L’instance de concertation entre le ministère de l’Éducation nationale et les collectivités territoriales a été mise en place ce jeudi 22 septembre 2022. C’est une émanation du Conseil national pour la refondation (CNR), lancé le 8 septembre par Emmanuel Macron pour façonner « une nouvelle méthode » pour relever les défis d' »une nouvelle ère ». L’école est l’un des enjeux majeurs avec le tournant écologique, le plein emploi et la santé.

Une nouvelle donne dans le dialogue

Deux semaines après le CNR, cette instance réunissait les principales associations d’élus locaux (1) devant Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale. Une première très appréciée des intéressés.

« Nous nous félicitons d’une situation nouvelle dans le dialogue avec les communes », déclare Frédéric Leturque, maire d’Arras (Pas-de-Calais) et coprésident de la commission éducation de l’Association des maires de France (AMF). Jusqu’à présent, nous avons eu principalement des réunions avec le personnel du ministre et n’avons pas eu suffisamment l’occasion de discuter directement avec lui. »

Croiser les regards

Yvan Lubraneski, maire de Molières (Essonne) et membre de la commission éducation de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), salue « l’intérêt de se croiser les yeux » et que les associations d’élus  » puissent s’exprimer ensemble « .

« On sent le désir de coordination à tous les niveaux. Mais si nous saluons l’initiative, nous attendrons inlassablement les résultats », prévient-il. « Il y a des actes et il y a des paroles. C’est bien d’avoir les mots, avoue Kamel Chibli, vice-président du Conseil régional d’Occitanie chargé de l’éducation, de l’orientation et de la jeunesse et président de la Commission éducation des Régions de France. Mais cette méthode fonctionne pour nous. C’est sans aucun doute le meilleur », insiste-t-il.

Ne pas imposer de leçons aux collectivités

Cette rencontre n’a donné lieu à aucune annonce de la part du ministre, qui a passé une heure et demie à répondre « très attentivement » aux demandes des élus. Les régions ont appelé à utiliser pleinement leurs compétences en matière d’information et de conseil sur les carrières et ont mis en garde contre les coûts de la nécessaire rénovation énergétique des bâtiments.

« Nous avons demandé à l’Etat plus de soutien », explique Kamel Chibli. « Nous ne voulons plus nous soumettre au positionnement de l’Etat », ajoute-t-il, rappelant le couac du précédent ministre qui a envoyé aux enseignants et aux parents un questionnaire sur les bâtiments scolaires sans consulter les collectivités locales, « alors que l’Etat n’a plus un euro sur investissements! » demande Kamel Chibli. Il apprécie désormais l’attitude du ministre : « Pap Ndiaye a regretté ce faux pas. Il a confirmé qu’il n’obligerait pas les communautés à enseigner des matières qu’elles maîtrisent parfaitement. »

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Continuité éducative

De son côté, l’AMF a insisté sur la nécessité « d’embrasser l’école à 360° ». « Extrascolaire, périscolaire, temps scolaire : il ne doit y avoir aucune limite à la définition de l’école », a soutenu Frédérique Leturque. Une exigence également soutenue par l’AMRF. « Le ministère doit accepter plus facilement, voire encourager les expérimentations, si les populations locales sont d’accord », estime Yvan Lubraneski.

Un changement de méthode pourrait également voir le jour. « Le ministère précise que des consultations au niveau de l’école sont possibles, parfois au-delà du niveau de la commission scolaire. Des projets innovants pourraient ensuite être soumis aux directions académiques de chaque département pour un financement de l’éducation nationale, témoigne le maire de Molières. Une bonne chose, car l’école pèse lourd dans les budgets des écoles rurales. »

Les élus locaux réclament également un meilleur contrôle des dispositifs mis en place lors de la précédente législature pour « connaître ceux qui ont été persuasifs et qui méritent d’être poursuivis ». Ils réclament une étude d’impact « pour chaque réorientation » pour mesurer son impact sur « l’égalité des chances, l’équité et la réalisation de la promesse républicaine », souligne l’AMF.

Rénovation des CDEN

Il y avait aussi la question de la carte scolaire. « Il faut apprendre à être agiles », a encore prévenu Frédérique Leturque, et que les Conseils départementaux de l’éducation nationale (CDEN) « sont des lieux de construction de la continuité pédagogique, plutôt que des lieux de friction lors des classes terminales et inaugurales », ajoute Yvan Lubraneski.

L’AMRF a réaffirmé son engagement pour le bien-être des enfants en milieu rural. « Les écoles ne doivent pas causer de transports inutiles, pas même en montagne. Ils doivent rester près de chez eux. Cependant, la tentation est réelle pour l’État de fusionner des écoles là où cela n’est pas nécessaire. »

Dans un communiqué, le ministre s’est félicité « du travail en commun réalisé » et a salué « le calme et la qualité des échanges » avec les représentants des communes.

Rendez-vous a été fixé pour une nouvelle séance de travail sur l’école fin novembre, où seront abordés deux thèmes : la transition verte et l’éducation inclusive.

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