Publié le 6 octobre 2022 à 17 h 00 Mis à jour le 6 octobre 2022 à 18 h 00

L’activité ralentit, le marché du travail aussi. Les créations d’emplois reculeront fortement au second semestre après un premier semestre fulgurant, prévoit l’Insee dans son dernier rapport de conjoncture jeudi. Pourtant, selon l’institut des statistiques, l’année 2022 s’annonce très dynamique – il y aura 305 000 personnes au travail, rémunérées ou non, à la fin de l’année.

C’est nettement moins que l’évolution constatée fin 2021 (+971 000), après une année record de croissance post-Covid, c’est vrai. L’effet de la prime à l’embauche oblige, la rotation – contrats d’apprentissage ou de professionnalisation – contribue encore « au moins pour un tiers à la croissance de l’emploi salarié », estime Julien Pouget, chef du département conjoncture de l’Insee. Au total, cela signifie toujours 1 million de personnes au travail en plus par rapport à fin 2019, malgré la crise du Covid.

Taux de chômage stable

Concrètement, l’Insee table sur 59 000 et 29 000 emplois supplémentaires aux troisième et quatrième trimestres, respectivement, contre près de 220 000 au premier semestre. L’essentiel de cette augmentation proviendrait du secteur tertiaire marchand, qui regroupe l’ensemble des intérimaires. En revanche, le nombre de salariés « resterait quasiment stable dans l’industrie, la construction et le tertiaire non marchand », précise l’Insee.

Conséquence de cet emploi et de la baisse parallèle de la population active, le taux de chômage devrait s’établir à 7,4 % fin décembre. C’est son niveau actuel, quand l’Insee prévoyait une légère baisse fin juin, a rappelé Olivier Simon, chef de la division Synthèse économique (de 0,3 point à 7%).

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Coup d’arrêt

Ces projections marquent un coup d’arrêt à l’amélioration spectaculaire du marché du travail sans devenir catastrophique. C’est dans ce contexte que la majorité est favorable à une nouvelle réforme de l’assurance-chômage, dont l’objectif est de faire évoluer les règles de l’indemnisation en fonction de la conjoncture : plus protectrice en période de vaches maigres, au contraire, plus incitative.

Après un passage sans heurts à l’Assemblée, un projet de loi ouvrant la voie à ce changement, condamné par les syndicats et la gauche, sera examiné au Sénat à la mi-octobre. Pour la majorité présidentielle, cette « contre-cyclicité » est une solution pour endiguer les ennuis de recrutement. En juillet, ils étaient les plus élevés dans l’industrie de la construction, où 82 % des entreprises ont porté plainte, avec des niveaux sans précédent dans l’industrie (67 %) ou les services (60 %).

Tensions de recrutement

« Ces difficultés surviennent dans le contexte d’un salariat dynamique, qui se reflète aussi dans l’opinion des chefs d’entreprise sur l’évolution de leurs effectifs », analyse l’Insee. A l’évidence, la hausse des recrutements alimente mécaniquement les tensions, même si des raisons structurelles liées, par exemple, aux conditions de travail proposées, sont également à prendre en compte.

Pour illustrer cela, l’Institut de la statistique a identifié le pourcentage d’employés qui ont élargi (ou élargissent) leur effectif parmi les entreprises qui ont des difficultés à trouver des candidats. Il en résulte une forte progression de l’industrie manufacturière et des services en un an et demi, qui atteint quatre entreprises sur dix, tandis que dans le BTP, elle atteint une entreprise sur trois.