Publié le 17 novembre 2022 à 20h06, mis à jour le 18 novembre 2022 à 16h35 Source : JT 20h Semaine
Publié le 17 novembre 2022 à 20h06, mis à jour le 18 novembre 2022 à 16h35
Le taux moyen auquel on peut emprunter pour acheter son logement est au plus haut depuis près de sept ans.Une experte nous explique ce qui se profile pour 2023.
Le taux moyen auquel vous pouvez emprunter pour acheter votre maison est à son plus haut depuis près de sept ans.
Un expert nous explique ce qui nous attend pour 2023.
Il reste encore quelques cartons à ranger, mais ça y est, Anne Guillon Verne et sa famille emménagent enfin dans leur nouvelle maison à Colombes (Hauts-de-Seine). Le nouveau propriétaire a obtenu un prêt avec un taux d’intérêt de 1,72 %, bien supérieur au 1 % prévu lors de leur première simulation il y a six mois. Soit un prêt 40 000 euros plus cher. « Notre enveloppe a été réduite, nous ferons les travaux au fur et à mesure » dans le pavillon, a-t-elle expliqué dans le reportage de TF1 20h00 ci-dessus.
Comme eux, de nombreux acquéreurs ont remarqué que les taux immobiliers sont en hausse. L’an dernier, ils étaient encore autour de 1 % en moyenne, mais ils ont doublé pour atteindre 2,05 % en octobre 2022, selon l’observatoire Crédit Logement/CSA. Un record depuis sept ans. Pour Maël Bernier, porte-parole du comparateur en ligne Meilleurtaux.com, ce taux monte même actuellement à 2,40 % pour les prêts sur 20 ans. En 2023, on devrait même s’attendre à des taux de 3% ou plus, selon elle.
Des crédits amputés de dizaines de milliers d’euros
Cette hausse vertigineuse s’explique par la hausse des taux d’intérêt auxquels les entreprises bancaires elles-mêmes empruntent auprès des banques centrales, dont la Banque centrale européenne (BCE). Ces derniers les augmentent afin de contenir la consommation, essayant ainsi de limiter l’inflation galopante. « Les banques se financent à un taux d’environ 0,30 % en janvier et aujourd’hui nous sommes autour de 2,70 %. Donc cela aura forcément un impact sur les taux de leurs prêts », nous dit l’expert.
Selon eux, les prix de l’immobilier devraient donc atteindre « entre 3 et 3,5% » en 2023, pour que les banques puissent toujours se ménager un peu de marge : « Si elles continuent à prêter à 2,70%, elles doivent fixer des taux à offre 3% . du moins, ce n’est pas possible autrement », a-t-elle analysé. Ce taux devrait ensuite se stabiliser vers mars ou avril, en raison de la baisse progressive de l’inflation, précise l’expert.
Par conséquent, de nombreux acheteurs verront leur capacité d’emprunt diminuer. Meilleurtaux.com prend l’exemple d’un couple qui gagne 4000 euros par mois, dont 1400 euros pour le remboursement du prêt. Il a perdu environ 30 000 euros de prêts entre janvier 2022 et la fin de l’année. Si le taux de 3 % est confirmé pour 2023, leur prêt sera réduit de 45 000 euros cette fois (seulement 240 000 euros empruntés, contre 285 000 euros début 2022).
Moins de prêts accordés, mais des conditions toujours « très sécurisées »
De plus, de nombreux prêts risquent encore d’être rejetés. Il s’agit du taux hebdomadaire bancaire, c’est-à-dire du taux d’intérêt légal maximum auquel elles sont autorisées à proposer un prêt, qui est calculé de trois mois à trois mois, alors que les prix de l’immobilier augmentent tous les mois. Il est désormais à 3,05% sur 20 ans, ce qui pousse les banques à rejeter des « dossiers parfaitement finançables », selon Maël Bernier, qui note qu’une demande sur deux a jusqu’ici été rejetée par ses clients. La situation devrait s’améliorer légèrement au printemps 2023, après la stabilisation des taux d’intérêt.
En revanche, « si on prête à moins de demandeurs, on prête toujours et on le fait de façon très sécuritaire pour ceux qui répondent aux critères », selon le porte-parole. Malgré cette hausse continue des taux d’intérêt, les acquéreurs français s’en sortent toujours bien : les taux des crédits immobiliers à 20 ans grimpent en moyenne à 6 % au Royaume-Uni et 6,5 % aux États-Unis.
Une différence qui s’explique notamment par le fait que les Français empruntent majoritairement à taux fixe. « C’est la banque qui assume le risque d’inflation », explique Maël Bernier dans le rapport. « Le marché est extrêmement protecteur pour les prêts, on prête en fonction des revenus du candidat et non de la valeur du bien », sans parler des avantages de l’assurance de prêt, explique-t-elle.
Ne pas perdre de temps
Face à cette perte de budget conséquente, les spécialistes du secteur conseillent donc aux clients dont l’achat est une nécessité de ne pas attendre. « Il ne faut vraiment pas tarder, car les taux montent tellement vite qu’il faut pouvoir aller très vite de la signature de la promesse (de la vente) à l’édition d’une offre de prêt », recommandait dans le rapport de 20H Adrien Piot, agent immobilier.
D’autant qu’il ne faut pas vraiment compter sur une baisse des prix de l’immobilier, qui reste trop faible pour compenser la hausse des taux d’intérêt élevés aux yeux de Maël Brenier. Le volume des transactions, lui aussi, devrait diminuer dans les mois à venir, après quatre « années extraordinaires » en nombre de ventes, rapportent-ils.
Maëlane Loaec | Reportage TF1 Léa Deschateaux, Fabien Chadeau et Olivier Cresta
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