Chaque semaine, Largescreen présente les cinémas et sélectionne quelques sorties et films incontournables (en bien ou en mal). Avec Viola Davis en guerre, le traumatisme vire à l’horreur et à la dernière Palme d’or au Festival de Cannes.
THE WOMAN KING
De quoi s’agit-il : Au XIXe siècle, le royaume du Dahomey est entouré de voisins hostiles et d’une force esclavagiste prête à le renverser. Il ne devait sa survie qu’à la bravoure d’un guerrier hors du commun.
Pourquoi faut-il le voir : Parce qu’au-delà du discours de son temps, qui veut faire un grand geste politique, The Woman King est tout simplement un divertissement qui sait utiliser le budget et cela signifie le meilleur pour assurer une performance solide. C’est la force et les limites claires de l’entreprise : ne jamais décevoir, mais aussi constamment révéler que l’entreprise est aussi noble que le premier vendeur de pop-corn à venir.
En revanche, Viola Davis et Lashanna Lynch rencontrent souvent une écriture de caractère faible ou systématique. Sans doute amusés par le scénario qui fait la part belle aux performances physiques et à une mise en scène qui n’a d’autre ambition que de les démultiplier, ils se livrent à un duel de charisme aussi ludique que terrible. La démesure magnétique de leur prestation reste le meilleur avocat de notre film, à la fois récit combatif d’une émancipation attendue, et spectacle hollywoodien sympathique, peut-être inconscient de son kitsch retrouvé.
SANS FILTRE
Qu’est-ce que c’est : Après la Fashion Week, le couple de mannequins et d’influenceurs Carl et Yaya sont invités à bord d’un yacht pour une croisière de luxe. Mais les vacances de rêve vont vite prendre une tournure inattendue.
Pourquoi le voir : Parce qu’il est rare de voir une Palme d’or au cinéma, cela arrive environ une fois par an. Blague à part, il est particulièrement rare que le Festival de Cannes couronne une comédie du plus grand prix, et fait de Sans filtre un objet étrange. Ruben Östlund revient, après sa première Palme d’or pour The Square, avec une satire délirante des élites, jonglant entre le burlesque, le politiquement incorrect et le gros mensonge.
Sans surprise, le réalisateur continue de jouer au morveux avec son Unfiltered et des tas de scènes maladroites, aboutissant à une scène de dîner aqueuse et baveuse. Doté d’une mise en scène solide, le cinéaste suédois s’amuse à enflammer ses personnages pour les moquer, les ridiculiser, les humilier. Et aussi insolite soit-elle, il est fort probable que le public éclatera de rire devant la Palme d’Or. Comme quoi, Ruben Ôstlund veut vraiment tout faire exploser.
LA SORTIE QU’ON VA RATTRAPER
SMILE
Qu’est-ce que c’est : Un psychiatre qui commence à remarquer des choses étranges après qu’un de ses patients ait eu un accident. Bon et a priori, il y a aussi beaucoup de gens qui rigolent.
Pourquoi on veut se rattraper : Sur le papier, Smile ressemble au peuple de millions de films d’horreur américains plus ou moins approuvés par une bande de marketeurs censés scruter les désirs intérieurs des ados (quelques jump-scares et stories Instagram). Le ressort de ce machin rappelle même l’insupportable Action ou Vérité, qui a collé un sourire numérique digne d’un filtre Snapshat à son antagoniste, faute de menace réelle.
À l’exception de la bande-annonce qui est arrivée depuis et qui comporte des plans assez dérangeants, ce qui semble pousser le concept un peu plus loin que prévu. Ajoutez à cela que la classification traditionnelle PG-13 est absente (elle est réservée aux enfants de moins de 12 ans avec un avertissement ici) et que le premier retour est relativement fougueux et nous vous garantissons que vous attraperez moins d’anxiété que d’habitude.
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