Quelque 183 millions d’euros pour Alan, 107 millions pour Descartes Underwriting, 98 millions pour Leocare… Malgré le ralentissement de la tech, les insurtechs ont trusté le top des levées de fonds auprès des jeunes pousses de la finance. Cette manne a été largement mobilisée pour accélérer la politique de recrutement. « C’est simple, depuis la série A de 15 millions d’euros en février 2021, nous avons doublé nos effectifs presque chaque année, souligne Sabrina Quéré, directrice du recrutement et de la culture de Leocare, le nouvel assureur multiservices. Nous sommes en passe de 35 à 130 personnes en moins de deux ans. Et nous devrions maintenir le rythme l’année prochaine en étant 200 fin 2023. 120 personnes d’ici la fin de l’année. » Cette levée de fonds nous a aussi permis d’ouvrir trois nouveaux bureaux à Madrid, Francfort et Ouvrir Hong Kong et déplacer la main-d’œuvre dans les hubs existants, notamment à Singapour, Sydney, New York et Londres », explique Sana Nabli, responsable du recrutement.

La majorité des employés se concentrent sur les équipes de produits : R&D, souscription et technologie. Chez Descartes Underwriting, ils représentent la moitié des effectifs. L’autre gros point concerne le métier de l’assurance. Chez Leocare, « on embauche des chargés de clientèle avec un BTS ou une licence d’assurance, avec une ou deux années d’expérience dans une compagnie d’assurance, une société de courtage ou une agence, et des négociants en sinistres avec le même profil, mais un peu plus expérimentés, précise Sabrina Quéré. De son côté, Acheel, qui a vu son équipe passer de sept à une soixantaine de salariés depuis la levée de fonds de 29 millions réalisée en mai 2021, a vu grandir vers la jeunesse, les juniors représentant les deux tiers des salariés. le Principe, qu’on ne peut pas faire les jeunes avec les vieux, on privilégie les candidats qui viennent de quitter l’école, sont en reconversion ou ont au maximum trois ou quatre ans d’expérience, pour qu’ils ne soient pas encore formatés et aient envie de travailler différemment. » , explique Ralph Ruimy, co-fondateur de cette insurtech, qui a dépassé la barre des 100 000 contrats en moins d’un an.

Pour attirer des candidats sur un marché du travail toujours plus concurrentiel, ces fintechs doivent tout mettre en œuvre et s’aligner sur les tarifs du marché. « Depuis deux ans, le rapport de force est très nettement en faveur des candidats, notamment dans la tech, reconnaît Sabrina Quéré. Et puisque des entreprises parisiennes viennent désormais dans notre pays à Rennes en proposant des salaires parisiens, cet écart de 30 %, qui nous observions entre Paris et la province, c’est désormais révolu. Nous nous efforçons donc d’être attractifs. Nous avons donc ouvert nos propres écoles de formation en assurance et tech pour former des profils qui ne viennent pas du monde de l’assurance, et qui sont destiné à être employé en CDI, si tout se passe bien à l’issue de la formation de trois mois. »

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Pour faire la différence, les assurtechs misent sur leur image et leur ambition de disrupter le monde de l’assurance. Lors de ses entretiens de recrutement, Sabrina Quéré évoque d’abord le projet. « Même si nous ne sommes plus vraiment une start-up, nous sommes toujours une entreprise où il n’y a pas de chapelles, où tout se passe à 100 de l’heure, où il est encore possible de créer un emploi, et où chaque salarié a son mot à dire et n’est pas qu’un numéro comme dans les grandes compagnies d’assurances. Tout un symbole : à Acheel, le premier employé recruté fut… le « Happiness Officer ». « Chez nous, l’esprit start-up n’est pas un vain mot », dit de Ralph Ruimy. Nous cherchons à attirer des personnes sympathiques, ouvertes d’esprit, capables d’écouter et de se poser des questions… »

Tout à inventer

Tous ces arguments ont heurté Pauline Darène, 30 ans, lorsqu’elle a été recrutée comme responsable de la conformité d’Acheel en octobre 2021. Avocate dans une compagnie d’assurance traditionnelle, indique ce diplôme du Master en droit des assurances de l’Université de Créteil et du Master en Activités numériques de l’Université Paris-Descartes. La perspective de rejoindre une start-up où tout était à inventer, et avec une nouvelle approche dans le secteur de l’assurance, m’a tout de suite attiré. D’autant plus qu’on m’a proposé un poste de responsable de la conformité qu’il m’aurait fallu plusieurs années pour obtenir si j’étais resté chez un assureur traditionnel. Un an plus tard, les promesses sont tenues. « On m’a fait confiance très rapidement et j’ai acquis beaucoup d’autonomie. La communication est aussi beaucoup plus fluide », dit-elle. En effet, lorsqu’on lui demande où elle se voit dans cinq ans, elle répond : « Toujours chez Acheel, à la tête d’une équipe juridique qui s’est agrandie et joue un rôle de premier plan dans le développement de l’entreprise. »

Les assurtechs construisent également des parcours de mobilité pour fidéliser leurs salariés. « La plupart de ceux qui nous ont rejoints au début de l’aventure chez Descartes Underwriting sont aujourd’hui à la tête d’équipes réduites, assure Sana Nabli. Et de nouvelles opportunités de management se présenteront au fur et à mesure de la croissance de l’entreprise. Il est aussi possible de créer des emplois z » changer , par exemple de la souscription à l’entreprise ou à l’international. La fidélisation de nos talents est pour nous un enjeu stratégique car il y a très peu d’experts en assurance paramétrique sur le marché. Il nous appartient donc d’accompagner nos collaborateurs dans leur évolution. »