Jeune moine zen ordonné au Japon sous le nom de Tozan, Clément Sans nous raconte chaque mois son quotidien. Aujourd’hui, il évoque son bref retour en France et les difficultés à discuter zen avec des proches qu’il n’a pas vus depuis près de quatre ans.
Publié le 21 août 2022 à 05:45 Mis à jour le 21 août 2022 à 15:07 Temps de lecture 3 min.
Le 15 septembre 2021, Clément Sans est devenu moine zen, ordonné sous le nom de Tozan (« montagne de pêches »). Chaque mois, il nous envoie une lettre dans laquelle il nous fait part de ses réflexions et de son quotidien unique et presque intemporel. Après avoir passé deux ans au temple Antai-ji dans les montagnes de l’île septentrionale de Honshu, il a rejoint cet été le nouveau temple de Kyoto.
Lettre d’août. Les vignes s’étirent dans cette vallée tourangelle laquée d’une douce lumière, où le travertin épouse délicatement les spasmes de la Loire. En journée, la chaleur règne, les terrasses des bars et cafés sont pleines, et l’odeur des sardines grillées se fait sentir. Il semble que l’esprit léger des vacances d’été ait envahi la France.
Cela fait presque quatre ans et demi que je n’ai pas vu ma famille. Quand j’ai pris l’avion pour le Japon, je ne connaissais que beaucoup de clichés sur le bouddhisme. Je ne parlais pas un mot de japonais, je n’avais pas de travail, pas d’argent, pas de projet bien défini. Je voulais avant tout partir, voir ailleurs et essayer la vocation intérieure qui m’habitait depuis l’adolescence.
Suspicion, idéologie, perte de temps
Et maintenant, en tant que moine zen, je retourne dans mon pays, vivant maintenant sur les pentes des montagnes qui entourent Kyoto, nouvellement marié, intégré dans une communauté de dévots qui m’aident chaque jour dans ma pratique spirituelle.
Lors de courtes vacances partagées entre Paris et les pays de la Loire de mon enfance, j’ai eu le plaisir de revoir tous ceux que j’ai laissé derrière moi, ainsi que l’honneur de rencontrer les moines qui se sont investis dans la pratique et le développement du Zen en France.
Mais que dire à cette famille et à ces quelques amis qui n’ont vécu mon cheminement spirituel que par petits coups de loin et surtout en imagination ? Comment répondre à toutes les questions d’un entourage pour qui le fait religieux provoque, d’abord, le doute, l’idéologie, la perte de temps ?
« Le zen, de toute façon, c’est plus une philosophie de vie qu’une religion, n’est-ce pas ? – Pouvez-vous manger de la viande? « Tu es sûr que ce n’est pas une secte ? », « Les moines zen cotisent-ils à la retraite ? « . Comment parler de ce monde du bouddhisme japonais, à la fois si proche de nous par ses enseignements, si universel et quotidien, et si éloigné culturellement ? Est-il même possible de parler du Zen sans en trahir l’esprit ? ?
Le zen, brut et délicat à la fois
Lorsqu’il est prononcé dans un contexte séculier, le mot « zen » est associé à l’austérité, à la discipline, à l’austérité (kibishisa) pour la plupart des Japonais. Plus que toute autre école du bouddhisme, l’apparente simplicité du zen renvoie avant tout à la rigueur de l’ascèse, qui demande un dévouement total du corps et de l’esprit.
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