Dans l’enquête Ifop, des femmes et des hommes ont été interrogés sur leur capacité à sortir du schéma de la domination masculine en se « déconstruisant », et le résultat n’est pas terrible.
« Êtes-vous un humain déconstruit ? » Une récente enquête menée par l’Ifop pour l’Observatoire de la déconstruction Wyylde s’est penchée sur la perception de chacun de s’affranchir des clichés patriarcaux, dans son quotidien et dans son couple. Les résultats? Si le terme « déconstruit » s’insinue dans chaque phrase, nous sommes loin d’être assez déconstruits en France. Explications.
L’idée de cette déconstruction est de casser les rôles assignés aux sexes, dans la vie mais aussi au lit. 70% des femmes françaises veulent être avec un homme capable de défier la domination masculine. Qui accepte de faire plus de ménage que son conjoint, qui vit avec une femme qui a plus de possibilités financières, qui est plus grande, qui est plus âgée, qui a des poils sous les aisselles, les jambes, le pubis, qui fait de l’embonpoint, qui sort sans s’habiller en décolleté plongeant, bronzer sur la plage topless,…
Face à cette liste de critères, qui s’étend aussi à la vie sexuelle, on pourrait dire que la « jeune » génération est dans une bonne dynamique. Mais pas tellement. Entre les jeunes qui se pensent déconstruits et ceux qui le sont vraiment, le score chute de 12 points, passant de 56% à 44% dans le panel de 2 003 répondants.
De la théorie à la pratique…
Parmi les hommes interrogés, 54% se considèrent modernes (pour ne pas dire déconstruits), parmi les moins de 25 ans, 78%. Pourtant, la « déconstruction » a de nombreuses limites pour ces mêmes personnes : être avec une femme qui ne s’épile pas, qui a un poids en dehors de ses idéaux ? 51% des jeunes hommes répondent « non » à l’idée d’être en couple avec une femme qui ne rentre pas dans la norme. Autrement dit, accepter de critiquer les diktats de la société en matière de beauté féminine, mais un peu moins en privé.
Sexuellement, il n’y a pas non plus de déconstruction possible : « le recours à des pratiques qui modifient les rôles sexués de pénétration/pénétration. En effet, plus des trois quarts des hommes (76%) refusent d’éprouver du plaisir prostatique avec leur partenaire », selon le rapport. États.
Sans surprise, en matière de contraception, la domination masculine a encore de beaux jours devant elle : 32% des hommes refusent d’envisager une contraception à leur place (pilule ou culotte). Avec un partenaire qui n’a pas d’autre contraception, 29% refuseraient directement d’éviter un rapport sexuel sans préservatif. Au total, 40% des hommes refusent de remettre en cause au moins une forme de fardeau contraceptif pour les femmes. Du côté du jeune homme ? Le résultat est de 38 %. La déconstruction a encore un long chemin à parcourir.
Source : Ifop pour Wyylde, mars 2022.
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