Denis Now : Le marché nantais est très différent, mais pas nouveau, et les prix varient de 2 500 euros à plus de 6 000 euros le mètre carré selon les quartiers. Depuis la rentrée, j’ai pourtant l’impression que le marché se complique de plus en plus. J’ai remarqué que les prix ont légèrement baissé par rapport au mois de juin.
Alors que la période post-Kovid était « folle », les ventes se faisaient en quelques jours, jusqu’à 10 jours, le délai de vente est désormais compris entre un et trois mois. Elle est en baisse même dans les quartiers les plus prisés, comme Canclaux, Zola, Monselet, Hauts-Pavés, Talensac ou Saint-Félix.
My Sweet Immo : Les conditions d’octroi des crédits pénalisent-elles les ventes immobilières à Nantes ?
Denis Now : Oui, et en général la baisse du pouvoir d’achat des ménages se fait sentir. Les acheteurs ont tendance à marchander davantage, y compris les biens non défectueux. Les propriétaires commencent à comprendre qu’il faut retourner à la négociation.
Cependant, nous sommes actuellement dans un marché de « bonnes affaires » entre les deux parties, avec un équilibre, et les acquéreurs ne sont pas encore en force significative.
Cela n’empêche pas certains d’essayer d’en profiter. Par exemple, je suis en train de vendre un appartement aux Sorinières : un appartement 3 pièces de 68m², dans une jolie résidence avec une grande terrasse sud-ouest, à vendre à 279.500€ FAI (4110€/m²). . Un acheteur a fait une offre de 249 500 euros : une telle négociation n’était pas pleinement justifiée dans ce cas, car le bien ne présentant aucun défaut, l’offre n’a donc pas été prise en considération. Il y a un comportement très opportuniste de certains acheteurs qui tentent de profiter de la tendance baissière pour faire des offres très agressives. Le seul résultat est de clore la discussion.
My Sweet Immo : Est-ce que le marché se comporte de façon identique pour toutes les tranches de prix ?
Denis Now : Non, en fait. Je remarque la différence entre le marché des biens entre 200 000 et 350 000 euros et ceux entre 500 000 euros. Dans la tranche haute, la question du financement se pose moins et les ventes sont plus faciles, avec moins de négociation et un temps de vente plus court.
Pour les « petits » biens en revanche, la question du crédit est essentielle : aujourd’hui, le courtier en crédit avec qui je travaille depuis des années me confirme qu’il refuse près d’une demande sur deux. Cela nous amène à recevoir des offres basses, « pour rentrer dans le budget », mais qui ne correspondent pas aux prix du marché. A Canclaux par exemple, il faut compter entre 5 000 et 6 000 € pour une maison avec jardin d’un mètre carré, le bien le plus recherché, plus de 6 000 €/m² pour certains biens du quartier des Hauts-Pavés. A Saint-Félix, les anciens Parisiens le préfèrent pour son animation et sa proximité avec le centre.
My Sweet Immo : Quelles sont les solutions pour les ménages qui dépassent le taux d’effort ?
Denis Now : Les maisons qui ne peuvent plus s’acheter à Nantes, du fait de la hausse des prix de la période post-covid, alors que les nouveaux habitants se sont multipliés, acquièrent des biens à l’extérieur. Les Sorinières, particulièrement bien situées et bien équipées, est une petite ville dynamique avec de nombreux commerces, qui commence à prendre de la valeur. Ici vous pouvez trouver les dernières propriétés de 3 500 € à 4 000 €/m².
A Rezé, il y a un « marché d’achat raisonnable » car on peut encore y acheter des biens à moins de 3 000 €/m², mais ils sont plus difficiles à vendre que l’an dernier. Par exemple, je vends un appartement de 82 m² qui se serait vendu rapidement il y a un an. Après une baisse de 11% du prix de vente, il a trouvé preneur mais avec une négociation supplémentaire de 1,34%, soit 2 715 €/m² au lieu des 3 049 € initialement prévus.
My Sweet Immo : Pouvez-vous nous détailler vos dernières ventes à Nantes ?
Denis Now : A Petit-Port, à deux pas de l’hippodrome et des transports, une maison de 146 m² sur un terrain de 308 m² a été vendue en deux semaines et sans négociation pour un prix de 665 000 FAI, soit 4 555 €/m². L’acte authentique a été signé le 7 juillet. En avril dernier, j’ai vendu une maison de 142 m² sur un grand terrain de près de 1 000 m² en une journée pour 566 800 € FAI (3 992 €/m²). Il se trouve à 200 mètres du bord d’Edre, dans le quartier Gachet. Fin août, j’ai vendu un appartement de 87 m² avec terrasse entre le Pont du Cens et le haut du boulevard Schuman en trois mois. L’appartement disposait d’un parking souterrain et coûtait 277 700 euros (3 192 euros/m²). Au final, il a été vendu avec une négociation de 3 200 euros, soit 3 155 euros le mètre carré.
Merci à Denis Orain, consultant immobilier chez De La Cour au Jardin, pour cette analyse pointue du marché immobilier nantais.