Par Pauline Bluteau, publié le 25 octobre 2022

Si, a priori, tous les étudiants peuvent faire une partie de leur cursus à l’étranger, la réalité est bien plus difficile. Les universités expliquent le visage secret du partenariat et les mesures prises pour confirmer (ou non) le départ à l’étranger.

Elise, diplômée d’une licence de langues étrangères, se souvient d’avoir vu son année de voyage s’envoler sans véritable explication : « L’université vient de nous dire qu’il n’y avait pas de place pour tout le monde… ce n’est pas donné quand on part à l’étranger ».

Tous les étudiants ne peuvent-ils pas vivre à l’étranger ? Selon les universités de Paris-Saclay, Aix-Marseille et Strasbourg, plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour comprendre quelles activités sont possibles ou non.

Des destinations choisies en fonction des demandes

Tout commence par une élection nationale. « Il y a beaucoup de choses à relier : d’abord aller sur le terrain pour comprendre les besoins des étudiants et des UFR. Mais il y a aussi le système politique de l’établissement, le droit national, européen et international », explique Irina Nicoleta. Simion, directeur des relations internationales à l’Université de Strasbourg.

Actuellement, les universités misent davantage sur la coopération avec les pays anglophones « car il y a une forte demande », comme le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada. Depuis le Brexit, les universités ont également remarqué un nouvel intérêt pour les pays scandinaves, notamment la Suède.

Au total, Aix-Marseille Université compte 590 affiliés dans 62 pays. A Strasbourg, on compte 735 partenaires dans 73 pays et plus de la moitié sont des échanges Erasmus+.

Cohérence pédagogique

Outre le pays, les relations internationales renforcent également le contenu académique des régions d’accueil. « Quand on regarde nos partenaires, on regarde l’égalité des cours : ce qu’ils proposent est compatible avec ce que nous faisons à Saclay ? Car la volonté est de renforcer l’équivalent français et de faire en sorte que les élèves ne manquent pas le temps », il explique. Yoann Buidin-Ferrer, responsable de la mobilité à l’Université Paris-Saclay.

L’opportunité de suivre des cours que vous auriez eu en France ou d’autres cours. « Certaines UFR cherchent à développer des compétences transférables chez leurs étudiants. Par exemple, les étudiants de la Faculté des Sports sont très désireux d’aller aux Etats-Unis car ce pays offre des opportunités de formation liées au sport qui n’existent pas dans d’autres pays comme l’Amérique Le Canada est attractif pour les étudiants de l’INSPE, de la psychologie ou de la kinésiologie car la formation en sciences de l’éducation apporte de nouvelles approches », explique Irina Nicoleta Simion.

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Cependant, certaines formations sont parfois spécifiques, ce qui rend la navigation difficile. C’est le cas des étudiants en médecine. À Saclay, il n’y a pas de coopération avec le Québec car « la plupart des endroits n’offrent pas de programmes médicaux mais on trouve toujours un changement à proposer aux étudiants », souligne Yoann Buidin-Ferrer.

Combien d’étudiants peuvent partir avec leur université ?

Tout est encore compliqué par la loi de réciprocité qui n’est pas souvent connue des étudiants. Ce n’est pas que les étudiants en droit quittent leur emploi pour aller en Irlande afin que les étudiants en histoire puissent prendre ces places. « Il y a un équilibre dans le nombre de places, c’est à peine illimité, confirme le directeur de l’université Paris-Saclay. Par exemple, avec un collègue à nous à Madrid, on a des accords dans 22 matières, six places en droit, quatre en physique, deux en biologie, deux en mathématiques. »

A Aix-Marseille Université, un tiers du parcours est réservé aux étudiants de la Faculté des Lettres. « Il s’avère qu’il y a peu de places, surtout dans des pays hors d’Europe comme la Corée du Sud par exemple », explique Christine Logier, directrice des relations internationales. « En fait, parfois, nous pouvons défier la loi de restitution. Nous faisons le contraire », déclare Irina Nicoleta Simion.

Une double sélection

Le directeur de l’université de Strasbourg le confirme : il y a souvent plus d’interaction que de mouvement. « Il y a un choix : on pense aux résultats des études mais aussi à la préparation linguistique et culturelle, à la motivation. Ensuite, le partenaire fait aussi son choix. Cela explique pourquoi tous les étudiants n’y vont pas. »

Le directeur des relations internationales d’Aix-Marseille Université alerte également sur le potentiel de ces programmes. « Pour voyager, il faut pouvoir l’assumer financièrement. On ne peut pas mettre l’étudiant en difficulté scolaire ou financière. Il est accompagné d’un accompagnateur au sein de son UFR pour le conseiller dans ses choix, ses études, son comportement… »

Espaces limités, interactions très ciblées, collaboration pédagogique… Vous l’avez compris, si tous les étudiants ont la possibilité d’étudier à l’étranger durant leur cursus, les opportunités peuvent être réduites ou forcées : vous pouvez aussi le faire prudemment. mettre toutes les chances de votre côté.