Le président Macron avait promis, juste après son élection en 2017, un débat apaisé et serein sur les questions de bioéthique. Peu après, Jean-Louis Touraine est nommé rapporteur de la commission de révision des lois de bioéthique, dont les positions personnelles sur toutes ces questions ne laissent aucun doute sur l’issue des consultations. Peut-on vraiment parler de débat respectueux et de discernement collectif sérieux ?
M. le président Macron a alors lancé une convention citoyenne sur les enjeux écologiques, la méthode a été jugée innovante et démocratique, il a promis qu’il retiendrait toutes les propositions « sans rien filtrer ». Qui peut nier que la déception fut immense et que la montagne accoucha d’une souris ?
Les deux conditions du CCNE
Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) vient de rendre son avis sur les questions d’euthanasie et d’aide au suicide. Dans un texte plein de contradictions, il exprime une opinion présentée comme favorable à l’évolution sur ces sujets. Mais une lecture attentive du document montre qu’il soumet ce développement à deux conditions : l’évaluation de l’accueil et de la mise en œuvre de la loi Claeys-Leonetti ainsi que le développement des soins palliatifs (actuellement 23 départements à l’avoir).
Tous les professionnels du domaine le disent et le répètent, ces deux conditions ne sont actuellement pas remplies. Comment expliquez-vous que cette opinion soit majoritairement présentée dans les médias comme favorable à une nouvelle législation ?
Mme Agnès Firmin Le Bodo vient d’être nommée responsable de la consultation fin de vie. Tout en affirmant que sa position personnelle – en faveur de l’euthanasie – n’influencera pas sa manière de mener la consultation, elle vient de déclarer qu' »il est temps que le gouvernement arrête de traiter et assume son travail de législateur ». Qui croit encore que le débat annoncé est autre chose qu’une mascarade ?
Une méthode odieuse
Ces débats, ces consultations et toutes ces consultations ressemblent furieusement à un montage dont les citoyens sont à la fois les acteurs, les spectateurs et enfin les complices. La méthode est odieuse.
Pour chacun de nous, il y a deux options. Soit je boycotte cette consultation, et deviens un mauvais citoyen qui risque de se faire dire, comme le président l’a déjà dit à propos de ceux qui ont refusé de participer au Conseil national pour la reconstruction, que « ceux qui sont absents ont toujours tort ». Soit je participe, en bon citoyen, mais je prends le risque – peut-être pire – d’être instrumentalisé et de légitimer une initiative dont la sincérité n’est pas encore établie.
Que devez-vous faire alors ? Elle dénonce d’abord la méthode, les attitudes et le manque de courage qui s’y cachent. Ensuite, critiquer l’idéologie et revenir à la réalité, qui est infiniment complexe, et reconnaître humblement que nous gagnons tous à écouter d’abord ceux qui, sur le terrain, dans les centres de soins palliatifs, les accompagnent jusqu’enfin, et dans la dignité, la vie de nos frères et sœurs malades ou mourants. Médecins, infirmières, psychologues, bénévoles ont quelque chose à nous dire. Comment comprendre qu’ils soient si peu entendus, en France, en Belgique ou ailleurs, alors que leurs propos sont si convergents ?