Quand Claire Dierckx descend dans la rue avec son message, Bruxelles s’illumine de sa joie. La jeune femme de 29 ans partage son quotidien avec les gens qui vivent dans sa communauté, et avec une maladie qui lui fait graduellement perdre l’équilibre, la parole et la vision. Cela ne l’empêche pas d’être avocat pour une agence immobilière, ou de participer à la réinsertion de personnes sans abri.

Un désir effréné, construit dans l’acier de la destruction. Il n’avait que 10 ans lorsque son père sentit que ses muscles l’avaient trahi. C’est contagieux, il n’y a aucun espoir de guérison. Le quotidien de cette famille catholique de cinq enfants est très stressant.

« C’était très lourd pour la mère, et pour nous tous. Le plus dur n’était pas la maladie de papa, mais sa dépression. À l’âge de 17 ans, Claire et sa sœur jumelle ont ressenti les premiers symptômes sur leur corps. « J’ai été dans le déni pendant quelques années. Je me suis dit : « Tout peut disparaître : mon père, ma santé, ma relation, mes amis… » Non quelque chose qui semblait solide. »

« Il avait besoin d’être accompagné »

Après ses recherches, Claire sort transformée d’une retraite spirituelle. « Un prêtre m’a dit : ‘Il n’y a pas de réponse à la souffrance, mais il peut y avoir beaucoup d’amour.’ Depuis, j’en suis venu à croire que le secret de la vie est de se donner aux autres. Cette force l’a conduit à une mission humanitaire pendant deux ans à Cuba, auprès des handicapés et des enfants des bidonvilles, puis à Bruxelles, auprès des personnes de la rue.

A l’automne 2020, son père, en fauteuil roulant, annonce à ses enfants réunis dans le salon de la famille qu’il demande l’euthanasie. Ce mot, qui, pour Claire, provoquait la confusion dans ses affaires juridiques, lui fit mal à la tête. « Papa avait besoin d’aller l’écouter », a-t-il dit. Un psychiatre a eu deux ou trois « vues » avec lui avant de le « poignarder ». Parlons-nous de la vie d’une personne ou d’un animal ? Que vous soyez chrétien ou non, c’est le respect de quelqu’un ! L’argument principal est que la souffrance doit être raccourcie. Mais il était poussé par le désespoir. Il essaie de la convaincre de rejoindre une organisation spéciale, en vain. D’autres enfants ont accepté la décision des parents.

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« J’ai pensé : “Seigneur, pardonne-leur…” »

Un mois plus tard, Claire voit arriver Corinne Van Oost, venue aider le médecin pour l’opération. « Il s’est comparé à Marie sous la Croix, et a justifié l’euthanasie dans la Bible. J’ai pensé: « Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » »

Le jour venu, la fille serra une dernière fois son père dans ses bras, avant de le laisser dans sa chambre avec deux médecins, un psychiatre et un prêtre. Corinne Van Oost injecte le produit brut. « Je me suis dit : tout le monde est aveugle, moi aussi. C’était large. »

Un terrible signal de renoncement

Deux ans plus tard, Claire se débat contre le terrible signe d’abandon qui lui a été envoyé. « Il y a une partie de moi qui comprend que j’ai jeté l’éponge », a-t-il déclaré. Je vois que ça va empirer. Je me demande souvent : « Pourquoi continuer ? » Alors je me souviens du courage d’espérer ! Ce n’est pas à cause de la perte de mes compétences que je n’ai pas vécu, donné et reçu. La maladie m’a fait compter davantage sur les autres, mais Jésus a dit qu’il est difficile pour les riches d’entrer dans le Royaume des Cieux… »

Il lutte également contre la tentation de la colère. « L’euthanasie de papa a éveillé en moi une grande colère. Elle est moins destructrice aujourd’hui, et plus fructueuse. D’un air malicieux, Claire a annoncé qu’elle avait donné un nom à son message : « Victor, pour Victoire ! » »