Défis – Comment l’aventure Division a-t-elle commencé ?
Arno Moria – Nous sommes partis en 2010 avec l’intuition que l’émergence des plateformes vidéo apporterait de la créativité aux formats vidéo. Nous venons de sortir d’une période de carence créative due à l’arrivée du MP3 et au changement de format de M6 et MTV, qui sont devenues des chaînes de télé-réalité.
Nous concevons, réalisons et produisons des vidéoclips pour des artistes internationaux tels que Kanye West et Pharrell Williams. Nous produisons également des films de mode pour Mugler, Burberry, Lanvin et Etudes ; mais aussi des films publicitaires pour des agences de communication de marques mondiales comme Heineken, H&M ou L’Oréal. Avec notre équipe de 25 collaborateurs, nous pouvons mobiliser très rapidement des équipes de 40 à 400 personnes. Notre identité passe avant tout par l’innovation créative.
Comment avez-vous acquis cette dimension internationale ?
La trilogie de clips que nous avons réalisée pour le groupe électro français M83 a été un moment important de notre histoire. Elle a influencé la série Stranger Things et le film Midnight Special. Il y avait aussi Pursuit, de Gesaffelstein, filmé en plusieurs plans-séquences arrière. Ce concept a été repris par les agences de publicité du monde entier. Puis il y a eu les clips de Drake, Travis Scott ou ASAP Rocky. C’est grâce à ces productions que d’importantes marques internationales telles que Nike ou Apple sont venues à nous.
Votre business model est-il basé sur un système de commission ?
Oui, nous obtenons entre 20 et 25 % sur chaque budget que nous gérons. Ils varient entre 40 000 euros pour un clip indépendant et 4 millions d’euros pour de très grosses campagnes internationales. Chaque année, nous produisons jusqu’à 120 projets.
Lire aussi Logical Pictures vise la Palme d’or avec le film d’un adversaire russe
Quels sont vos axes de croissance ?
En 2021, nous avons atteint 40 millions de chiffre d’affaires. Cette année, nous atteindrons 50 millions. Nous avons de plus en plus de projets venant de l’étranger, principalement des États-Unis et du Royaume-Uni. En 2021, l’international représentait 25% de notre chiffre d’affaires ; au premier semestre 2022, il était déjà de 35 %.
Vous avez reçu plus de 250 récompenses. Cependant, la marque Division est peu connue du grand public. Pourquoi?
Notre modèle économique est le B to B. Le grand public n’a pas besoin de nos services. Mais toutes nos vidéos portent la marque « Producted by DIVISION » et ont plus de 3 milliards de vues sur toutes les plateformes.
Vous avez récemment coproduit le film Les Cinq Diables, de Léa Mysius, sorti le 31 août. Pourquoi vous lancez-vous dans la fiction ?
La fiction est notre prochain axe de développement. Nous avons une dizaine de projets à divers stades de développement. Notre objectif est de soutenir deux films par an. La fiction nous permet de développer notre identité et de gagner en notoriété.
Un rêve artistique : le cinéma.
Lire aussi La plateforme de storytelling audio Sybel signe un partenariat avec le RED de SFR