Depuis le début de la saison, c’est la panique un peu partout dans les stations de ski françaises, où la neige est devenue une denrée rare. À l’ère du changement climatique, s’attend-on vraiment à ce que la neige revienne ou les sports d’hiver sont-ils condamnés ?

En février dernier, la planète entière a été agacée par les pistes de ski artificielles qui ont été installées à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver qui se tenaient en Chine, dans une région où la neige n’était pas tombée en abondance. Depuis, des disciplines comme le ski alpin n’ont eu d’autre choix que d’annuler de nombreuses épreuves en raison du manque de neige. Tous les sports d’hiver se rendent compte qu’ils ne dureront peut-être pas éternellement, et c’est un domaine important de l’activité touristique et sportive qui risque bientôt de s’effondrer si rien ne change.

« Juste » une mauvaise année ?

La saison 2022-23 est-elle particulièrement mauvaise pour les sports d’hiver ou faut-il s’attendre à ce que ce type de scénarios se répète année après année ? Selon Marie Cavitte, glaciologue à l’UCLouvain, il va falloir s’habituer à tout cela, comme elle l’explique à nos confrères de la RTBF : « Malheureusement, le dernier rapport du GIEC a clairement montré qu’il ne fallait pas s’attendre à une amélioration. Une augmentation des températures futures et une augmentation des précipitations sont prévues. Comme la température augmente aussi, on s’attend surtout à plus de pluie. Il n’y aura pas de retour en arrière. »

S’il faut donc s’habituer au fait que les montagnes des Alpes ou des Pyrénées soient brunes et non blanches, les passionnés de ski espèrent toujours pouvoir compter sur des canons à neige pour continuer à exercer leur sport favori. Mais là encore, le bât blesse. Car cette solution, dont on sait qu’elle est très polluante, ne fait que retarder le problème. De plus, ces machines ne fonctionnent que lorsque la température de l’air ne dépasse pas -2ºC, sinon elles ne peuvent pas compenser le manque de neige naturelle. Les experts sont très clairs : le ski est voué à disparaître et il va donc falloir trouver d’autres solutions pour continuer à profiter de la glisse.

Comment sauver ce secteur ?

Après avoir fait ce constat, il semble évident que le secteur des sports d’hiver doit être totalement renouvelé s’il veut continuer à exister. Les stations l’ont bien compris et proposent désormais de nombreuses activités en plus du ski, pour que les touristes puissent profiter de leur expérience à la montagne, même lorsqu’il n’y a pas de neige. Sans trier, vous pourrez pratiquer la marche nordique, pour découvrir la montagne autrement, faire de la luge sur des pistes artificielles, vous initier à l’alpinisme ou conduire un attelage de chiens de traîneau. Neige ou pas, vous pourrez toujours profiter des charmes des villages d’altitude et, bien sûr, d’une bonne raclette.

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Marie Cavitte rappelle que cet écosystème est et sera toujours le tourisme de masse qui, comme partout dans le monde, a un impact sur le réchauffement climatique. L’évolution de ce secteur passe donc certainement par une évolution de son mode de fonctionnement. Car en plus des canons à neige, il est important de rappeler que les dameuses représentent 60% des émissions de carbone d’un territoire, pour n’en citer que quelques-uns.

Bye bye le ski ?

Il est difficile, à l’heure actuelle, d’imaginer que l’on puisse parler à la future génération des vacances au ski comme d’un lointain souvenir. Cependant, cela semble presque inévitable. La transition a peut-être déjà commencé dans nos stations, mais leur offre actuelle est encore trop timide pour continuer à attirer les touristes même lorsqu’on ne peut pas skier. Et si les disciplines sportives resteront dans certains pays où la neige est encore, pour l’instant, présente en abondance, il faut accepter le fait que le ski n’existera plus en France dans 10 à 20 ans. Reste à savoir si tout un secteur socio-économique s’effondrera ou si les stations parviendront à faire leur transition pour continuer à être une destination attractive pour les touristes belges et étrangers.

De meilleures prévisions en 2023 ?

À l’échelle planétaire, selon l’Organisation météorologique mondiale, 2022 sera la cinquième ou sixième année la plus chaude à l’échelle planétaire, sur la base d’observations faites depuis les années 1860. Les prévisions ne s’annoncent pas meilleures en 2023, car la planète dépendra sur le courant chaud « El Nino », alors que l’année dernière il s’est refroidi en un phénomène climatique appelé « La Niña ». Bien sûr, il est encore trop tôt pour savoir s’il y aura de la neige sur les collines en fin d’année prochaine, mais 2023 pourrait, une fois de plus, battre tous les records.

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