« La Guadeloupe est trop belle pour devenir une poubelle ». Depuis plusieurs années, de petits panneaux colorés fleurissent sur l’île, appelant à la propreté, alors que le traitement des ordures ménagères pose problème et que les décharges sauvages fleurissent.

C’est l’association Clean My Island, un « rassemblement éco-citoyen », qui est à l’origine de ces messages. Depuis quelques années, il a réuni des centaines de personnes pour nettoyer des hectares de dépotoirs sauvages qui foisonnent en Guadeloupe.

Une des causes de ces dépôts d’ordures : les déficiences de la gestion locale des déchets, notamment l’absence de poubelles de tri et le financement compliqué des prestataires de collecte par les collectivités locales.

Si certaines collectivités ont un système de collecte porte-à-porte, ce n’est pas le cas partout. Selon l’Observatoire Régional des Déchets et de l’Economie Circulaire (Ordec), en 2019 « 98% de la population est couverte par un service de collecte sélective des emballages ménagers volontaires et 56% de la population est couverte par un porte-à-porte sélectif ». le recueil ».

Selon l’Ordec, en 2019, chaque habitant a produit 558 kg de déchets, soit 184 kg de plus par personne que la moyenne nationale. Au total, en y ajoutant déchets verts, encombrants, véhicules hors d’usage, etc., l’île a produit 380 000 tonnes de déchets en 2019, dont 58 % enfouis, selon la même source.

Mais les centres d’enfouissement arrivent à « saturation », explique Sylvie Gustave dit Duflo, élue régionale en charge de l’environnement, et spécialiste du dossier, alors qu’une nouvelle cellule d’enfouissement est en cours de construction sur la décharge de la Gabarre, près de Pointe-à- -Pitre, pour pallier l’absence d’autre solution.

« La valorisation des déchets progresse significativement (+41%) par rapport à 2015 », précise l’Ordec, et en 2019 « 42% de ces déchets ont été réceptionnés pour être valorisés », soit 161 551 tonnes de déchets verts et plastiques recyclables, « dont plus de la moitié en Guadeloupe ». Le reste est acheminé par barges vers des territoires qui disposent d’unités pour les traiter.

En 2020, la Région Guadeloupe s’est fixé pour objectif de devenir un « territoire zéro déchet d’ici 2035 », et est maître d’ouvrage pour la construction de 8 déchetteries dans les communes de Basse-Terre, très démunies en matière. Et ce, même si la question des déchets ne relève pas des compétences régionales.

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En 2021, la Région Guadeloupe s’est également érigée en « pilote » pour la consigne des bouteilles et autres emballages, qui devait être généralisée sur le territoire français en 2023. Mais, fin 2022, rien n’est encore effectivement mis en place. carré.

En cause, selon des sources concordantes, des problèmes de gouvernance entre collectivités et éco-organismes, de financement, la question du maillage territorial pour organiser la collecte, et le choix divergent des collectivités et des commercialisateurs de matériaux recyclés.

En Guadeloupe, « nous continuons à travailler pour une mise en place en 2023 » du gisement assure Sylvie Gustave-dit-Duflo, pour qui « ce serait une vraie solution pour notre territoire ».

En outre, les autorités locales travaillent à l’installation d’usines de combustibles solides de récupération (CSR). En brûlant des déchets dans la centrale thermique d’Albioma, qui vient de convertir son four à charbon en four à biomasse, la Guadeloupe pourrait produire de l’électricité jusqu’à 10% du mix énergétique local, dont près de 80% provient d’énergie fossile (pétrole) .

La construction de deux unités qui brûlent des déchets pour fabriquer du combustible pour la centrale thermique, en plus d’être une solution à l’enfouissement des déchets, permettra de produire du combustible localement alors que les coûts des matières premières fluctuent. Ce serait aussi une solution à « l’augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes », rappelle Laurent Poulain, responsable de la branche économie circulaire de l’Ademe Guadeloupe.

Ces deux unités représentent 40 millions d’euros d’investissement chacune et devraient sortir de terre dans les 2 à 3 prochaines années.

Il reste aux collectivités territoriales à déterminer le parcours des déchets à acheminer vers l’usine, notamment celle de Basse-Terre qui ne dispose pas d’installations pour la gestion de ses déchets. Le coût des transports pourrait bien être une nouvelle pierre des finances publiques locales.