Témoignages Plus de 900 000 personnes ont aujourd’hui entre 90 et 99 ans en France. Et si ces nonagénaires étaient moins fatigués que nous ?

Ils se sont arrachés leurs premiers cheveux blancs en 1970, ont pris leur retraite dans les années 1980, sont devenus arrière-grands-parents et ont commencé à donner leur âge « et demi ». Ils avaient longtemps détesté conduire la nuit, sauter les funérailles et essayer d’ignorer leurs douleurs articulaires pour trouver un nouveau souffle à la vie. Ils sont près d’un million en France arrivés à cet âge, presque sans surprise…

Aujourd’hui, 665 000 femmes et 248 000 hommes ont entre 90 et 99 ans (Insee, 2022) et n’ont pas vu le temps passer. Malgré les grandes inégalités en fin de vie, les nonagénaires, vingt-cinq fois plus nombreux qu’en 1950, sont de plus en plus en bonne santé. Les deux tiers d’entre eux vivent à domicile. Leurs proches les comparent à des « bombes atomiques », des « forces de la nature », des « étoiles », et espèrent leur ressembler d’ici quelques années.

A 96 ans, Dick Van Dyke, le ramoneur de Mary Poppins, a chanté et dansé pour la Saint-Valentin, coaché ​​par sa femme, d’un demi-siècle sa cadette. A 93 ans, Hugues Aufray part en tournée de longs mois dans les églises et cathédrales de France. Le Dr Ruth, 94 ans, la grande prêtresse germano-américaine du sexe, a chuchoté des conseils à Bill Clinton lors d’un match de l’US Open, trois ans après s’être intéressé à la crise de Bezos… Instagram a élargi son audience avec Baddie Winkle, « neuvième » influenceur. avec 3,2 millions de followers et un mangeur d’hommes qui se présente comme « Stealing Ur Mans Since 1928 ». Depuis quelques semaines, la France compte un incroyable talent de 99 ans en la personne de Charlotte Chopin, professeur de yoga.

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Voyager, faire les séparations, s’adonner aux sorties mondaines… Faut-il comprendre que pour bien vieillir, il ne faut pas vieillir ? « Depuis la naissance de la gérontologie en 1960, science faite pour donner un maximum de satisfaction aux personnes âgées, on parle de « successful aging » (« vieillir avec succès »), mais sa définition a toujours fait l’objet de nombreuses controverses scientifiques », explique . Frédéric Balard, rédacteur en chef du magazine Gérontologie et société, qui a fêté, ce vendredi 2 décembre, cinquante ans d’édition autour de ces questions. En fait, cela ne dévalorise-t-il pas toute une partie de la population âgée alors qu’elle n’est plus capable de sauter comme un enfant ?

Si les Français n’agissent pas comme les Inuits des anciennes sociétés nomades, qui abandonnaient leurs aînés sur la banquise, il n’en demeure pas moins que les plus de 70 ans peuvent vivre au quotidien des formes d’âgisme. « Avec l’émergence du Covid-19, un discours très épidémiologique associant l’âge au risque de décès, qui a renforcé cette idée que les très âgés sont fragiles voire en mauvaise santé, explique Frédéric Balard. analyse dans ce domaine, car les taux de mortalité Covid diminuent après 90. Et même si les neuvièmes ont encore un bon pied, ils sont souvent infantilisés et suspectés d’inaptitude.Alors à quoi ressemble leur quotidien quand il échappe à nos idées reçues ?

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