Opérationnelle depuis janvier à l’hôpital de la Conception (5e), la Maison des femmes de Marseille doit emménager au 165, rue Saint-Pierre d’ici fin 2023. Plusieurs élus et la marraine du projet, Clara Luciani, étaient présents pour une visite des futurs locaux ce lundi 26 septembre.
Elles sont déjà 225 à avoir franchi la porte de l’abri temporaire de la maison des femmes, ouvert en janvier dernier à l’hôpital de la Conception (5e). C’est quelques mètres plus loin, au 165 rue Saint-Pierre, que les femmes victimes de violences pourront bénéficier d’une prise en charge complète dès fin 2023 dans les nouveaux locaux de ce service de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM) . .
Les trois étages de 150 m2 de ce bâtiment mis à disposition par le département, face au centre des P.M.I. (Protection maternelle et infantile), pourra « accueillir en moyenne 50 femmes [par semaine] dans le cadre de consultations, mais aussi d’ateliers pour renforcer l’estime de soi », décrit le professeur Florence Bretelle, responsable de la Maison des femmes à Marseille. Les travaux de réhabilitation, qui ont débuté en mai dernier, ont permis de désamianter les locaux avant qu’ils ne soient reconvertis en lieu de consultation, de soins et d’hébergement.
De nombreux élus, dont le maire de Marseille Benoît Payan et le président de région Renaud Muselier, étaient présents à cette première présentation officielle du site ce lundi 26 septembre, aux côtés de l’équipe fondatrice du projet et de son ambassadrice Clara Luciani. Visite suivie d’une allocution dans les locaux de la Direction Générale de l’AP-HM.
Un modèle pluridisciplinaire unique
Comme sa « grande sœur » à Saint-Denis, la Maison des femmes Marseille Provence va mettre en place une prise en charge globale des victimes, avec la participation de psychologues, psychiatres, gynécologues-obstétriciens, assistantes sociales, avocats… « C’est tout ce petit monde qui fait vivre la Maison des femmes, explique le professeur Bretelle. Nous avons déjà fait plus de 1 000 consultations. Nous commençons par la prudence et nous essayons de les sortir de ce cercle de violence ».
« Nous savons à quel point il est crucial pour ces femmes et leurs enfants d’avoir accès à des services complets et de qualité pour vaincre la violence et se reconstruire », déclare Céline Bonnaire, déléguée générale de la Fondation Kering, première marraine du projet. « C’est un modèle unique de prise en charge multidisciplinaire qui répond de manière extrêmement adaptée aux besoins des femmes victimes de violences », spécialisé dans trois domaines : violences intrafamiliales, violences, femmes enceintes et mutilations.
Comme tient à le souligner Ghada Hatem, fondatrice de la première Maison des femmes en 2016, Marseille est la 6ème maison de ce type en France. « C’est un modèle qui séduit, qui diffuse, qui diffuse : c’est la première fois que les opérateurs assument l’entière responsabilité de la violence et de ses conséquences, et le soin comme porte d’entrée. »
Une marraine engagée
Alors que 122 femmes ont été tuées par leur conjoint en 2021 en France, « le département des Bouches-du-Rhône se classe au 3e rang des appels de la plateforme de signalement des violences 3919 mise en place par le gouvernement, avec 1964 appels en 2020, indique Laurent Carrié, préfet délégué. pour l’égalité des chances. 95% de ces appels étaient liés à la violence domestique.
« C’est très émouvant de savoir que la Maison des femmes et ses patientes ont enfin la place qu’elles méritent », déclare Clara Luciani, marraine du projet. La chanteuse marseillaise a conclu les allocutions officielles en interprétant son tube dédié « La grenade » en compagnie des équipes soignantes de la Maison des femmes. « Si quelqu’un m’avait dit qu’un jour cette chanson aurait cette résonance, que j’aurais la chance de la faire résonner à cette occasion, je ne l’aurais pas cru », confie-t-elle, émue.
770 000 € de travaux
Le coût des travaux de réhabilitation de la future Maison des femmes est de 770 000 € HT, financés par un partenariat public-privé et un appel aux dons. Au total, le projet bénéficie d’une aide de l’Etat d’un million d’euros répartis en plusieurs fonds publics émis par la Région Sud, le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, la ville de Marseille et l’Agence Régionale de Santé Provence-Alpes-Côte d’ Azur.
Ces travaux permettront, entre autres, d’aménager une salle de réunion, une salle d’échographie, un bureau de coworking, ainsi qu’une permanence pour les associations d’aide aux victimes. Il faut ajouter des pompes à chaleur, ainsi qu’une plateforme d’accès PMR et un ascenseur. La Maison des femmes pourra emménager dans ses locaux définitifs dès la fin des travaux, prévue en novembre 2023.