L’ÉTAN SALE. Grégory, 25 ans, a perdu la vie le 26 décembre 2020 sur la bretelle de sortie de Sable.
C’est un procès sous tension et rempli de tristesse, qui s’est déroulé jeudi au tribunal de Saint-Pierre. Dans la salle, une dizaine de membres de la famille de Grégory, tous portant un T-shirt avec sa photo en souvenir de lui. De l’autre côté de la salle, la famille du chauffeur d’une quarantaine d’années, qui est sur le quai.
Il y a deux ans, le lendemain de Noël, René B. quittait une fête à Havnen pour rentrer chez lui à Saint-Joseph. Premier inconvénient majeur, le conducteur n’a pas de permis de conduire, l’ayant perdu il y a des années après un accident mortel dans lequel il a été impliqué. Il a également fumé du zamal et a admis en être un consommateur régulier. Il est minuit passé et il n’y a pas grand monde sur la route lorsque le conducteur amorce un virage sur la quatre voies, au niveau de la voie d’entrée de la zone sablonneuse. « J’ai écrasé quelque chose », avoue le prévenu dans le bar, avant d’être pris en charge par le parquet : « C’était quelqu’un ».
La reconnaissance des faits s’arrête là, et René B. élude, minimise, confirme ne pas s’être rendu compte avoir frappé le jeune homme qui s’était placé sur les zèbres pour faire du stop. Les analyses techniques révèlent cependant que compte tenu de l’état de la voiture et des blessures mortelles subies par Grégory, c’est bien une collision frontale qui a causé la mort du jeune homme. De plus, compte tenu de l’état du véhicule, le conducteur n’a pas pu aller bien loin.
Il affirme s’être arrêté une première fois quelques centaines de mètres plus loin. Le carter est sorti, la roue est exposée et il a perdu un morceau du garde-boue, mais il va essayer de continuer sa route, jusqu’à laquelle la collision est entretenue. C’est finalement à la sortie de Gol que le chauffeur laissera le véhicule qui lui a été prêté avant d’être récupéré par un membre de sa famille.
Grégory était sur cet axe avec un ami, sortant d’une soirée. Un ami qui n’a pas été directement témoin de la collision mais qui a entendu la scène. D’autres chauffeurs se sont également arrêtés, et lorsque les secours sont arrivés, il n’a plus été possible de sauver la victime. Ce n’est que le lendemain et après la diffusion virale sur les réseaux sociaux d’un post recherché après l’accident mortel que René B. a fini par se rendre aux gendarmes.
Une réticence qui pourrait s’expliquer par son record de 15 contraventions pour des faits de conduite sans permis, vols, violences, menaces de mort, évasion et drogue au volant, pour lesquels il a déjà purgé une peine de prison. « Que faut-il faire pour que vous compreniez ? Donc l’interdiction n’a aucun sens pour vous ? », s’interroge la procureure Simona Pavel. « Il avait la vie devant lui, ce drame a détruit sa famille », appuie l’avocat des 10 parties civiles constituées dans ce dossier.
René B. a été, sans surprise, reconnu coupable des faits, il écopera de 4 ans de prison et d’une interdiction de redoublement du permis de conduire pendant 3 ans. Au total, il doit indemniser les 10 membres de la famille de la victime à hauteur de 115 000 euros pour le préjudice affectif et financier causé par ce tragique accident.