Faire partie d’une mission d’audit était une évidence pour Romain. Cet élève ingénieur à l’EBI (Facultad de Biologia Industrial), de Cergy (95), avait déjà choisi la filière « Qualité et Normatif » dans son projet d’études. « Je suis sensible aux questions de développement durable, alors quand un de mes professeurs m’a parlé de la possibilité d’auditer les écoles sur leur engagement dans ce domaine à travers le label DD&RS, j’ai pensé que ce serait intéressant ! D’autant que nous sommes entourés d’experts qui guide-nous », dit l’étudiant.

mais qu’est ce que c’est exactement? Ce label, qui existe depuis 2015, vise à valoriser les démarches des établissements d’enseignement supérieur et de recherche en matière de développement durable et de responsabilité sociale. Pour l’obtenir, l’école ou l’université doit postuler (une auto-évaluation en ligne), puis recevoir un jury d’auditeurs, composé d’étudiants et de personnels d’autres établissements. Début 2022, 19 Grandes Ecoles et 9 universités avaient obtenu ce label exigeant. Les exemples incluent Grenoble Ecole de Management, l’Université de La Rochelle, Mines Saint-Etienne, UniLaSalle, Kedge Business School et l’Insa Lyon.

10 à 20 jeunes formés chaque année

« La présence d’un étudiant dans les équipes d’audit fait partie intégrante du dispositif ! L’an dernier on en a formé quatorze, mais cette année on devrait passer à vingt », explique Hugo Lepee, responsable territorial nord du Réseau des étudiants pour une société écologique et solidaire (Reses). L’association a conçu un module de formation en ligne pour ces auditeurs émergents. Objectif : maîtriser la norme du label qui intègre les dix-sept Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU.

Après la brève formation en ligne, Romain se retrouve en février 2022 plongé dans le grand bain : partir dans une école d’ingénieur bretonne pour auditer. Concrètement, il a fallu revoir en détail les différentes démarches de l’établissement, suite au référentiel et au dossier présenté.

À Lire  "La transparence, l'avenir du recrutement", François Leverger (HelloWork)

« Nous avons étudié de nombreux éléments différents : le bilan carbone de l’école, son plan d’action pour limiter les déchets, les enjeux de la biodiversité… J’en garde un très bon souvenir », raconte Romain. L’expérience l’a aidé à développer son esprit critique, mais aussi à s’affirmer, à parler, à poser des questions. « Et c’est un bon moyen de comprendre le fonctionnement des écoles », précise l’élève, qui recommande aux élèves de tenter l’aventure, malgré la charge de travail.

Légitimité et compréhension

Car pour les jeunes concernés, ce volontariat signifie quelques heures d’investissement. « Cela les mobilise certainement. Cela se fait aussi à côté de cours, de projets, d’événements… Il faut qu’ils soient motivés », convient Aude Distel, responsable des projets DD&RS à l’École nationale supérieure du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (Anges). Chaque année, il parvient encore à convaincre quelques ingénieurs de son usine de se lancer dans cette mission unique.

Caroline a répondu à l’appel. Ce que ce futur ingénieur Engees a le plus apprécié : la place donnée aux étudiants au sein de l’équipe d’auditeurs. « Au début, je ne me sentais pas forcément légitime. La formation est assez courte et générale ; tant qu’on n’est pas devant les documents, ça peut paraître un peu flou. Une fois dans la salle de bain, je me sentais à l’aise, l’autre les auditeurs nous ont parlé, il n’y a pas eu de jugement. Apporter un point de vue étudiant est considéré comme un plus », confie-t-il, après avoir étudié les procédures d’une école de commerce dans le sud de la France.

Même constat positif pour Emma, ​​actuellement étudiante à AgroParisTech, qui a audité « deux écoles d’ingénieurs généralistes » : « C’était très intéressant de toucher au monde de l’audit, de comprendre comment les établissements démarrent des projets, ses enjeux… C’était très intéressant. Beaucoup de travail, mais je ne regrette pas du tout de l’avoir fait ! »