Alors que les stations de ski françaises sont en période d’ouverture avec le double problème du manque de neige et de l’augmentation des dépenses énergétiques, Heero, une fintech spécialisée dans l’accompagnement au renouvellement énergétique et l’analyse des données du territoire, a étudié la performance énergétique des logements en 70 stations de ski, à la fois dans les Alpes, le Massif Central, les Vosges, le Jura et les Pyrénées (classement complet en annexe).
Le constat est alarmant : alors qu’en France 16,9 % des logements sont considérés comme des filets énergétiques, les stations de ski étudiées comptent en moyenne 50 % de logements avec un diagnostic de performance énergétique F ou G.
Jusqu’à 90 % de logements F ou G dans certaines stations de ski !
Et dans 30 stations sur 70, plus de la moitié des hébergements sont économes en énergie, avec de grandes différences selon les massifs et les saisons : la part des hébergements énergétiques monte à 15 % à Bellefontaine al Jura, la station la moins chère. dans le classement, à 90% des maisons considérées comme passoires énergétiques à Isola 2000, mais dans les Alpes du Sud.
« Les stations de ski les plus consommatrices d’énergie, celles qui comptent plus de la moitié des filtres à énergie au sein de leur parc immobilier, sont majoritairement situées dans les Pyrénées et les Alpes, alors qu’au contraire, celles qui partagent le plus de faible nombre de F ou Les logements G, moins d’un tiers du parc, se trouvent plutôt dans les Vosges, le Jura et le Massif Central.Plusieurs facteurs entrent en jeu : l’altitude, la zone géographique, l’ancienneté de construction des bâtiments, avec une des impacts écologiques et économiques très différents qui sont attendus dans les années à venir selon les saisons et les massifs », analyse Romain Villain, directeur général du héros.
D’importants écarts liés à différents facteurs climatiques, architecturaux…
Les stations de ski françaises, tant dans les Alpes que dans les Pyrénées, ont commencé à émerger dès les années 1920, notamment la station de Megève dans les Alpes ou Barèges et Mongie dans les Pyrénées, puis dans les années 1945.
Courchevel 1850 a été la première station de montagne construite sur un site vierge en 1946. La grande phase de développement des stations de ski a eu lieu dans les années 1960 et 1970 avec le Plan Neige et la construction de stations de plus en plus hautes – comme La Plagne, Les Menuires, Les Arcs – composé majoritairement d’appartements dans des résidences construites rapidement, avant la 1ère réglementation thermique, soumises à des températures plus rudes, avec une isolation parfois insuffisante et des systèmes de chauffage pas toujours performants. Il faudra attendre 1974 pour que la 1ère réglementation thermique fixe l’objectif de réduire de 25% la consommation énergétique des bâtiments neufs en limitant les déperditions de chaleur, avec notamment l’imposition de la pose d’une couche mince d’isolation thermique et l’installation de thermostats de chauffage. . .
« L’histoire des stations de sports d’hiver françaises s’est faite en plusieurs étapes. Nées d’un village existant, les stations de ski se sont progressivement industrialisées pour s’installer dans des lieux vierges à la fois pour se rapprocher du domaine skiable et aussi pour pouvoir construire plus de bâtiments, avec une problématique plus pratique et esthétique qu’énergétique à l’époque. Aujourd’hui, de nombreux complexes touristiques construits dans les années 70 sont donc confrontés à la nécessité d’entretenir, voire de rénover massivement, leur parc immobilier, qui a vieilli, faute de quoi ils ne pourront plus le louer, analyse Romain Villain.
Changement de cap dans les années 80 …
C’est à partir des années 1980 que l’on a commencé à construire des stations basses, mieux intégrées dans le paysage avec des chalets divisés en appartements, souvent de meilleure qualité, et moins économes en énergie que les stations de ski des années 1970.
Mais au-delà des périodes de construction et d’urbanisation des massifs, les différences selon les massifs sont probablement liées aux altitudes. Le Jura, les Vosges et le Massif Central sont généralement moins soumis à des conditions extrêmes, tant au niveau du climat actuellement utilisé dans l’ECD, qu’au moment de la construction, qui est donc plus facile que dans les Hautes Pyrénées par exemple, avec des coûts potentiellement inférieurs et, par conséquent, des constructions ou des matériaux de meilleure qualité. Par conséquent, les conditions de construction et les matériaux ont un fort impact au-delà de l’âge des stations.
Attention : le mode de calcul du DPE peut également avoir un impact significatif sur la basse performance énergétique des stations de ski. En effet, le DPE mesure la consommation d’énergie au m2. Les studios et petits appartements, très répandus en montagne, sont donc plus pénalisés que les grands appartements, car ils consomment proportionnellement plus d’énergie par rapport à leur surface, avec le même équipement de chauffage par exemple.
Bientôt moins de biens à louer dans les stations de sports d’hiver : une autre difficulté économique à laquelle elles vont devoir faire face
Dès cette saison, certaines stations de ski pourraient être concernées par la loi climat compte tenu de l’état de leur parc immobilier. En effet, à partir du 1er janvier 2023, il sera interdit de louer des logements G avec un ECD indiquant une consommation supérieure à 450 kWh par m2. A partir du 1er janvier 2025 tous les logements classés G seront concernés, puis à partir du 1er janvier 2028 les logements classés F seront retirés du parc locatif, puis les logements classés E à partir du 1er janvier 2034.
« A la base, la loi climat ne concernait que les locations de longue durée, mais récemment le ministre du Logement, Olivier Klein, a indiqué que les locations de vacances et les meublés de tourisme seront également concernés, ce qui aura un impact négatif énorme pour les stations de ski qui risquent de voir Le parc locatif est divisé par deux en moyenne à partir de 2028, en seulement 5 ans ! Car pour certains d’entre eux, il sera matériellement impossible de rénover tous les logements en question d’ici là… », déplore Romain Villain.
Heureusement, certaines régions lancent déjà des initiatives et des subventions pour améliorer les performances des stations. En Auvergne Rhône Alpes, par exemple, Laurent Wauquiez, président de la Région, a lancé un nouveau plan montagne de 100 millions d’euros, dont 10 millions d’euros pour la rénovation des bâtiments de loisirs et des centres de santé.
Rénover son bien, un coût pour les propriétaires de résidences secondaires ou bailleurs, mais la possibilité d’obtenir des aides !
Contrairement aux idées reçues selon lesquelles les aides sont souvent réservées aux acquéreurs de la résidence principale, il existe des mécanismes pour les résidences secondaires ou les investissements, mais ils sont bien sûr insuffisants, bien que ce soient les plus contraints par la Loi Climat et qu’ils soient en première ligne pour rénover des propriétés dans les années à venir.
Chez Heero, sur la base de la connaissance de plus de 150 000 rénovations énergétiques, le budget moyen d’une adaptation énergétique pour obtenir une ou deux classes DPE est estimé à 450 € par m2.
Quelques exemples de devis :
« Il est certain que faire des travaux de rénovation a un coût, et que dans les stations de ski certains travaux peuvent être compliqués par l’altitude, par l’architecture existante ou par la taille des appartements, qui sont souvent déjà exigus, ne permettent pas forcément l’aménagement intérieur. isolation. . Certains travaux devront également être réalisés au niveau de la copropriété, notamment en ce qui concerne le système de chauffage, et pour cette raison, un audit énergétique des bâtiments est une exigence essentielle », conclut Romain Villain.