Des odes aux villes italiennes par des chanteurs pop, aux émissions de télé-réalité se déroulant dans des paradis du monde entier, la culture pop nous inspire constamment des désirs venus d’ailleurs.
À tel point que même les scientifiques tentent de trouver les avantages de mettre des sacs. Car, si l’on connaît la musicothérapie ou l’art-thérapie, la thérapie par le voyage est en train d’émerger.
« Nous proposons de changer la façon de voir le tourisme, non seulement comme une expérience de divertissement, mais surtout comme une industrie qui peut apporter de réels bénéfices pour la santé », écrit le Dr Jun Wen dans son domaine d’étude en l’occurrence, publié le 23 juin 2022 dans le journal Science Daily.
Un nombre croissant d’experts s’accordent à dire qu’un changement de décor peut avoir des avantages à la fois physiques et psychologiques. Mais comment expliquer que s’enfuir rend plus heureux ? Et que faire de cette prise de conscience si le voyage n’est pas notre tasse de thé ? France Brécard, psychologue nous répond.
Le voyage n’est pas seulement synonyme de vacances
La première chose qui nous vient à l’esprit quand on pense au voyage, ce sont les vacances. Et si s’évader dans l’espace semble attrayant, c’est parce que voyage = vacances.
« L’idée de prendre le temps joue un grand rôle dans l’anticipation et la réflexion sur la bonne voie de ce voyage, mais ce n’est pas la seule chose qu’il faut prendre en compte », France Brécard a cependant un avis différent.
D’autant plus qu’il faut préciser que les sorties vers les plages paradisiaques ne sont accessibles qu’à quelques personnes, ce voyage peut prendre différentes formes – puisqu’il ne se limite pas aux vacances. Il n’est donc pas nécessaire de parcourir des milliers de kilomètres pour bénéficier des bienfaits du vol. Une soirée dans un endroit différent de chez soi, un samedi dans une ville proche ou après le travail entre amis en banlieue, sauve aussi notre santé mentale.
Le voyage est avant tout pour se rencontrer. À propos des gens, des cultures, de la beauté et de lui.
« C’est vrai que marcher, bouger régulièrement m’empêche de tomber dans une habitude. Et maintenant, avec les sites de réseaux sociaux, difficile de ne pas avoir envie de connaître le monde, de rencontrer d’autres personnes et de bousculer son quotidien », raconte Héloïse, une globe-trotteuse d’un an. Ils ont 26 ans.
Et l’expert acquiesce. « Le voyage est avant tout une rencontre. À propos des gens, des cultures, de la beauté et de lui. Le cerveau, qui apprend sans cesse, est incroyablement stimulé », souligne-t-il.
De l’obligation de sortir de sa zone de confort
Comme l’explique France Brécard, si nous pensons voyager avec une soif d’ailleurs, c’est souvent avec une meilleure connaissance de nous-mêmes et de nos limites que nous revenons du voyage. Parce que l’inconnu nous force à sortir de notre zone de confort.
« Personnellement, je n’aime pas voyager. Aucun endroit où je vais ne me rend heureux, je suis chez moi. Pour moi, voyager implique un stress inutile. Les vacances consistent à se détendre, pas à planifier des voyages, à se perdre ou à passer des heures dans un aéroport bondé avec d’autres voyageurs », raconte Florian, 27 ans.
« Il y a des gens pour qui c’est très douloureux de quitter ce qu’ils connaissent. Je peux dire qu’il y a deux groupes de personnes : ceux qui ont du mal à sortir de leur univers et de ce qui les inspire (maison, ville, groupe de personnes…) et ceux qui trouvent quelque chose qui les restaure à l’intérieur. .
Vous en apprenez beaucoup sur vous-même lorsque vous êtes votre propre marque dans un autre pays.
Et le jeune homme ne s’en cache pas, il sent parfois qu’il n’est pas avec ses proches. « Il y a déjà un problème avec mes amis. Quand on me propose des vacances en groupe, je refuse presque toujours, parce que je n’aime pas ça, mais les gens ne comprennent pas », avoue-t-il.
Pour Héloïse, c’est très différent. Le mouvement le fait vibrer. Et pour lui, le port est bon pour les uns comme pour les autres. « On apprend beaucoup sur soi quand on est dans un pays étranger », ajoute celui qui a vécu en Irlande puis en Suède, seul.
« Quand tu es seul, tu prends une décision, c’est un appel à la liberté. Pour certains ça peut sauver des vies, si on réalise notre désir, alors que dans le groupe on va se mêler aux désirs des autres et ne pas être responsable de ce qui se passe », explique la psychothérapeute.
Partir pour soulager sa santé mentale
Mais cette liberté vient aussi du fait que lorsque nous voyageons, nous sommes plus déconnectés que d’habitude. Parce que la serpillière finit par être une détox numérique déguisée, toutes nos habitudes personnelles et professionnelles sont bouleversées.
Et les leçons sont claires : lorsque nous voyageons, nous sommes une version évoluée de nous-mêmes, le nouvel environnement nous stimule mentalement et émotionnellement.
« L’exercice a été associé à une meilleure santé mentale et la marche implique souvent une activité physique accrue, comme marcher plus. Et puis il y a l’exposition à l’air frais et au soleil, ce qui augmente les niveaux de vitamine D et de sérotonine », a déclaré le Dr. Wen explique dans son étude.
Mais toutes ces contingences, comme l’a expliqué Florian, peuvent avoir l’effet inverse. « Tout dépend du mouvement. Mais je pense que les gens qui restent ‘dedans’ ont des problèmes internes et s’inquiètent plus que ceux qui sortent. Ils vont s’attendre à de mauvaises choses et ils ont de l’anxiété à cause d’imprévus », explique France Brécard.
« Cela dépend aussi de notre relation au voyage depuis l’enfance, de la façon dont nous pensions – parfois nous sommes bons à l’extérieur et nous maintenons cet état d’esprit. D’un autre côté, il y a des gens qui ont peut-être vécu des expériences traumatisantes à l’extérieur, comme victimes d’intimidation à l’école et pour qui la maison était un endroit plus sûr », poursuit-il.
Le voyage comme échappatoire mais pas comme thérapie
Mais pour tout le reste, il s’agit de l’utiliser avec modération, ou du moins, avec de bonnes intentions. Car, si ce voyage peut être un remède salutaire pour l’esprit, il n’en sera pas un.
« Le voyage est un moyen de s’évader de soi, des autres, du monde. Si on l’utilise à outrance pour ne pas s’occuper des problèmes du quotidien, ça ne sert à rien », s’interroge France Brécard.
Et Héloïse est témoin. Celui qui a essayé la méthode ne la recommande pas. « Je suis reparti pour échapper à l’anxiété. Je voulais éviter des problèmes personnels en partant à l’étranger, mais ils sont toujours là et ils me font encore du mal. C’est la même chose pour les crises d’angoisse, je n’y échappe pas, et en plus, je n’ai plus mon équipe. Les gens pensent à changer leurs habitudes, mais nous continuons à revenir en arrière. Parfois, vous avez juste besoin de résoudre vos problèmes et de commencer un traitement et le parcours n’est pas le même. Il faut être soi-même chez soi, sinon on ne pourra pas être chez soi partout », le philosophe.
Alors, comme aime à le souligner la psychologue, il faut trouver un endroit heureux et surtout ne pas se forcer. « Notre rapport au voyage est un état d’esprit sur la vie en général. Plus on a tendance à voir les choses de manière optimiste, plus on voyagera facilement. Gérer l’imprévu n’est pas donné à tout le monde et c’est tout à fait normal. Je pense que vous il faut se forcer pour essayer d’aimer quelque chose, mais il faut le voir comme un entraînement à vélo : plus on s’entraîne, moins on a peur », explique-t-il.
Surtout qu’au-delà des avantages logiques quand on y va, il y a après qu’on profite de ces avantages dans le temps. La mémoire est également très importante. « Lorsqu’il s’agit de magasinage des Fêtes, quelque chose d’incroyable se produit. Nous avons toujours la même joie d’obtenir cet article, mais la différence est qu’il durera des années. Les souvenirs de votre expérience de voyage vous donneront des hormones heureuses, selon une étude dans le long terme », rapporte une étude de 2014 publiée dans la revue Psychological Science.
Le plus important pour un professionnel n’est pas de vivre ailleurs – même pour une courte durée – mais d’intégrer l’idée qu’il faut prendre son temps. « Parfois c’est ‘juste’ pour se promener à l’intérieur avec lecture ou passion. Sinon, un peu de vert est aussi très utile. Pas besoin de faire le tour du monde pour se sentir vivant », complète-t-il. -elle.