La filière du ski français s’organise autour de la propriété du samedi au samedi. Un concept solide, malgré la demande des clients, les embouteillages et un bilan carbone médiocre.

Printemps 1991. Les montagnes françaises préparent leurs Jeux olympiques d’hiver à Albertville (Savoie) et s’inquiètent d’un nouveau souci : « Les embouteillages monstres sur les routes alpines », selon les mots du sénateur socialiste du Rhône Franck Sérusclat (1921-2006 ), qu’elle propose dans une interpellation écrite au gouvernement. Il leur facture des loyers hebdomadaires qui commencent le samedi. Rassurez-vous, répond en substance le ministre du Tourisme de l’époque, Jean-Michel Baylet, qui a réuni les associations professionnelles : « Le problème des semaines courtes, des week-ends prolongés et d’un assouplissement des dates de départ et de retour a été réglé. Les professionnels de la neige avaient promis d’assouplir les conditions de location afin d’étaler les arrivées.

Trente ans plus tard, le samedi 19 février, jour de la rentrée des vacances scolaires en région parisienne, plus de 35 000 véhicules devaient être déversés sur la seule RN90, qui dessert les grandes stations de la Tarentaise. La circulation est au rouge tous les samedis entre fin janvier et mi-mars ; beaucoup plus calme les autres jours. Smart Bison arrive au même constat que les locaux qui ne sortent plus de chez eux ce jour-là : trente ans de changement de modes de vie n’ont pas suffi à conquérir l’enfer samedi, qui semble immuable face au tourisme de montagne.

Quand on dit « samedi-samedi » au téléphone, Laurent Vanat éclate de rire. Parce qu’il est suisse et que l’enfer est un phénomène très français vu de chez lui ce samedi. « C’est un énorme problème dans votre industrie du ski ! » Et c’est insoluble, figé dans le béton. Consultant spécialisé dans le tourisme de montagne, il a sillonné les stations du monde entier et confirmé : ce sixième jour est une obsession française. « Au Colorado, 60 % des skieurs viennent en avion, mais ils arrivent tous les jours. Il y a beaucoup plus d’hôtels en Suisse ou en Autriche qui sont plus flexibles que les hébergeurs français. »

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« Cercle vicieux et autobloquant »

Selon Laurent Vanat, l’écosystème montagnard a formé un « cercle vicieux, un cercle qui se referme ». Car si vous souhaitez sortir du système, il vous sera difficile de trouver un logement ou même de vous rendre dans les Alpes autrement qu’en voiture. La SNCF propose des liaisons entre la province et les Alpes pendant les vacances scolaires de février, mais uniquement le samedi. Comme le Thalys de Bruxelles. Elle ne souhaite pas se prononcer sur le montant de son offre, mais évoque « quatre à cinq fois plus de trafic le samedi que le vendredi ». Les aéroports de Grenoble et de Chambéry reçoivent les deux tiers de leurs vols le samedi, et celui de Genève est saturé le même jour.

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