Chronique de la mort annoncée, le chauffeur n’a pas tenu compte des avertissements, le 27 octobre 2022, le tribunal correctionnel de Cahors a attrapé !

Après un repas arrosé, suivi d’une visite dans un bar, un jeune homme reprend le volant avec un ami sur le siège passager alors qu’il n’a plus de permis et a fumé une boisson au cannabis… La mort d’une chronique annoncée à Saint-Michel-Loubéjou, au nord du Lot !

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Le jeudi 27 octobre 2022, Denis (prénom changé) âgé de 26 ans a comparu devant le tribunal correctionnel de Cahors pour homicide volontaire. Il est accusé d’avoir causé la mort de Lucas Wieder, 32 ans, alors qu’il conduisait son véhicule. Les faits se sont déroulés le 24 juillet 2021 sur la RD 19 à Saint-Michel-Loubéjous au lieu dit La Rouquette. Dans le contexte de l’accident, le président Philippe Clarissou a énuméré les circonstances aggravantes :

– conduire malgré le retrait du permis de conduire,

– conduite en état d’ébriété (1,97 g),

– conduite d’un véhicule sous l’emprise de stupéfiants,

– plaque d’immatriculation modifiée avec de la colle.

En voyant un Denis discret et vaincu comparaître devant la barre, on est surpris d’entendre tout ce dont on l’accuse.

À l’issue d’une soirée bien arrosée

En ce samedi après-midi 24 juillet 2021, Denis fume un joint, comme il le fait habituellement de temps en temps. Et le soir, il dîne avec des amis dans un restaurant, puis va dans un bar. Et comme si de rien n’était, il reprend le volant, car la question est de savoir s’il faut finir la soirée avec son cousin. Lucas Wieder sera à ses côtés. Quelques minutes avant le drame, Denis a été aperçu par un pompier volontaire au volant de sa BMW, « crissement de pneus » alors qu’il roulait à grande vitesse. Mais peu de temps après, il perd le contrôle de la voiture, mord l’épaule cassée à droite, quitte la route à gauche, arrache la clôture du champ, déracine un arbre laissé sur la route, se renverse plusieurs fois… Les impacts ont été subis au passage du véhicule, dont les traces de freinage indiquent une circulation rapide. La BMW a été retrouvée en poudre, le train avant a été arraché. Denis est expulsé de la BMW. Quant à Lucas Wieder, il meurt sur le coup !

Alors qu’il n’avait pas le droit de conduire…

Alors que son permis de conduire était suspendu, Denis a acheté une BMW cinq jours avant le drame. Le véhicule n’était plus assuré à partir du moment où le vendeur l’a livré à son domicile. De plus, il était toujours en attente de contrôle technique. Mais cela n’a pas arrêté Denis. Il enchaîne en changeant la plaque d’immatriculation avec du ruban adhésif, R en B et 9 en 8 pour parer les flashs des radars automatiques.

Invité à expliquer les circonstances de l’accident, Denis a déclaré :

« Je ne me souviens pas de grand-chose, je me suis réveillé moi-même à l’hôpital ! » Son état médical nécessite une hospitalisation de plusieurs mois et ne semble pas s’améliorer. Denis se considère comme un « carré incomplet ». Il souffre de tremblements et de courbatures, tout le côté gauche ne réagit pas normalement. Il doit assister à des séances de physiothérapie plusieurs fois par semaine. Le président Clarissou entreprend de lui rafraîchir la mémoire. Il rappelle à Denis que son permis de conduire a été suspendu le 13 décembre 2019, après avoir conduit sous l’influence. Le prévenu reconnaît qu’il lui est arrivé de conduire sans permis de conduire ni assurance, principalement pour se rendre chez des clients dans le cadre de son travail, « mais pas systématiquement », précise-t-il.

« Le jour de l’accident, tu conduisais, ce n’était pas pour le travail de toute façon ! » attentivement, Monsieur le Président.

« Je n’ai pas compris la situation, raconte Denis. Le président enfonce le clou. Il crie :

– « Mais tout cela était prévu par la chronique d’un drame ; il était écrit que ça finirait comme ça ! Le Président énumère neuf mentions au casier judiciaire de Denis, dont plusieurs infractions au code de la route, conduite sous l’emprise de stupéfiants… Le Président hausse le ton :

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« À quoi ont servi tous ces avertissements de justice ? On aurait dû te mettre en prison plus tôt, c’est presque notre faute après tout ? Denis ose à peine répondre et au bord des larmes il ajoute :

– « J’ai bêtement continué à fumer et à rouler, c’est vrai. Maintenant je suis au courant de tout ça, j’y pense tous les jours. »

« Alors quelqu’un devait être mort pour que tu comprennes les choses ! » » conclut Philippe Clarissou.

À ce jour, Denis n’a pas pu retourner au travail. Il n’est pas adapté aux travaux d’entretien des parcs et jardins. Il reçoit l’accompagnement d’un adulte handicapé et tente de se réorienter professionnellement.

Le Parquet demande une incarcération immédiate

De son côté, le procureur de district adjoint Patrick Serra examine les accusations criminelles contre Denise. Il est offensé par le dessin de la plaque d’immatriculation ; « pour éviter les radars ». Il désapprouve la consommation de drogue et d’alcool et s’étonne que les condamnations antérieures n’aient pas eu un plus grand impact sur le comportement de Denise. Il répète à plusieurs reprises que le législateur a prévu une peine maximale de 10 ans de prison dans une telle situation. « Parce que ce que tu as fait est inacceptable ! il dit. Il ajoute : « Le coût de cet accident est pour la famille et les proches du défunt à vie ! « Vu le casier judiciaire de Denise, les circonstances, il demande une peine de 5 ans de prison, dont 2 ans de mise à l’épreuve avec sursis, plus probation, travail, suspension du permis de conduire pendant 3 ans, 100 € pour défaut d’assurance et une ordonnance d’éloignement ( emprisonnement immédiat).

« Il devra vivre avec cette mort sur sa conscience pour le reste de sa vie… »

« Elle devra vivre avec ça toute sa vie… » déclare l’avocate de Denise, Me Aurélie Broussaud. Il met l’accent sur la souffrance physique et morale de son client, qui porte ce décès sur sa conscience. Il note que Denis fait l’objet d’un suivi psychologique. « Chaque geste lui rappelle qu’il n’aurait jamais dû conduire, chasser ses addictions… », insiste-t-elle, estimant que si vous êtes responsable de la mort de quelqu’un, « vous n’êtes plus jamais le même ». « Ce n’est plus la personne qui conduisait avant l’accident, il se dit invalide à vie. » Il se souvient que Denis a dû se faire aider pendant plusieurs mois pour manger et vaquer à ses occupations quotidiennes. Selon la femme, la vie l’a punie avant même le verdict. Il demande une peine adaptée à cette maturité acquise, car il affirme : « La peine la plus forte est de tuer un homme »…

Après audience, le tribunal a condamné Denis à 5 ans de prison, dont 2 ans avec sursis pendant 3 ans. La sanction s’accompagne d’une obligation de soigner, de travailler et de suivre un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Le défendeur dispose de 10 jours pour faire appel.

Cris, pleurs, incompréhension

Au nom des Partis Civiques (famille de Lucas Wieder), Me Alexandre Benazdia de Vichy Bar (la ville où Lucas Wieder a été enterré) rappelle la mémoire du défunt, sa famille et ses projets. Lucas Wieder a suivi une formation de pâtissier. C’était un homme volontaire, travailleur, plein de vie… qui a rencontré « l’ange de la mort », raconte l’avocat. Cependant, il n’essaie pas de pousser l’accusé. Il dit : « Il a l’air bien, il avait tout ; mais très tôt il a fait les mauvais choix et ignoré les avertissements. » Il dénonce l’éventail d’incivilités dont Denis est coupable. Il s’indigne du comportement de Denis avant l’accident : « Quand il a mis Lucas dans la voiture, il va tuer lui… Il roule comme un diable. Comment pouvez-vous agir ainsi! Me Benazdia constate que Denis est blessé dans la chair, mais il demande au tribunal de prendre en compte les agissements du prévenu au moment de la survenance des circonstances , pas jusqu’à présent. Il souligne que la famille du défunt ne crie pas vengeance, mais qu’elle souhaite que l’accusé garde l’image de Lucas à l’esprit et ne causerait pas un autre décès.

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