Croissance sobre, transition écologique, revalorisation du travail… Un tour d’horizon de la situation économique pour Pierre Ippolito, président des patrons de la Côte d’Azur en déplacement à Paris pour le REF22.
Publié le 05/09/2022 09:50, mis à jour le 05/09/2022 09:34
Accompagné d’une vingtaine d’entrepreneurs de la Côte d’Azur, Pierre Ippolito a participé pour la première fois à la Rencontre des entrepreneurs français – REF22, ancienne université d’été du Medef – à Paris en tant que Président de l’Union pour la Compagnia delle Alpi Marittime (UPE06). Son avis, notamment, sur la sobriété énergétique annoncée par la Première ministre Elisabeth Borne.
Quel est votre avis sur cette REF ? & # XD ;
Je suis agréablement surpris par l’énergie que nous ressentons. Nous sommes plus proches dans l’esprit d’un congrès de jeunes leaders que dans l’inter-ego d’un corps syndical historique. Quinze ministres se sont exprimés lors du REF : cela démontre l’importance de la question économique et du Medef. Je suis très satisfait de l’image que cela peut représenter de l’entreprise.
Vous étiez accompagné du bureau UPE06 récemment élu… & # xD;
C’était l’occasion pour chacun de se connaître, de créer des liens car les membres du bureau viennent tous d’horizons différents. C’est ce mélange de secteurs et de générations qui fait sa force.
Le discours d’Elisabeth Borne n’était pas très optimiste. Quel est le moral des entrepreneurs de la Côte d’Azur ? & # XD ;
Selon une enquête du Medef, près de 72% sont optimistes quant à leur activité. Quant à l’environnement économique, ils ne sont qu’un sur deux. Cela se comprend car l’inflation et les tensions géopolitiques ne sont pas du ressort du dirigeant : il ne les contrôle pas et cela l’inquiète.
Cependant, son carnet de commandes à court terme est toujours solide, mais il existe un risque d’inactivité durant ce quinquennat. C’est ce que j’ai entendu lors du discours très général du premier ministre. Je n’ai perçu aucun désir de me mouiller avec des réformes concrètes pour l’économie et les affaires. On attend la réforme de l’assurance-chômage, mais j’ai peu d’espoir.
L’accent a été mis sur la sobriété : les entreprises doivent collectivement économiser 10% de leur consommation de gaz, d’électricité, de fioul… & # xD ;
J’aurais préféré qu’il mette l’accent sur la revalorisation du travail et de l’emploi plutôt que sur la sobriété. Ce qui est nécessaire parce qu’il est de courte durée… L’État n’accepte pas intellectuellement que le secteur privé et les entreprises assument ses missions régaliennes.
Dans l’absolu, les chefs d’entreprise n’ont pas à le faire, mais dans une situation complexe et de crise, l’État doit prendre conscience qu’il peut être remplacé et intégré. Il doit laisser l’entreprise libre de ses actes, de ses prises de risques.
C’est ce qu’a soutenu Geoffroy Roux de Bézieux dans son discours d’ouverture à la REF.& # XD;
Oui, mais face à l’Administration et au gouvernement il est clair que nous n’avons pas les mains libres.
Élisabeth Borne veut créer une référence en matière de sobriété en entreprise.& # XD;
C’était la seule proposition concrète de son discours. Cela a du sens car les entreprises doivent se former à cette notion de transition énergétique. Auparavant, il y avait une prise de conscience mais pas d’action parce qu’il n’y avait pas d’urgence. Les gestionnaires étaient plus préoccupés par les problèmes de recrutement et de trésorerie. Avoir un référent sobriété vous permettra de vous structurer en interne.
Je propose à la Chambre de Commerce et d’Industrie Nice Côte d’Azur (CCI NCA) de mettre en place un groupe de travail pour déterminer les bonnes pratiques sur la sobriété énergétique et réaliser ces économies de 10%. Ensuite, vous devrez initier un audit énergétique de chaque entreprise et proposer à votre responsable un parcours d’accompagnement.
Est-il nécessaire d’avoir une croissance sobre ? & # XD ;
Force de propositions
Je crois à une croissance créatrice de valeur mais avec un spectre plus large sur l’écologie. Les métiers autour de la transition écologique (conseil, services, industrie…) explosent. Il y a aussi une logique économique car la transition écologique est une opportunité. Au sein de mon entreprise [Groupe Ippolito, ndlr], nous construisons un plan décennal de transition énergétique sur les panneaux photovoltaïques car les retours sur investissement sont de plus en plus importants.
« On n’a pas besoin de leçon »
Geoffroy Roux de Bézieux a indiqué qu’il faudrait investir annuellement 40 milliards d’euros supplémentaires pour atteindre les objectifs de la transition écologique, soit 20% d’investissement en plus pour les entreprises. Qui va payer ? & # XD ;
Si nous voulons continuer à investir dans cette transition écologique, les banques devront apporter des financements spécifiques. Il va falloir déterminer de nouvelles règles de levier car certaines entreprises doivent déjà rembourser leur PGE. Une des pistes pourrait être de dire que l’investissement pour la transition écologique ne fait pas partie de ces calculs. Les entreprises pourraient investir sans être pénalisées par la sortie du Covid. Les dirigeants ne devraient pas avoir à choisir entre l’emploi, la durabilité des entreprises et la transition écologique.
L’État devrait laisser l’entreprise & # xD;