Publié le 14 novembre 2022 à 18h44. Mis à jour le 15 novembre 2022 à 9h23.

Heineken s’apprête à se séparer d’une place importante de son histoire en France. Située en périphérie de Strasbourg, la brasserie Schiltigheim, « première sélectionnée par la maison mère (d’Amsterdam) pour s’installer en France en 1972 », fermera ses portes « d’ici trois ans ».

Dans un communiqué, le groupe néerlandais justifie sa décision par « les nombreuses contraintes auxquelles l’usine est soumise », l’incapacité à supporter des « extensions », « des coûts de production élevés dus à certains équipements obsolètes » et « une stratégie de diversification industrielle qui n’a pas porté ses fruits ».

Le numéro deux mondial du secteur a également évoqué une « diminution des parts de marché » en raison de « l’augmentation des coûts des matières premières et de l’énergie » ainsi que de l’impact de la crise sanitaire du Covid-19. Dans les restaurants, cafés et hôtels français, il estime que ses parts sont passées de 28,9 % en 2016 à 23 % en 2021.

La fermeture de la brasserie, qui a produit 1,46 million d’hectolitres de bière l’an dernier, menace 220 emplois. « Le dialogue social sera une priorité pour les prochains mois », a indiqué le groupe, qui espère obtenir un « accord collectif » sur le Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).

« Coup de massue »

La production de Schiltigheim sera transférée dans deux autres usines Heineken en France, à Mons-en-Baroeul (Nord) et Marseille (Bouches-du-Rhône). Elles bénéficieront d’un plan d’investissement de 100 millions d’euros pour les agrandir et « améliorer (leurs) performances environnementales ».

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Rachetée en 1996, la bière Fischer, dont l’identité alsacienne est un argument marketing, restera produite localement dans une « microbrasserie ».

« Ce projet, visant à concentrer notre outil de production sur deux brasseries au lieu des trois actuelles, est essentiel pour assurer notre compétitivité à long terme en France. […] Nous analyserons également attentivement toute offre d’acquisition du site qui pourrait nous être proposée », a déclaré Pascal Gilet, PDG de Heineken France, dans un communiqué.

A Schiltigheim, les ouvriers interrogés par l’AFP ne parlent que de « demi-surprise » face au manque d’investissement « depuis plusieurs années ». « C’est un coup dur pour tout le monde », a déclaré Didier Deregnaucourt, délégué CGT. Une grève est prévue mardi.

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