Le 30 novembre, la Direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts invitera les acteurs de la politique sociale à venir échanger sur le thème de la jeunesse dans une société aux multiples enjeux et défis (travail, environnement, logement, santé). Rencontre avec Michel Yahiel, directeur des politiques sociales à la Caisse des Dépôts.

Quelle est la situation de la jeunesse en 2022 ?

Michel Yahiel : « La jeunesse » est un concept démographique qui a sa pertinence, mais qui ne tient pas compte de la différence entre les circonstances familiales, sociales, géographiques ou économiques. Bref, il n’y a que beaucoup de jeunes; il est difficile de décrire la situation homogène de la jeunesse pour dire qu’elle ne va pas si bien, ou qu’elle va mieux. Or, on sait que lorsque la société traverse plusieurs crises, ce sont les jeunes qui en subissent les impacts plus que les autres catégories. C’est pourquoi chacun doit se mobiliser dans son sens : pouvoirs publics, acteurs économiques et sociaux comme les entreprises.

Quelles sont les politiques publiques insuffisamment connues des jeunes sur lesquelles ils pourraient davantage s’appuyer pour mieux avancer ?

MY : Pas le seul, mais surtout le Compte Personnel de Formation (CPF). Aujourd’hui, nous avons ouvert 38 millions de comptes pour les actifs de plus de 16 ans. L’utilisation de ce compte est encore peu répandue chez les jeunes par rapport aux autres catégories de la population. Or, si l’on regarde par exemple les catégories de jeunes qui ont le plus de difficultés, souvent des jeunes issus des quartiers politiques de la ville, on s’interroge souvent sur leur insertion sociale et professionnelle, sur leur insertion dans le cursus de formation . , également la possibilité de créer leur propre entreprise.

C’est également vrai dans les zones périurbaines ou rurales, où les services publics sont assez éloignés et difficiles d’accès. Par exemple, les jeunes ne fréquentent pas souvent les Maisons de Service au Public (MASP) qui donnent des conseils très utiles en matière sociale notamment.

Qu’est-ce que la Caisse des Dépôts politiques sociales ? Et comment permet-elle d’aider les jeunes ?

MY : La direction des politiques sociales est l’une des grandes directions de la Caisse des Dépôts, avec la Banque des Territoires. Nous abordons les politiques sociales, l’activité traditionnelle liée aux retraites de la fonction publique, la formation professionnelle et surtout le Compte Personnel de Formation à partir de 2016 et surtout à partir de 2019, ainsi que d’autres activités ultérieures dans les secteurs du handicap, de la vieillesse et de la santé.

Les jeunes sont a priori moins préoccupés par les retraites, mais beaucoup de jeunes sont préoccupés par le Compte Personnel de Formation et la formation professionnelle. Le CPF est largement utilisé de nos jours dans le passage au permis de conduire, très nécessaire à l’emploi. Dans le domaine de la formation, nous avons également piloté un appel à projets pour le Plan d’Investissement Compétences (PIC) qui devait préparer les jeunes aux dispositifs d’apprentissage.

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Quels sont les objectifs que se fixe la Caisse des Dépôts politiques sociales en faveur des jeunes ?

MY : Nous avons déjà à nous soucier de l’accès aux droits, pour les jeunes et tous les autres citoyens. Les jeunes ont la possibilité de recevoir des aides de différentes natures, par le biais des politiques familiales ou de santé, ou par le biais de l’assurance-chômage. L’accès au droit passe souvent par des plateformes, l’utilisation du numérique qui vise à simplifier la complexité des procédures. Les jeunes sont naturellement plus à l’aise avec le numérique, et fort de notre expérience des terminaux, nous souhaitons les empêcher de recourir aux droits et les inciter à « aller vers ».

Quels sont les grands chantiers sur lesquels vous aimeriez mieux mobiliser d’autres acteurs publics comme privé ?

MY : Tous les grands projets ne s’adressent pas aux jeunes, mais ils ont tous une composante qui les concerne. Par exemple, dans la course à l’indépendance qui anime de nombreux jeunes, on sait que l’accès au logement est l’un des freins majeurs, ce qui pose problème en milieu urbain puisque même les jeunes ont du mal à se retrouver en couple et avec un emploi stable. . logement. Cependant, lorsque vous avez des difficultés avec les trajets quotidiens, cela peut être une corvée dans votre travail.

Grande démission, besoin de sens, comment remobiliser les jeunes dans le travail ? Comment réconcilier les besoins du marché du travail avec la quête de sens de la nouvelle génération ?

MY : Les jeunes ont toujours eu les mêmes motivations, le même sentiment de rébellion parfois : je ne pense pas qu’ils soient très différents dans leur rapport à la société des générations précédentes au même âge. Ce qui est vrai, concernant la recherche de sens et l’état du marché du travail, c’est que la situation est plus difficile depuis la fin des Trente Glorieuses. Les enjeux n’étaient pas les mêmes pour les baby-boomers car le travail était abondant. Aujourd’hui, il est plus difficile de trouver du travail, même si la situation s’est améliorée après le Covid.

De nombreux chefs d’entreprise nous disent ne pas trouver preneurs pour certains métiers. Le problème n’est pas forcément la « démission massive » mais que les métiers sont difficiles, sous-évalués et sous-payés. Ce qui était acceptable quand il y avait un taux de chômage plus élevé l’est moins aujourd’hui. Au fond, l’attractivité de ces métiers reste un des problèmes.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la jeunesse ?

MY : Il faut transmettre un message d’espoir et de confiance ancré dans la réalité. Il vaut mieux être jeune en France aujourd’hui que dans bien d’autres endroits. Il y a beaucoup d’opportunités, de difficultés bien sûr, mais aussi beaucoup d’outils à leur service, il faut les rendre mieux informés, plus accessibles, mieux connectés et il faut savoir oser. Les parents, et même tous les adultes, doivent pouvoir aider les jeunes, quel que soit leur profil, à prendre des initiatives, à prendre des risques et à découvrir des choses. Tout ce qui amène les jeunes à être responsables de la prise de décision publique peut être particulièrement utile.

Nous souffrons de trop de dispositifs, de leur empilement et de leur fragmentation, et il serait sans doute plus pertinent de s’appuyer sur d’autres échelles pour mener des politiques publiques au cœur des bassins d’emploi afin que chacun puisse se former et trouver ensuite des débouchés plus proches de chez lui. .

Un mot sur l’évènement Pour des Politiques Sociales Innovantes (POPSI) dédié à la jeunesse, qui se déroulera le 30 novembre prochain ?

MY : Nous avons voulu articuler notre vision du rôle de la Caisse des Dépôts dans les domaines du travail, de l’environnement, du logement et de la santé, avec les besoins exprimés. Nous souhaitons également asseoir le concept d’innovation, dans lequel les jeunes sont impliqués, et envisager l’adaptation possible d’un certain nombre d’outils, de dispositifs et d’approches. Des spécialistes et des responsables publics ont été invités à partager leurs analyses et, le cas échéant, leurs expériences réussies pour éclairer, dans un échange ouvert et collectif, les champs de possibles les plus pertinents.

Pour vous inscrire à l’événement POPSI, c’est ici !