« Le tampon ne se garde jamais du jour au lendemain, il est changé toutes les quatre heures, sinon il y a un risque de choc au poison », explique devant un groupe de cinq ou six collégiennes, une étudiante en médecine. Nous voici au collège Emile-Zola de Suresnes (Hauts-de-Seine), dans une salle pleine de petites filles dont les quatre animatrices expliquent l’importance de leur corps. Pertes blanches, mycoses, vulve, menstruations… Pendant 30 minutes, les voici équipées d’idées importantes pour leur vie intime. Et en récompense après cette demi-heure d’attention, une culotte menstruelle offerte.

L’opération « Toutes Culottées », lancée par le département des Hauts-de-Seine et l’Institut des Hauts-de-Seine, vise à distribuer 25 000 culottes menstruelles à toutes les lycéennes du département, de 5 à 3 ans. Quatre-vingt-dix-huit collèges ont été touchés et une dizaine ont déjà participé à l’opération, à la fois pour résoudre le problème de l’absence de règles – en France, deux millions de femmes et de filles déclarent ne pas avoir les moyens de s’acheter régulièrement des protections hygiéniques – et la problème environnemental : dans sa vie, en moyenne, une femme jette 10 000 à 15 000 produits d’hygiène.

« J’ai appris comment mettre un tampon »

Petit avantage de la distribution de culottes, c’est qu’elle s’accompagne d’un véritable entraînement, ce qui a évidemment la cote auprès des jeunes filles. C’est selon Bénédicte de Kerprigent, directrice générale de l’Institut des Hauts-de-Seine, car « ils n’ont pas ce savoir-faire dans leur famille ». Et bien sûr, quand on leur demande, une demi-heure d’explication est très polie. « J’ai appris à insérer un tampon », raconte Safaa, 13 ans, en 4e année. « Je l’ai trouvé utile. Sortir blanc, ou pourquoi on suit l’heure, je ne savais pas », ajoute Eglantine*, qui voit comme Safaa que leurs enceintes sont « bonnes et très claires ».

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« Nous levons beaucoup de restrictions concernant les déplacements de cette hygiène rendue invisible. Faute de temps, les médecins n’en parlent jamais, on ne parle pas de pertes blanches, d’infection fongique, etc. Là, ils ont une information complète qui évite les idées fausses », commente Bénédicte de Kerprigent. En effet, « même en classe de troisième, ils voyaient souvent des choses fausses », confirme Lisa, une étudiante sage-femme de 28 ans, qui a récemment donné une petite leçon à des jeunes filles interrogées par 20 Minutes. « Je pense que c’est important d’en parler pour qu’ils ne s’inquiètent pas », ajoute Lisa. Et avoir une culotte menstruelle aide toujours ! »

« Je suis contente qu’on m’en offre une »

Outre les nouvelles connaissances acquises, de nombreuses collégiennes repartent avec l’envie d’essayer la culotte mensuelle qu’on leur a offerte, de la marque Blooming, fabriquée en France. « Je ne l’ai jamais utilisé auparavant, ça m’a donné envie. Ça évite le gaspillage, je comprends l’écologie. Le problème, c’est le prix du pantalon [il coûte entre 15 et 30 euros pièce]. Je suis content qu’on me l’offre, » dit Nada, qui a 4 ans.

Si l’envie de réessayer, il y en a d’autres : « J’avais déjà essayé mais je n’aimais pas ça. J’avais l’impression d’être un torchon, que j’ai de fausses fesses, libère Eglantine, provoquant tous les rires. Je vais revoir. »