-de-Haute-Provence Publié le 10 novembre 2022 à 16h00 par Hélène Saveuse

Si l’on connaît bien l’œuvre de Jean Giono, grâce au succès de ses livres, on sait moins qu’ils ont été, pour la plupart, écrits dans sa maison manosquine, dite Lou Paraïs. La demeure du XVIIIe siècle où il vécut avec sa famille entre 1930 et 1970. Inscrite aux monuments historiques le 1er mars 1996, le ministre de la Culture de l’époque, Frédéric Mitterrand, la désigna Maison des Illustres avec le label « Patrimoine du XXe siècle », la mythique bastide aux volets verts, qui domine Manosque, sur le versant sud du Mont d’Or, doit aujourd’hui être restaurée.

Mais au lieu de lancer une opération partielle dans le but de garder seule la villa de l’auteur, la communauté d’Agglomération a décidé d’un projet global. « L’enjeu principal est la préservation et la valorisation de ce site, dont la ville de Manosque a fait l’acquisition en 2016 et cédé à DLVAgglo dans le cadre de sa compétence culturelle. Nous devons revaloriser un appartement privé au statut de maison d’écrivains. Ce lieu deviendra un pôle d’attraction culturel pour notre territoire, signe de notre engagement pour le livre », s’est enthousiasmée Sandra Faure, vice-présidente DLVAgglo en charge de la culture.

La bibliothèque municipale remplacera l’ancien office de tourisme de Manoska

Un projet en trois chapitres pour réhabiliter la maison de Jean Giono

Si le bâtiment existant ne présente pas de nuisances graves, une série de mesures s’imposent néanmoins pour assurer un climat intérieur permettant une bonne conservation des collections. Après sa mort, l’auteur a laissé une bibliothèque personnelle avec un peu plus de 8 000 ouvrages. Par conséquent, la villa nécessitera des travaux d’étanchéité, de menuiserie, d’isolation et de traitement de l’air. « L’oeuvre permettra de retrouver la maison telle que Giono l’a connue, afin de raconter la genèse d’une grande oeuvre de la littérature contemporaine. Ils permettront également de mettre le site en conformité avec les normes réglementaires applicables aux établissements recevant du public, dans le respect de la localisation et des règles applicables aux monuments historiques », ajoute Sandra Faure.

Cette restauration s’appuiera sur des documents d’archives, notamment des archives photographiques, mais aussi sur les récits de la vie au Paraïs, et bien sûr ceux de sa fille cadette, Sylvie Giono. « Une attention particulière sera portée à l’ambiance renouvelée, le projet n’est pas de créer un musée, mais de retrouver la chaleur humaine de cette maison, l’énergie créatrice du lieu », assure Sandra Faure. Plus précisément, le projet comporte trois volets. Parallèlement à la restauration du Paraïs, DLVAgglo souhaite créer une extension de la « maison sur place » d’une centaine de m2, qui accueillera les visiteurs et proposera des services tels que des librairies, des boutiques ou encore des salons de thé. La troisième phase sera l’affinement des jardins qui feront le lien entre l’œuvre de Gion et la nature.

« Du lointain au local, de l’espace public partagé à l’intime »

Dans leur projet architectural, Sébastien Cord, architecte du patrimoine, Régis Roudil pour l’Atelier Régis Roudil Architectes (mandataire), accompagné de Sarah Ten Dam, architecte paysagiste, ont décidé de développer quelque chose que l’on pourrait qualifier de parcours. « Les visiteurs s’approchaient d’abord de la maison sur le chantier, pour laisser du temps et de l’espace aux rassemblements et aux expositions. Ensuite, ils traverseraient le jardin potager irrigué par le canal de Manosque et finiraient sur son lieu de résidence », résume Régis Roudil. « Notre intention première est de mettre en évidence la position stratégique et qualitative du lieu, dans son inscription en balcon sur la ville, pour inviter à la réflexion et à la promenade vers les beaux paysages, plus proches et plus lointains, caractéristiques de la Provence », poursuit-il.

À Lire  Niort : malgré les travaux, les syndicats inquiets pour l'avenir de leur "maison"

Manosque : le parc aquatique sera mis en service début 2024

En ce sens, le projet propose notamment la réorganisation des niveaux pour un hébergement confortable du public. L’entrée se composera d’une cour avant avec un pont et un point d’eau décoré qui formeront le premier belvédère cadré vers le parc, entre le petit pavillon de jardin préexistant et la maison sur le site, « qui est conçue comme un simple volume Aux limites extérieures du terrain, les façades sont sobres, presque aveugles et prévues en plaques de plâtre. On parle ici d’une prise en charge des matériaux de la ville par rapport aux sols de son socle géologique. En revanche, les façades qui vont les sorties vers le jardin seront traitées avec des charpentes et des charpentes en bois.Le projet est conçu avec de la pierre de Caseneuve et une charpente en bois de pin d’Alep ou de cèdre de Bonnieux.La répétition des éléments structuraux en arrière-plan est la notion d’ombre légère et indique différentes séquences Dans cet esprit, la construction de notre projet repose sur un système porteur de poutres en bois et un volume massif de pierre côté rue ».

Une galerie vitrée

Un dispositif structurel qui offre une grande liberté dans l’aménagement du plan et permet de concilier coûts, efficacité et évolutivité selon l’architecte qui ajoute : « L’entrepôt préexistant sera conservé pour satisfaire le programme, mesurer les interventions, mais aussi rappellent l’occupation du jardinier du site avec ses constructions vernaculaires modestes et caractéristiques. Le projet propose donc de recomposer les parties adjacentes du pavillon pour créer une aile plus petite, capable d’offrir une galerie vitrée entre le pavillon et la maison Giono ».

Une chapelle, près de Briançon, conservée par la mission Stéphane Bern

Le coût de l’opération est estimé à 1,3 M€ HT et DLVAgglo espère trouver le soutien financier maximal pour compléter le soutien de l’État, qui intervient à travers la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) et le Service des Monuments Historiques. « Nous attendons également avec impatience le résultat des gains de la Loterie du patrimoine, pour laquelle nous avons reçu le soutien de la Fondation du patrimoine en août dernier », appuie Sandra Faure.

En termes de calendrier, la collectivité espère démarrer les travaux en septembre 2023 pour une livraison en 2025. En principe, les travaux devraient être réalisés par phases successives sur 12 à 18 mois, permettant d’organiser des visites de chantier.

Atelier Régis Roudil – architecte mandataire ; Atelier Cord – Architecte du Patrimoine ; Sarah Ten Dam – artiste paysagiste; Structure I2C-Bet ; Adret – Liquides pour paris – HQE ; Eco+Build – Économiste