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« La spécificité de la société individualiste dans laquelle nous vivons est que, quel que soit notre âge ou notre situation, la solution à nos problèmes sera en nous », explique Nicolas Marquis.
Un documentaire éclairant diffusé ce soir se penche sur l’insolente santé du secteur du développement personnel en France. Le sociologue Nicolas Marquis y voit le reflet d’une société individualiste, où l’accès au bonheur serait devenu un nouveau marqueur social.
Le développement personnel est-il la clé du bonheur contemporain ? Elle représente dans tous les cas un juteux marché de près de 3 milliards d’euros par an pour une kyrielle de coachs qui vantent les mérites de la psychologie positive, de la résilience et d’un bien-être de vie dont nous serons au cœur des attentions. L’Affaire du bonheur, diffusée sur Arte, interroge ce monde où le malheur et la souffrance n’existent plus. Rencontre avec le sociologue Nicolas Marquis, auteur du livre Du bien-être au marché du malaise. La communauté du développement personnel (Ed. PUF, coll. Partage des savoirs, 2014) et qui intervient dans le documentaire.
Comment voyez-vous la notion de développement personnel ? Mes différents travaux sont liés par une même question : « Comment vivre dans une société individualiste ? » Même si nous y sommes nés, nous réalisons que vivre dans ce type de société est une expérience humaine particulière. Et il faut dire que le développement personnel et la réussite est un symptôme assez singulier. J’essaie de l’étudier en tant qu’anthropologue et des phénomènes comme la sorcellerie. La question n’est pas de savoir si les gens ont raison ou tort, mais plutôt : comment est-il possible dans une société particulière, lorsque nous rencontrons des problèmes dans nos vies, de nous précipiter vers un contenu qui dit que la solution est en nous-mêmes ? Pour moi, le développement personnel ne peut réussir que dans une société individualiste.
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