Heineken mise sur la bière produite à Paris

Publié le 5 septembre 2019 sur 13.10. Mis à jour le 6 septembre 2019 à 09.34.

Le coq gaulois peut chanter fièrement. Dix ans après sa création, la brasserie artisanale basée à Pantin (Seine-Saint-Denis) a annoncé jeudi avoir signé un partenariat avec Heineken France. Le brasseur, numéro deux mondial de la bière et numéro un français, va prendre une participation minoritaire, mais non divulguée, dans la capitale des Gaules.

L’objectif : permettre à la petite entreprise de 15 personnes de « multiplier par cinq sa production », explique Jacques Ferté, l’un des deux fondateurs. Pour ce faire, Gallia prévoit d’ouvrir une nouvelle brasserie à l’automne 2020 à Sucy-en-Brie dans le Val-de-Marne, créant au passage une dizaine d’emplois. Elle aura une capacité de production de 50 000 hectolitres. A titre de comparaison, la brasserie artisanale parisienne a commercialisé pas moins de 7.850 hectolitres l’an dernier, pour un chiffre d’affaires de 2,4 millions d’euros.

Une approche peu habituelle

Une approche peu habituelle

Du côté de Heineken France, l’équation était simple. « Dans un marché de la bière en croissance depuis plus de cinq ans, le secteur qui dépasse les +20%, c’est le secteur du « craft » (bière artisanale, ndlr) », explique aux « Echos » Pascal Sabrié, le président de la filiale française du brasseur . Cette catégorie de bière représente entre 5 et 6 % des 23,5 millions d’hectolitres consommés en France en 2018.

Mais si le groupe néerlandais a multiplié ces dernières années les partenariats de distribution avec des microbrasseries, il n’était pas encore véritablement présent dans le secteur. « Prendre une participation minoritaire n’est pas une approche courante pour nous. D’habitude on rachète », reconnaît Pascal Sabrié. Mais pour le président de Heineken France, la démarche avait du sens. « Pour que ces types de brasseries aillent jusqu’au bout, elles doivent rester indépendantes. »

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Un challenge

Un challenge

Collaborer avec un géant de la bière comme Heineken peut vraiment être un défi pour un brasseur artisanal. « C’est un défi », reconnaît Jacques Ferté. Mais nous restons les maîtres à bord et nous gardons la main sur la marque et surtout sur nos bières artisanales. Pour entretenir cet état d’esprit, le site de production historique de Pantin va se transformer en lieu d’expérimentation pour créer des séries « plus créatives », voire « éphémères », toujours sous la direction de leur maître brasseur, Rémy Maurin.

Dans un marché de la bière artisanale devenu ultra-concurrentiel avec pas moins de 1 500 microbrasseries référencées en France, Gallia entend ainsi conforter sa position de « Capital Beer ». La marque a été créée en 1890 et a été abandonnée à la fin des années 1960. « Quand nous l’avons repris il y a dix ans avec Guillaume Roy, notre ambition était de donner une bière à Paris. Toutes les grandes capitales du monde en avaient une, à part Paris », se souvient Jacques Ferté, alors âgé de 26 ans.

Jacques Ferté, 36 ans, et Guillaume Roy, 35 ans, ont repris la marque Gallia il y a 10 ansGallia

Développer le réseau

Développer le réseau

Un état d’esprit qui a convaincu Heineken France d’apporter, de son côté, son expérience industrielle et d’ouvrir son réseau de distribution. Actuellement, les 25 références de bières produites par Gallia sont commercialisées principalement dans les cafés, hôtels et restaurants. La marque est également présente dans certains magasins Franprix de la capitale. Il sera disponible dès l’automne 2020 dans les magasins Monoprix. Une première étape avant peut-être de s’étendre à tous les grands distributeurs français hors Paris.