Depuis 2010, la formation aux gestes et soins d’urgence (FGSU) est obligatoire pour l’obtention des diplômes de la quasi-totalité des formations à la santé, y compris le DE en soins infirmiers. Elle est fortement recommandée aux opérateurs en exercice qui ont rempli cette obligation avant son entrée en vigueur. Cependant, sur le terrain, son accessibilité semble limitée.

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A l’origine, la formation a été mise en place pour répondre à une problématique à laquelle les utilisateurs devaient faire face. « Sur le terrain, nous avons constaté que les urgences sont mieux gérées en pré-hospitalier que dans les services, car les professionnels s’y engagent et disposent de tous les moyens et compétences nécessaires », explique Gaël de Beaudrap, infirmier au Smur/ Samu à Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et formateur AFGSU.

« Outre les services d’urgence ou de réanimation, les professionnels des établissements de santé et médico-sociaux sont moins souvent confrontés à des situations d’urgence. En effet, lorsque ces situations se présentent, ils ont beaucoup de mal à les gérer en attendant l’arrivée des renforts. »

Problématique d’accessibilité

Pour pallier ce problème, la formation est devenue obligatoire dès la formation initiale. L’objectif est donc de s’assurer que les professionnels de santé, indépendants et salariés, personnels administratifs et techniques et travailleurs des établissements de santé et médico-sociaux, et futurs exploitants, aient une culture commune de la gestion des risques sanitaires, biologiques, chimiques ou nucléaires. , peuvent prendre les mesures appropriées et éviter les comportements inappropriés dans ces situations pour lesquelles ils sont en première ligne.

La formation AFGSU se compose d’un niveau 1 pour les non-infirmiers (14 heures), d’un niveau 2 pour les soignants (21 heures), et d’un niveau de spécialisation avec 12 modules. Valable quatre ans, cette formation est dispensée par l’un des 103 Centres d’Éducation aux Urgences (Cesu) du territoire.

Or, pour le responsable d’un centre de formation qui s’est mis d’accord avec un Cesu, préférant rester anonyme, l’organisation actuelle de la formation ne permet pas de répondre à la demande. « Les cours de l’AFGSU sont mal classés », a-t-il déclaré.

Pour former une personne à l’AFGSU, le formateur doit être un professionnel d’un niveau au moins équivalent à celui des personnes qu’il forme. Par exemple, une infirmière ne peut pas former un médecin.

Il doit aussi exercer en salle d’urgence ou en unité de soins intensifs. Exception : les formateurs des instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) peuvent dispenser le FGSU aux élèves infirmiers, à condition qu’ils aient suivi une formation théorique de dix jours sur la gestuelle et les soins d’urgence.

Déficit dans l’offre de formation ou blocage des demandes dans les services ?

En effet, surtout pour les infirmiers déjà diplômés, le fonctionnement actuel serait « limitant », selon le responsable du centre de formation : Le blocage des formateurs qui dispensent la formation serait à l’origine d’un déficit d’offres de formation.

Le Dr Gaël Gheno, président de l’Association nationale des CESU (ANCESU) ne partage pas ce point de vue. « Hormis le retard pendant la crise sanitaire, dû à l’obligation de fermeture des CESU, nous n’avons jamais eu de retour d’expérience sur le manque de formation des étudiants au sein de l’Ifsi ou des opérateurs. »

Il reconnaît que certaines régions peuvent traverser des périodes de tension. Cependant, comme les CESU sont organisés en territoire et en réseau (RESU), si l’un d’entre eux a dépassé sa capacité à former des personnels soignants en demande, il peut demander l’aide d’un autre CESU, précise-t-il.

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Pour Gaël de Beaudrap, le nombre d’opérateurs encore formés est colossal. Pour lui, le problème ne vient pas de la formation, mais des exigences non satisfaites des professionnels, de leurs spécialistes de la santé et de la formation », a-t-il souligné.

Avec des services fonctionnant actuellement en flux tendus, l’exemption des opérateurs pour la formation de trois jours est considérée comme une source de tension.

Les solutions face à la demande

Afin de répondre à la demande, le responsable du centre de formation propose de faire stagner le niveau des formateurs en fonction de celui des personnes en formation. « L’AFGSU comprend notamment une formation à l’utilisation de certains équipements comme un chariot d’urgence », a-t-il expliqué. Pour les professionnels qui utilisent quotidiennement ce type de matériel, la formation d’un médecin urgentiste semble évidente. En revanche, pour les secrétaires médicales, par exemple, qui n’utilisent jamais ce type de matériel, pourquoi faut-il exiger la formation d’un médecin urgentiste, alors qu’un autre soignant formé et compétent dans le domaine peut tout faire ? »

Gaël de Beaudrap plaide pour une augmentation du nombre d’entraîneurs, tout en maintenant les exigences actuelles. « À mon avis, il est impensable que des personnes puissent être formées par un formateur qui ne pratique pas régulièrement la médecine d’urgence. En revanche, il faudrait communiquer davantage sur ce rôle, car la fonction est encore méconnue, regrette-t-il. Elle est pourtant bien payée. »

Mais cela nécessiterait un peu plus de souplesse de la part des établissements qui les emploient quant aux horaires de travail du personnel soignant, afin qu’ils puissent plus facilement se consacrer à la formation de leurs collègues.

Des infirmiers satisfaits

Les infirmiers et aides-soignants ayant accès à la FGSU en sont satisfaits. « Ils attendent souvent d’être pris en charge car ils ont peur d’être confrontés à des soins en situation d’urgence et ont très envie d’être formés, note Gaël de Beaudrap. De plus, les cours, organisés autour de la théorie et de la pratique, permettent Faire des parallèles entre vie professionnelle et vie personnelle. »

Et de poursuivre : « A la fin de leur formation, ils sont généralement satisfaits car ils savent qu’ils ont acquis des compétences. » Cependant, ils sont conscients qu’il serait utile pour une prise en charge optimale de former également d’autres personnes de leur service. D’où l’importance de s’entraîner tous les quatre ans, car le manque de pratique fait oublier les gestes. « Idéalement, il devrait y avoir des reconversions chaque année, mais à ce rythme-là, on ne pourrait pas former tout le monde », estime Gaël de Beaudrap.

Pour pallier ce problème, les formateurs incitent généralement les équipes à mettre en place des formations internes à leur service pour maintenir les connaissances. Actuellement, le recyclage existe un jour, mais « il repose sur le bon vouloir des établissements de santé », regrette le Dr Gheno, qui prône son caractère obligatoire.

Les différentes formations aux premiers secours

Outre la FGSU, il existe d’autres formations aux premiers secours.

– La formation « Prévention et Secours Civique Niveau 1 » (PSC1) dure une journée. Elle est rattachée au ministère de l’Intérieur et s’adresse à tous les citoyens.

– La formation « Métier du secourisme » (SST) dure 14 heures. Cela dépend du ministère du Travail. Il est dispensé dans un cadre professionnel et s’adresse aux salariés des entreprises, à l’exception du personnel des établissements de santé, qui doit suivre le FGSU. Les participants apprennent les techniques de base du secourisme, auxquelles s’ajoute un volet de prévention des accidents du travail, spécifique à leur activité.

 L’AFGSU en chiffres

En 2021, 28 665 infirmiers ont été formés à la FGSU en formation initiale et 15 405 en formation continue.

17 369 infirmiers ont renouvelé leur AFGSU.

Source : Rapport National CESU Association Nationale des CESU 2021