Les cadres ont déposé samedi des amendements pour que les salariés participent financièrement à leur formation.

Bientôt la fin de la formation professionnelle gratuite ? Le gouvernement a déposé samedi 10 décembre des amendements au budget de l’État 2023. Cette dernière stipule que les salariés doivent désormais contribuer financièrement lorsqu’ils utilisent leur compte personnel de formation (CPF). Ce montant restant peut être proportionnel au coût de la formation, plafonné ou fixé en une seule fois. Seuls les demandeurs d’emploi seront exonérés.

Cette nouvelle loi devrait prendre effet immédiatement, puisque les amendements doivent être adoptés via l’arme constitutionnelle 49.3, lors d’une nouvelle lecture du budget par l’Assemblée nationale dans les prochains jours. La décision du Conseil d’Etat en déterminera alors les modalités.

Pour comprendre ce revirement gouvernemental, il faut prendre un peu de recul. Depuis 2015, toute personne travaillant âgée d’au moins 16 ans a accès au CPF. Mais la véritable révolution s’est produite en 2019, lorsque les travailleurs n’ont plus rempli leur CPF avec des heures de formation, mais avec de l’argent. Le chat ajoute plusieurs centaines d’euros par an, selon le type de travail. Chacun peut alors voter et payer directement en ligne sa formation.

Un succès grandissant… et coûteux

La simplification du système de formation professionnelle, voulue par la majorité lors du premier mandat d’Emmanuel Macron, a été un véritable succès. En 2020, un million de dossiers de formation ont été reçus par la Caisse des dépôts et consignations. L’année suivante, ce nombre a plus que doublé. « Nous avons créé un nouveau droit d’accès facilité qui permet à chacun de se former régulièrement », a déclaré Antoine Foucher, ancien directeur de cabinet de l’ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud entre 2017 et 2020.

Derrière cette augmentation effroyable, se cachait un autre phénomène qui agaçait de plus en plus le gouvernement : les coûts qui explosent pour l’Etat, alors que le coût des formations retenues est lui aussi de plus en plus onéreux. En 2021, le prix moyen des formations sera de 1 358 euros, soit une augmentation de près de 10 % par rapport à 2020. En près de trois ans, environ 5 millions de personnes ont été formées pour un coût total d’environ 7 milliards d’euros, selon le CDC.

Face à une explosion des effectifs consacrés à cette formation, le gouvernement a décidé de reconsidérer le dispositif. Avant la soumission de cet amendement, un nouveau système d’authentification sécurisé pour l’accès aux comptes CPF a été mis en place. « Depuis le 25 octobre déjà, il faut créer une identité numérique obligatoire pour pouvoir accéder à son CPF, note Antoine Foucher. Du coup, et c’est l’un des objectifs vers lesquels travaille le gouvernement, les demandes de formation ont chuté de 50 %. % . »

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Avec les amendements déposés samedi, le gouvernement s’attaque cette fois aux portefeuilles des salariés pour limiter le recours à la formation. Si l’on ne connaît pas le détail du reliquat à supporter, l’intention est de réduire la facture de l’Etat. « C’est une grande réforme, un compte personnel de formation », a expliqué Olivier Véran, porte-parole du gouvernement lors de l’émission « Le Grand Jury », dimanche, notant qu’il s’agissait d’une « réforme fortement financée » par l’Etat.

« C’est la fin du quoi qu’il en coûte »

« Faire des économies sur la formation quand les compétences permettent aux individus de changer la société, les entreprises deviennent plus performantes, les nations gagnent la bataille de la mondialisation, c’est un non-sens complet », juge pour sa part Antoine Foucher

« Cela va complètement à l’encontre des ambitions de Macron pour 2017. »

Antoine Foucher, ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud

« C’est la fin de tout ce qu’il faut », a réagi sur franceinfo Angéline Barth, secrétaire confédération CGT. La formation professionnelle est « un droit inhérent à la personne, inaliénable, opposable à l’employeur et généralement finançable à 100% par le salarié », rappelle-t-il. Il a dénoncé des « actes de violence » envers les travailleurs, alors que la contribution de l’entreprise à la formation a diminué depuis 2014.

Des millions d’euros détournés

Le boom de la formation professionnelle crée également un autre phénomène que le gouvernement entend atténuer avec cet amendement : la fraude au CPF. En effet, depuis 2019, c’est la Caisse des dépôts et consignations qui verse directement les salaires aux entreprises de formation. Certains se transforment parfois en coquilles vides. Des millions d’euros ont ainsi été détournés.

« Chacun qui a un téléphone doit avoir reçu un certain nombre d’appels ou de mails pour lui donner une formation moins rigoureuse », a déclaré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran lors du « Grand Jury », dimanche. Avec ces amendements, « il y a peu de régulation, peu de résiduel à payer qui permet à la France de ne pas tomber dans la duperie et à l’Etat de ne pas payer les formations qu’il ne fait pas », a-t-il assuré.

Le Parlement a adopté une législation visant à interdire les campagnes commerciales des détenteurs de CPF, dans l’espoir de tarir les flux de demande subis par les particuliers. A l’inverse, cette taille n’affecte pas le portefeuille d’une personne active.