Restreindre l’accès aux urgences la nuit libère « plus de ressources pour les patients qui en ont vraiment besoin » et « ça évite des heures d’attente » pour les patients qui ne viennent pas des urgences, se félicite Philippe Revel, qui souhaite une réorganisation permanente en ce sens.

Les restrictions d’accès aux urgences de nuit au CHU de Bordeaux « ont permis de réduire le passage d’environ 20 à 25% », a indiqué Philippe Revel, le chef de service, vendredi 1er juillet sur franceinfo. 120 services d’urgence ont déjà réduit leur activité faute de personnel. Les vacances à venir n’arrangeront probablement pas la situation. Le rapport Braun, commandé par le gouvernement, recommande simplement de fermer partiellement les urgences la nuit lorsqu’il n’y a pas assez de personnel. Cela permet « des conditions de travail plus faciles et donc plus de temps pour s’occuper des patients qui sont présents », a-t-il expliqué. Selon lui, « il va falloir le généraliser, car il est important qu’on puisse réfléchir à la réorganisation de nos urgences », indique-t-il.

franceinfo : Quelles conclusions tirez-vous de cette expérience ?

Cela nous a permis de réduire d’environ 20 à 25% le passage aux urgences de nuit sur le site Pellegrin et ainsi de modifier le fonctionnement au sein du service, en donnant plus de moyens aux patients qui ont vraiment besoin de nos soins le soir. Des conditions de travail plus faciles et donc plus de temps pour s’occuper des patients qui sont présents. Pour les patients qui ne venaient pas directement des urgences, cela évite des heures d’attente, pour un avis qui ne justifie pas cette longue attente.

Quels types d’urgences refusez-vous ?

Des patients qui ont incontestablement besoin de soins médicaux, mais qui devraient normalement être pris en charge par un autre circuit, notamment par la médecine générale, la médecine de ville, ou par d’autres professionnels de santé, mais qui, trouvant une solution, se présentent quand même aux urgences. C’est ce que nous voulons réorganiser.

Vers quels services les référez-vous ?

La nuit, il existe quelques astreintes comme SOS Médecins ou autres professionnels qui stationnent dans la métropole bordelaise jusqu’à minuit. Après, il y a beaucoup moins de patients qui viennent après minuit. Alors on leur propose des solutions et, si besoin, pour les moins graves, on leur dit de contacter leur médecin dès le lendemain. Mais ils ont toujours cet avis médical. Et donc, quelque part, ils ont une première information à se soigner.

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Ne pouvons-nous pas passer à côté d’une urgence vitale en établissant un diagnostic par téléphone ?

Non, car les équipes de régulation médicale du Samu sont parfaitement formées pour faire cette évaluation et sur la base d’un certain nombre d’informations que nous recueillons par téléphone, nous sommes en mesure de déterminer la gravité de l’état. du patient et d’engager son secteur.

Le rapport Braun recommande de généraliser ce filtrage aux urgences. Est-ce possible, pensez-vous?

Oui, il va falloir généraliser, car il est important que nous puissions réfléchir à la réorganisation de nos urgences. Il faut pouvoir créer plusieurs niveaux de support. Il y a les urgences en tant que telles, mais il y a aussi, justement, ce qui peut être fait en dehors des urgences par des soins en ville, par d’autres professionnels. Il est maintenant temps de mettre en œuvre cette réorganisation.

Dans vos services, faites-vous face à de nombreux départs de personnel soignant ?

Oui beaucoup. A la fois médecins et ambulanciers.

« Nous avons eu une fuite de nos employés pendant six mois, ce qui nous a obligés à engager ces réorganisations car nous n’avions plus assez de monde pour faire fonctionner le service à partir de mai. »

Philippe Revel, chef du service des urgences du CHU de Bordeaux

Nous avons finalisé nos plans d’organisation estivale. Nous devrions avoir un fonctionnement continu. Nous sommes toujours très inquiets pour les lits en aval, c’est-à-dire la possibilité de pouvoir hospitaliser des patients en plein été. Nous restons très vigilants et l’organisation que nous proposons est très fragile car il suffit qu’il y ait d’autres départs, maladies ou arrêts imprévus, et cela nous remettrait en difficulté. On est dans une situation qui se stabilise, on est sur le fil et on va tout faire pour ne pas tomber.