L’ancienne ministre du Travail exhorte le gouvernement à ne pas publier le décret qui risque de dénaturer le CPF en fermant l’accès à la formation aux catégories populaires, femmes et personnes âgées.

CPF, le mot de la défense est Me Muriel Pénicaud, l’ancienne ministre du travail qui a créé le compte personnel de formation (CPF). Mercredi, BFM Business a réagi à l’amendement visant à dénaturer ce programme en demandant aux salariés de contribuer financièrement à leur formation. Elle demande que le décret ne soit pas publié ce qui conduira au « tarissement » du CPF pour que seuls les cadres puissent en bénéficier.

Améliorer l’employabilité

Parmi les bénéficiaires, les demandeurs d’emploi sont les utilisateurs les plus nombreux avec plus de 300 000 personnes, suivis des travailleurs (200 000 personnes formées). Les formations les plus demandées concernent le transport/logistique (permis de conduire, manutention ou stockage), les langues étrangères, l’orientation (bilan de compétences ou intégration) et l’informatique.

L’ancien ministre a donc répondu avec force aux critiques selon lesquelles le CPF aurait surtout permis aux travailleurs de se faire plaisir en finançant des formations non essentielles comme le permis de conduire ou l’apprentissage des langues.

Selon Muriel Pénicaud, l’obtention d’un permis facilite l’accès à l’emploi, tout comme les langues.

Réduire la voilure

Au lieu de réviser la demande de formation, Muriel Pénicaud recommande de réviser l’offre « là où il y a des choses à dire ». Mais selon lui, l’amendement est surtout « une mesure prise dans la précipitation et sans concertation », et révèle qu’il a tenté de « convaincre » le gouvernement, notamment Elisabeth Borne, la Première ministre qui fut aussi ministre du Travail et des Transports.

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Jusqu’à présent, le CPF était financé par l’État à travers un impôt sur les sociétés. Il est donc gratuit pour les utilisateurs. Mais une forte demande et certainement des abus par téléphone, SMS ou e-mail, ont poussé le gouvernement à baisser les voiles.

L’amendement « propose l’instauration de la participation du titulaire, quel que soit le montant des droits sur son compte ». Près d’un tiers de la formation devra être payé par l’utilisateur. Le budget du CPF tomberait à 2 370 milliards d’euros, soit une baisse de 385 millions avec le seul effet de ces mesures.

Depuis sa création, les formations ont quadruplé, passant de 517 000 en 2019 à 2,1 millions en 2021. En près de trois ans, cinq millions de personnes ont été formées pour un montant moyen de 1 400 euros. Le coût total du programme est de sept milliards d’euros, selon la Caisse des dépôts, qui gère le dispositif.