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Rencontre avec le journaliste et auteur Erwan L’Éléouet le vendredi 9 Décembre à 19h à la librairie Martin-Delbert à Agen autour de son dernier livre « Madame Claude, le parfum du secret ». Une contre-enquête passionnante sur cette femme sulfureuse, proxénète de luxe et entremetteuse de renom, qui a fait trembler les grands de ce monde.

Erwan L’Éléouet est journaliste, réalisateur, rédacteur en chef des collections documentaires « Un jour / un destin » et « Archives secrètes », présentées par Laurent Delahousse sur France 3.

Comment vous est venue l’idée d’un livre sur Madame Claude ?

« On avait déjà traité le sujet en 2011 pour « Un jour/un destin », le réalisateur avait enquêté 6 à 8 mois, mais j’avais l’intuition qu’on n’était pas allé au bout de l’histoire de cette femme. Alors j’ai a repris l’enquête, et a mené une contre-enquête pour mieux comprendre comment Madame Claude avait réinventé sa vie et fantasmé son histoire. Comment cette femme bénéficiait d’une protection policière. Elle était ce qu’on appelait à l’époque, une petite branche de la société. retour pour avoir échangé des informations sur ses clients et leurs pratiques sexuelles, il s’est vu proposer une protection, « une assurance-vie » en quelque sorte (NDLR et le vice-groupe couvrait ses activités illégales) des personnalités politiques et artistiques, ainsi que des hauts dignitaires.

Je voulais aussi connaître le contenu de la relation avec sa fille unique née en 42 au Pays basque sous la France occupée et confiée à une grand-mère, comme si elle niait son existence. J’ai pu contacter sa fille par téléphone après des mois d’essais téléphoniques deux semaines avant de rendre mon manuscrit. Au début elle était réticente, le sujet ne l’intéressait pas, puis elle a fini par accepter et me dire des choses fortes sur le fait d’être rejetée par sa mère qui était plus proche des « filles » de son réseau, que d’elle. Recueillir son témoignage de fille de proxénète m’a semblé enrichissant. »

Avez-vous pu rencontrer les « filles » de Madame Claude ?

« Précisément trois d’entre elles sur les 500 qui faisaient partie du réseau : Maïté, Dominique et Hélène qui sont devenues des grand-mères ordonnées et avec qui j’ai établi une relation de confiance. Elles m’ont raconté leurs années de prostitution de luxe à côtoyer le Shah. d’Iran, Gianni Agnelli, membres de la royauté… Ils m’ont livré des vies incroyables avec une nostalgie palpable de ces années de splendeur entre avions, yachts, croisières en Italie, kilos de caviar et tapis iraniens offerts par le Shah. proche de Madame Claude jusqu’à la fin de sa vie.Et ils la retrouvèrent tomber après son exil en 1977 aux Etats-Unis pour échapper à des problèmes fiscaux, avant de plonger à nouveau en 1992 et de tracer un petit réseau, mais la police, dont les dirigeants avaient changé en Pendant ce temps, elle a été informée qu’elle retournait dans l’entreprise et elle est tombée pour un proxénétisme grossier.

Est-elle la seule femme qui ait réellement marqué l’histoire de la prostitution de luxe sous la Ve République, avec un tel parfum de pouvoir, d’argent et de pouvoir ?

« Oui, une impératrice et une femme d’affaires qui a entretenu un réseau puissant avec une clientèle classe et très influente. Son règne a duré une petite vingtaine d’années. »

Comment Fernande Grudet en arrive-t-elle à Madame Claude, une revanche sur la vie selon vous ?

« Pour moi, elle voulait gommer ce prénom et ce nom, lui redonner une haute estime d’elle-même et sortir de son milieu populaire à Angers avec des parents de bistrot. Elle a connu le trottoir, c’est une revanche sur son milieu social, mais aussi sur hommes et le statut des prostituées de rue : les vicieuses, les affriolantes, les promeneuses qu’on méprisait. Une façon de rendre la prostitution attractive et sa lettre de noblesse. De plus, elle a progressivement gommé toutes les mauvaises qualités telles que les « passes » qui devenaient « rencontres » dans sa bouche, les « amis » des clients et prostitués aux « jeunes filles », telle la directrice d’un internat qui sélectionnait des jeunes filles. Voyant le potentiel, elle leur payait la chirurgie plastique, engageait des couturiers, leur apprenait l’attitude, élégance et savoir-vivre Les filles ont passé des tests de culture générale Une soif de vengeance et un gain d’appâts Elle a ensuite dirigé un commerce à la baguette. »

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Quelle était votre méthodologie ?

« Un vrai travail de détective, j’ai compris assez vite que la préfecture de police de Paris ne m’aiderait pas. Le sujet reste tabou. Par des moyens astucieux j’ai eu accès aux archives fiscales et personnelles. par lui, des casiers judiciaires de retraités qui avaient retrouvé leur dossier à leur départ. J’ai pu me rapprocher des nouveaux témoins qui avaient côtoyé et qualifié ce personnage de sulfureux. Quel scandale.

« Oui, je la mentionne dans mon livre sur Yul Brynner, Eddie Barclay, Adnan Khashoggi… Elle était aussi une espionne pour les renseignements généraux et aussi Sdece qui était autrefois du contre-espionnage. »

La clientèle ne soupçonnait-elle pas son rôle d’informatrice ?

Percer le mystère de Fernande Grudet

« Non, car les clients coopéraient entre eux dans un cercle autorisé où il fallait montrer sa patte blanche avec des échanges tranquilles et une fierté d’en faire partie, et puis elle-même a entretenu son propre mystère avec une extrême discrétion. Son visage , d’ailleurs, a , il n’a été révélé que tardivement, alors même qu’il est apparu dans l’ombre chinoise. Cour d’appel de Madame Claude qui avait été incarcérée pendant quatre mois à Cahors pour escroquerie au casier, car elle possédait une maison à Cajarc. comme éléments d’une agence de voyage qui s’occupait des billets d’avion des filles Un document légal que je n’avais pas pu obtenir à Paris et qui était passé par le tribunal d’appel d’Agen via un for demande de libération de Madame Claude ».

Une rencontre exceptionnelle, suivie d’une dédicace à Madame Claude, la plus célèbre et mystérieuse femme à la tête d’un réseau français de prostitution de luxe décédée en 2015 sans avoir livré tous ses secrets. Qui était la vraie Fernande Grudet élevée dans la légende ? Pour résoudre ce mystère, Erwan L’Éléouet a travaillé pendant deux ans pour recouper toutes les traces et éléments et retrouver des proches et des témoins qui n’avaient pas parlé, ainsi que des documents inédits. Un ouvrage de grande envergure pour nous raconter Madame Claude sous un nouveau jour.

Erwan L’Éléouet a débuté sa carrière au Télégramme de Brest (Lannion, la ville de son enfance), et après des études d’information communication et communication politique et la carrière de journaliste dans le secteur audiovisuel, il reste viscéralement lié à la presse locale et de proximité :  » J’y ai appris mes matières et j’aime raconter des histoires » ; Il a déjà publié, aux éditions Fayard, « Renaud, paradis perdu » (2015) et « Bernadette Chirac, secrets de conquête » (2019), deux biographies remarquables qui ont été des succès de librairie. Son dernier livre « Madame Claude, le parfum secret » est paru le 2 novembre aux éditions Fayard et est présenté par l’auteur à Agen. 288 pages. Tarif public : 20 euros.