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Pionnier de la démocratie participative locale, Jo Spiegel a été invité par le conseil départemental du Temple-sur-Lot à animer une conférence sur le thème « Nous avons décidé de décider ensemble ».
« Démocratie-construction » : c’est faisable
« Le pouvoir naît lorsque les gens travaillent ensemble. Il disparaît quand ils se dispersent ». Comme dans toutes ses interventions, Joe Spiegel cite la politologue – elle est bien plus que cela – Hannah Arendt. Le public boit ses paroles comme du lactosérum. Ce mercredi 23 novembre, il est midi au pied du Temple-sur-Lot. Le pionnier de la démocratie participative locale prêche depuis plus d’une heure.
Une évolution du conseil consultatif ?
140 personnes ont assisté à cette conférence de haut niveau sur le thème « Nous avons décidé de prendre des décisions ensemble » (c’est le titre d’un de ses livres). Tout ouïe, ces acteurs du département ont été invités par le conseil départemental qui, avec Séverine Haller, coordinatrice du service développement social, est l’organisateur de cet événement. Il a été ouvert par la présidente, Sophie Borderie, et a débuté le matin par différents ateliers.
« Il n’y a pas de transformation collective sans transformation personnelle et vice versa »
Depuis 2017, le Ministère a décidé de s’engager dans la démarche de développement social local et de placer la concertation au centre de ses politiques, le développement d’outils participatifs tels que le conseil consultatif citoyen, le droit à l’initiative citoyenne ou encore la consultation citoyenne. budget participatif. . L’arrivée de Joe Spiegel s’inscrit dans ce contexte.
Il a témoigné de la faisabilité d’une telle approche avec des projets et des actions réellement mis en œuvre. Il évoque les étapes, les outils et les lieux au service de cette construction collective d’une grammaire démocratique qui « a l’ambition de révéler en chacun sa vocation de citoyen ».
Jo Spiegel, né le 24 novembre 1951, a été maire de Kingersheim (Haut-Rhin), 13 400 habitants, entre 1989 et 2020. Cet ancien professeur d’éducation physique, aujourd’hui à la retraite, a inventé et introduit la Maison de la Citoyenneté. Dans cet amphithéâtre moderne, lieu central où s’exercent les fonctions essentielles de la démocratie, il expérimente cet outil de transformation dans l’intervalle des élections.
Il est régulièrement sollicité en France et à l’étranger pour présenter son concept de « construire la démocratie », ainsi que pour partager le lien entre transition écologique, justice sociale et transition démocratique. Il propose une approche stimulante, lente, interactive et stimulante. « Réenchanter la démocratie, c’est l’inscrire dans la vie réelle », dit-il.
« Comment remplir la pompe avec ceux qui veulent ? », « comment toucher les personnes qui ont du mal en fin de mois », etc., les questions tourbillonnaient. Parmi les 140 convives figurait également un groupe de citoyens, allocataires du RSA (revenu de solidarité active), inclus dans le dispositif équivalent de co-construction du Programme Départemental d’Insertion. Ils réfléchissaient à la manière d’améliorer l’intégration. Cette intervention les a touchés.
La veille de cette conférence Jo Spiegel, un comité consultatif a eu lieu où le bilan de l’année a été dressé. Il y a eu des déceptions et des suggestions concrètes. Reste désormais à savoir si le rôle du Conseil consultatif citoyen sera renforcé ou si le Lot-et-Garonne restera une usine à rapports.
Jo Spiegel a fait le lien entre spiritualité et démocratie. Il croit qu’il n’y a pas de transformation collective sans transformation personnelle. Et vice versa.
Quel est le lien entre spiritualité et démocratie participative ?
En fait, il s’agit de comment féconder la dimension démocratique et la dimension spirituelle au sens très large du terme, cela peut être la spiritualité laïque. Cela remet en question notre propre moi intérieur. C’est quelque chose qui n’est pas signifié, qui n’est jamais dit. Comment un élu, même responsable, peut-il essayer de grandir, être toujours dans la dimension humaine.
On peut aussi penser que les choses changent avec la transformation personnelle. Il n’y a pas de transformation collective sans transformation personnelle et inversement. On oublie toujours cette dimension.
Ce n’est pas du tout un discours moralisateur. Face à la marchandisation, face à l’accélération du temps, il y a une idée de la question du sens de l’engagement. La question est légitime : suis-je dans l’ego ou dans le service ? Quand les gens disent qu’on en a marre de la politique, ils s’interrogent sur la motivation de l’élu : « Est-il là pour sa notoriété ou pour le plus grand bien ?
« L’élu est là pour défendre des valeurs »
Je crois personnellement que les gens sont habités par l’intérêt général, mais ils n’ont pas compris que l’intérêt général ne se décrète pas. Coproduit. Tout le sens de la construction démocratique est de mettre les gens en situation de co-créer l’intérêt général à partir de la complexité. Et pour cela, vous devez obtenir les meilleures personnes pour construire un commun. C’est peut-être une démarche utopique, mais je crois fermement à la transcendance républicaine.
Aujourd’hui, il y a 140 personnes. Est-ce suffisant pour changer la situation ?
En tout cas, cela donne une légitimité. C’est une autre chose de décider ou de construire quelque chose de décisif avec 140 personnes qu’avec 33 au milieu des conseils municipaux. La dimension de partage est essentielle.
Pourquoi parler de lenteur démocratique ?