Après avoir lancé une école en partenariat avec Meta pour former les talents aux compétences du Web3, Frédéric Bardeau, président de Simplon, nous explique sa définition de l’entreprise apprenante et les compétences à rechercher pour réussir dans la guerre des talents.
Frédéric Bardeau (Simplon) définit « l’entreprise apprenante »
Alliancy. Simplon en quelques mots, de quoi s’agit-il ?
Simplon existe depuis dix ans cette année. C’est un organisme d’économie sociale et solidaire (ESS), spécialisé dans la formation gratuite des demandeurs d’emploi aux métiers du numérique, tels que la programmation en intelligence artificielle, le métaverse, le marketing et la communication.
Notre cible est principalement les personnes au chômage, en démission ou en reconversion professionnelle. Nous avons également déployé des initiatives pour l’intégration des réfugiés ainsi que d’autres plus récentes concernant l’accès à l’emploi des femmes.
Notre réseau est constitué de 130 écoles basées principalement en France, mais aussi dans 25 pays en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Chaque année, 6 000 personnes sont formées au Simplon.
Comment l’idée d’un tel projet vous est-elle venue ?
L’idée est venue en même temps que la naissance de plusieurs écoles du numérique et du coding comme 42 ou Le Wagon, avec la même ambition d’importer le concept américain des bootcamps en Europe. Il s’agit d’une formation accélérée et intensive aux compétences techniques. Et, depuis 2012, cette vague a donné lieu à de nombreuses initiatives du même type – même si Simplon reste plus dédié à l’insertion professionnelle en tant que telle.
Il y a dix ans, sur quelles compétences numériques formiez-vous vos élèves ?
Le manque de talent était déjà marqué à cette époque, notamment en raison du manque de formation. Les familles métiers n’ont pas changé, elles répondent toujours au cycle de vie des produits et solutions numériques, de la conception à l’assemblage, en passant par la maintenance informatique, etc.
C’est plutôt le contenu des compétences qui a énormément évolué, avec une granularité plus fine dans les intitulés de poste. Par exemple, si je caricature, un data scientist il y a dix ans n’était ni plus ni moins qu’un data manager. Mais ce métier a donné naissance aujourd’hui à plusieurs métiers comme celui d’analyste de données, d’ingénieur de données ou encore d’expert en visualisation de données. On voit même que les postes de data management semblent accompagner les équipes dans leur stratégie data.
Tout dépend des développements concrets qui découlent de la technologie. Aussi, les métiers de la data et de l’IA il y a dix ans n’étaient pas très développés, mais aujourd’hui la demande, notamment pour les développeurs d’IA, explose. C’est pourquoi nous avons une longueur d’avance sur les technologies plus récentes autour de la blockchain, du Web3 ou du métaverse…
Il faut également noter que les fonctions dans l’entreprise sont de moins en moins cloisonnées et les compétences numériques ne sont plus réservées uniquement à l’informatique. Les métiers techniques influencent tout autant les métiers de l’entreprise, des ressources humaines, du marketing et de la communication. La conduite du changement est également devenue une compétence clé en technologie.
Vous proposez depuis la rentrée une formation dédiée au Web3. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons annoncé, en partenariat avec Meta, le lancement de la première école gratuite et inclusive entièrement dédiée au métaverse à Paris, Marseille, Lyon et Nice. L’objectif lors de cette première année pilote est de former une vingtaine d’élèves par ville et par classe, soit une centaine de personnes au total.
Le programme consistera en une session intensive de formation individuelle de 3 à 6 mois, suivie d’une seconde phase de 12 à 18 mois en alternance au sein d’entreprises partenaires de l’école. Notre rôle est de les former avec des talents compétents afin qu’ils ne manquent jamais de ressources pour déployer leurs projets technologiques. Et il y a aussi une volonté de leur part de contribuer à l’économie sociale et solidaire en aidant directement les demandeurs d’emploi.
L’écosystème autour des technologies immersives en fait partie et englobe des emplois en tension pour des usages multiples touchant plusieurs secteurs d’activité et types d’entreprises. Afin que nos étudiants accèdent à l’emploi le plus rapidement possible, deux métiers en particulier font attention au nôtre : le technicien VR ainsi que le programmeur en réalité virtuelle, augmentée ou 3D.
« La compétence la plus nécessaire en technologie reste la capacité à se former en permanence », Frédéric Bardeau, président de Simplon.
Il peut arriver que les compétences développées par un élève durant son cursus deviennent obsolètes au moment de l’entrée dans le monde du travail… Comment faire pour avoir un coup d’avance sur les évolutions technologiques ?
Chez Simplon, nous avons nos propres modèles pédagogiques et nous mettons à jour nos référentiels de compétences environ tous les 3 à 6 ans. Je dirais que la compétence la plus nécessaire en technologie reste la capacité à se former constamment.
De nombreuses entreprises recherchent des talents capables de résoudre de nouveaux problèmes et de transférer leurs connaissances en interne. C’est cette double compétence qui est recherchée : apprendre, s’adapter mais aussi documenter et transmettre.