Un chirurgien-dentiste marseillais a eu la folle idée de transformer un conteneur maritime en unité de soins d’urgence pour venir en aide à la population ukrainienne, sur place.
Des murs blancs et une grande croix rouge peinte dessus, le container est prêt. Il a ouvert ses portes aujourd’hui à Berre l’Etang et s’est complètement transformé en mission spéciale. Aujourd’hui, Paul Amas est sur la route, direction l’Ukraine pour livrer ce conteneur maritime transformé en ambulance.
Ce dentiste marseillais est l’initiateur de ce projet solidaire. « L’eau du Vieux-Port coule dans mon sang », se souvient-il avec fierté, pour démontrer que la ville de Marseille sait apporter son soutien. « Une règle, n’en suivez aucune et envoyez nos cœurs aux visages des gens », poursuit-il. Ce n’est pas la première fois que Paul Amas dirige un objet à usage médical. Lors de sa première incarcération, il avait réussi à mettre au point un masque de plongée qui assurerait une sécurité totale.
Un projet pour répondre aux demandes de médecins ukrainiens
Paul Amas est un habitué des missions humanitaires. Depuis le début de la guerre, le pratiquant est parti pour trois missions en Ukraine. Avec l’ukrainienne locale Rymma Cassard, elle organise des allers-retours pour accueillir des réfugiés à Marseille. Mais l’attentat du 9 mars contre la maternité de Marioupol, qui a fait trois morts, dont une jeune fille, était un événement de trop pour lui. Il décide d’aller de l’avant avec ce nouveau projet.
L’idée de transformer un conteneur maritime en ambulance ne vient pas de la guerre en Ukraine. « Pendant le conflit au Liban, j’avais déjà ce projet en tête. Malheureusement, tout le monde n’avait pas la même idée des choses, on a préféré y renoncer », déplore le chirurgien-dentiste.
Pour répondre aux « prières des médecins ukrainiens », il relance cette idée. Grâce à une certaine notoriété sur les réseaux sociaux obtenue après le premier accouchement, elle a déposé une demande de financement en mars. Le même jour, les discussions avec Homeblok débuteront.
Le premier conteneur achevé de l’unité de transformation de Berre-l’Étang
La marque LVD Energie, filiale du Groupe La Varappe, spécialisée dans la transformation de conteneurs maritimes, a saisi l’opportunité. « L’accompagnement humain nous touche beaucoup, c’est dans notre ADN », explique Michael Bruel, directeur des opérations de Homeblok.
C’est une « fierté » de faire partie de cette aventure solidaire. « Nous ne pouvons pas ignorer ce qui se passe en Ukraine, ne pas intervenir, ne pas donner le minimum. Nous ne pouvons pas rester insensibles à cela et la meilleure façon d’y répondre est d’apporter des solutions », poursuit-il.
D’autant que pour la marque « c’est un message fort car c’est le premier contenant fini de l’unité de transformation de Berre-l’Etang ».
Près de 400 000 euros d’équipement offert
Le conteneur de 12 m2 a été fixé en moins d’une semaine. Il y a une place pour un lit de soins, une autre pièce pour l’entretien, un groupe électrogène et une VMC. Il est également équipé d’un système de sécurité, il peut donc être fermé avec différents niveaux de cadenas comme un conteneur classique.
Tout le matériel médical a été donné par divers établissements de santé. L’hôpital Saint-Joseph de Marseille a fait don d’un échographe pour l’obstétrique et l’angiographie. Les pharmacies et les maisons de retraite ont à leur tour fait don de matériel.
Des entreprises et des particuliers ont fait don de kits d’anesthésie ou de mobilier, comme Leroy Merlin. Paul Amas a également pu compter sur « l’aide inconditionnelle de la mairie de Marseille, Benoît Payan et son premier adjoint ». Et d’ajouter : « Les dons ne se sont pas arrêtés à Marseille. Grâce à mes réseaux sociaux, les hôpitaux de Poitiers et de Lyon nous ont également aidés en nous fournissant du matériel. Au total, près de 400 000 euros de matériel pour apporter une aide d’urgence.
Départ ce jeudi 12 mai
Ce jeudi 12 mai, le conteneur sera chargé sur une remorque et acheminé par chemin de fer vers l’Ukraine à la frontière ukrainienne, en direction de la Pologne. « Nous ne pouvons pas aller en Ukraine car les routes sont trop dangereuses, mais nous nous en approcherons le plus possible. Je faisais aussi attention à ne pas m’entourer de trop de pères. J’ai choisi les personnes qui m’accompagneront en fonction de leurs relations ici », explique Paul Amas.
Grâce à Rymma Cassard, le conteneur sera livré aux médecins ukrainiens dans quelques jours. « Nous savons exactement qui va utiliser ce conteneur », dit-il. Sa sécurité est assurée par des « personnes de confiance », souligne Paul Amas, qui fait le tour.