Une étude anglaise révèle qu’après la première année d’une relation, deux fois plus de femmes que d’hommes ont perdu (pendant au moins 3 mois) tout intérêt pour les relations sexuelles avec leur partenaire.

C’est un instantané de la sexualité anglaise détaillant les causes possibles d’une faible libido. Le Dr Cynthia Graham de l’Université de Southampton et ses collègues de plusieurs universités londoniennes ont analysé les réponses de 4 839 hommes et 6 669 femmes âgés de 16 à 74 ans. Les résultats ont été publiés dans la revue BMJ Open.

L’étude confirme que toutes les tranches d’âge peuvent être concernées par un manque prolongé (au moins 3 mois dans la dernière année) d’intérêt pour les relations sexuelles orales, vaginales ou anales. Certes un peu moins entre 16 et 24 ans (un homme sur dix ; une femme sur quatre) mais avec des taux relativement stables pour les cinq décennies suivantes : près d’un homme sur sept ; plus d’une femme sur trois. C’est au-delà de la première année de vie du couple que le risque de manque de libido commence à augmenter significativement chez la femme (x1,5) puis double à partir de la cinquième année.

Scénario sexuel privilégié

En revanche, la croyance que « les hommes ont naturellement des libidos plus fortes que les femmes » est beaucoup plus répandue chez les femmes (40% le croient) que chez les hommes (10% le croient) et l’adhésion augmente le risque de perte d’appétit pour le sexe chez les femmes. L’inverse est observé chez les hommes.

Des données qui coïncident avec celles d’une étude menée il y a une vingtaine d’années (sous-analyse publiée en 2002) auprès de 7 500 étudiants (19-32 ans) de 15 universités allemandes. Ce qui est frappant, c’est l’augmentation au fil des ans du nombre de femmes qui déclarent souvent se désintéresser du sexe (de 9 % la première année de la relation à 17 % à partir de la troisième année) alors que ce taux reste remarquablement faible (environ 1 %) chez les hommes.

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Après une période d’expérimentation, on sait que la plupart des couples ont tendance à privilégier un scénario sexuel particulier (types d’actes sexuels pratiqués et leur enchaînement). Il est possible que le consentement sexuel atteint plus ou moins rapidement par un couple soit plus souvent favorable à l’homme qu’à la femme, surtout lorsque le scénario est centré exclusivement sur la pénétration. Pour le psychologue de l’université de Floride, Roy Baumeister, les femmes font preuve d’une plus grande plasticité érotique en s’adaptant davantage aux hommes que ces derniers.

L’importance du contexte relationnel, pour les hommes aussi!

Pour un homme, le fait qu’il ne partage pas les mêmes goûts (et dégoûts !) sexuels que sa partenaire ne semble pas affecter sa libido (du moins dans cette étude anglaise, car en pratique les exemples du contraire ne manquent pas ). Dans la même situation, pour une femme, le risque de trouble du désir sexuel est tout de même triplé ! Une différence entre les sexes qui n’est pas la seule mise en lumière par le Dr Graham et ses collègues.

Ils montrent ainsi qu’avoir un enfant de moins de 5 ans à la maison multiplie par 1,5 le risque de diminution de la libido pour la mère, mais pas pour le père. Quant au manque de communication (parler facilement de sexe avec son partenaire), il augmente plus fortement le risque de perte de libido chez la femme que chez l’homme.

Cette étude anglaise met à mal l’idée répandue selon laquelle le désir sexuel des hommes est fondamental, voire primaire, et moins sensible au contexte relationnel que celui des femmes. « Notre étude, écrivent les auteurs, souligne l’importance du contexte relationnel pour comprendre le manque d’intérêt pour le sexe, tant chez les hommes que chez les femmes. » Le fait de « ne pas se sentir émotionnellement proche de l’autre lors d’un rapport sexuel » ou de « ne pas être heureux dans sa propre relation » est donc un facteur de diminution de la libido chez les deux sexes. Enfin, la dépression ou la mauvaise santé affecte la libido.