La diffusion, sur Arte, d’une enquête sur des cas de maltraitance dans certaines communautés bouddhistes est « une excellente nouvelle », selon Antony Boussemart, co-président de l’Union bouddhiste de France (UBF), pour qui il est « absolument indispensable » que que la voix des victimes soit entendue.
« Exploitation des travailleurs, abus sexuels, prise d’enfants en otage… » Un tel lexique semble bien éloigné des enseignements du Bouddha. C’est pour de telles raisons que le Belge Robert Spatz, également appelé Lama Kunzang Dorje, fondateur du premier centre bouddhiste tibétain en France et en Europe, a été condamné à cinq ans de prison avec sursis en 2020 par la justice belge. Son histoire est au coeur du documentaire Bouddhisme, la loi du silence, diffusé mardi soir sur Arte (et déjà disponible en ligne).
L’enquête, menée par les journalistes Elodie Emery et Wandrille Lanos, revient également sur les exactions commises au sein de certains centres du réseau Rigpa, fondé par le lama tibétain Sogyal Rinpoché (1947-2019), et dénonce le silence des autorités bouddhistes tibétaines. longtemps restés silencieux sur ces sujets. Un tel documentaire peut-il aider à libérer la voix de victimes potentielles au sein du bouddhisme ? Entretien avec Antony Boussemart, co-président de l’Union bouddhiste de France (UBF).
Qu’avez-vous pensé du documentaire ?
La diffusion de ce documentaire est une bonne nouvelle. Il est important pour les victimes que leur voix soit entendue. Ce documentaire aura peut-être l’effet salutaire de la liberté d’expression. S’il y a d’autres cas ailleurs, j’espère que cela incitera les victimes à porter plainte et que cela incitera la police à enregistrer leur plainte. Cette enquête est donc la bienvenue de ce point de vue, j’espère qu’elle pourra servir d’aiguillon pour donner du courage à d’éventuelles victimes qui ne se sont pas encore manifestées.
Ce qui me dérange dans ce documentaire, cependant, c’est qu’il parle de « système ». Je trouve cela très dangereux, car cela laisse entendre que derrière les quelques cas évoqués, il y a une organisation machiavélique, ce qui n’est clairement pas le cas. Ce n’est pas parce qu’il y a des excès dans un club de natation ou de patinage artistique qu’il faut faire honte à toutes ces disciplines.
Le documentaire parle aussi de « dogmes », mais il n’y a pas de dogmes dans le bouddhisme. Je suis toujours un peu gêné quand on parle de « bouddhisme » : cela donne l’impression que c’est une entité monolithique. Il serait plus juste de parler des « enseignements de Bouddha ». Bien qu’il y ait un socle commun, l’enseignement tel qu’il est mis en pratique dans les pays d’Asie du Sud-Est est différent, par exemple, du Tibet ou du Japon.
Les faits rapportés par le documentaire se sont déroulés au sein de communautés se revendiquant du bouddhisme tibétain. Comment interprétez-vous le silence des autorités de ce courant sur des affaires comme celle de Robert Spatz ?
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