L'activité physique, un traitement thérapeutique à part entière

publié le 12/09/2022 09:00

La Haute Autorité de santé vient d’éditer un guide et des fiches conseils pour les médecins qui peuvent prescrire sur ordonnance une activité physique adaptée à la physiologie et à la psychologie du patient. Elle rappelle ainsi tous les bienfaits de cette pratique sur la santé.

Depuis l’entrée en vigueur de la loi de modernisation du système de santé de 2016, les médecins généralistes peuvent prescrire la pratique d’une activité physique sur ordonnance aux personnes souffrant d’une affection de longue durée (diabète, obésité, Alzheimer…). La loi du 2 mars 2022, qui vise à démocratiser le sport en France et à développer le sport-santé, réitère cette possibilité et l’étend à tous les médecins. Elle consacre l’activité physique comme un traitement thérapeutique à part entière.

Dans cette dynamique, la Haute Autorité de Santé (HAS) vient de publier un guide de consultation et de prescription médicale d’activité physique chez l’adulte et des fiches conseils à destination des médecins, kinésithérapeutes et enseignants d’activité physique adaptée. L’objectif de ces publications est de mieux informer et accompagner le corps médical dans ses démarches de soins.

Par activité physique, on n’entend pas uniquement le sport, comme le précise le professeur Martine Duclos, endocrinologue et physiologiste, chef du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand. « C’est tout mouvement du corps produit par les muscles qui nécessite une dépense d’énergie supérieure à la dépense de repos. En d’autres termes, c’est marcher, faire du vélo, utiliser les escaliers plutôt que l’ascenseur pour monter à l’étage ou même jardiner ou faire la maison ». nettoyage.

L’activité physique facilite la prévention et la prise en charge des maladies

A ce jour, bien que la loi le stipule, peu de prescriptions d’activité physique sont établies par les médecins. Si les freins s’arrêtent, c’est surtout un manque de connaissance. Cependant, il existe des preuves prouvées des bienfaits pour la santé de sa pratique quotidienne. « Il faut que les choses changent et que mes confrères et leurs confrères soient formés à la prescription de l’activité physique, précise le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes. La formation des professionnels est essentielle tant au niveau universitaire qu’à travers vie professionnelle. »

De plus, de nombreux patients éprouvent des appréhensions à l’idée de s’adonner à une activité physique en raison de l’inactivité bien ancrée dans leur vie quotidienne, de leur âge avancé ou de leur santé déclinante ou altérée. L’activité physique est un traitement thérapeutique médicalement et scientifiquement reconnu, qu’elle soit pratiquée seule ou accompagnée ou non d’autres traitements médicamenteux. « Par exemple, il réduit le risque de diabète de 30 à 50% et réduit les récidives possibles de certains cancers du sein », observe le Pr Duclos.

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Une activité physique régulière facilite la prévention et la gestion des maladies non transmissibles. Il aide à prévenir l’hypertension, les risques de dépression et de maladies cardiovasculaires entre autres, à maintenir un poids corporel correct. Elle affecte le bien-être général, y compris la santé mentale, et la qualité de vie. Elle doit être régulière et poursuivie tout au long de la vie.

Une activité physique adaptée dans sa durée et son intensité

Le médecin doit adapter l’activité physique prescrite, de sa durée à son intensité, en tenant compte de l’état de santé physiologique et psychologique du patient. Les goûts de ces derniers doivent également être pris en compte. Ainsi, comme l’indiquent les référentiels de la HAS, la prescription sera orientée vers les activités d’endurance et de résistance, comme le jogging ou la danse, pour les patients asthmatiques.

Concernant la maladie de Parkinson, les activités physiques de résistance, comme le yoga ou la marche nordique, ont montré un effet positif sur la santé physique, l’équilibre, la vitesse de marche, le risque de chute, etc.

Une activité physique régulière d’intensité modérée est également recommandée pour les patients atteints de troubles schizophréniques. C’est une thérapie complémentaire aux traitements antipsychotiques sans effets secondaires. Le temps consacré aux activités sédentaires devrait être réduit. En revanche, celle dédiée à l’activité physique quotidienne (ménage, marche, etc.) et adaptée, prescrite par le médecin, devrait être plus importante.

« A un moment, on a tendance à dire qu’il faut faire des économies », reconnaît la professeure Martine Duclos. « C’est le cas des femmes enceintes qui ont été mises au repos alors qu’elles doivent continuer une activité physique si leur état de santé le permet. Cela évite, entre autres, la prise de poids, réduit le temps de travail lors de l’accouchement, le recours à la césarienne. .. « .

Un encadrement par un professionnel « sport-santé »

L’activité physique doit être encadrée par un professionnel. Cela peut se faire dans l’un des centres Sport-Santé* répartis dans toute la France, auprès d’un kinésithérapeute ou d’un éducateur sportif santé**.

La prescription d’activité physique n’est pas remboursée par la Sécurité sociale, bien que cette option soit étudiée pour les patients atteints de maladies chroniques (cancer, cardiopathie, diabète, etc.). Mais déjà certaines complémentaires santé proposent une prise en charge partielle ou totale.

La HAS mettra prochainement à disposition des utilisateurs des « fiches patients » qui renseignent sur les effets de l’activité physique sur seize pathologies et états de santé. Un guide de consultation et de prescription d’exercices pour les enfants sera également publié prochainement à l’intention des médecins.

*Les centres Sport-Santé regroupent des professionnels de la santé et du sport. Ils sont destinés aux personnes en bonne santé qui souhaitent (re)commencer une activité physique et sportive avec un accompagnement spécifique et aux personnes atteintes de maladies chroniques qui nécessitent, sur prescription préalable, une activité physique adaptée.

** Il s’agit d’un professionnel qualifié STAPS – Activité Physique Adaptée et Santé, ou formé par un dispositif proposé par le Ministère des Sports ou par une fédération sportive qui dispense des formations « sport-santé ».