En quittant Vannes, il faut emprunter cette longue route étroite qui vous conduira à destination. Penboc’h, un port… ou plutôt une escale spirituelle au bord du Golfe du Morbihan. Entre les deux bâtiments, le visiteur ou, plus souvent, le retraitant est accueilli par une statue immaculée de la Vierge, derrière laquelle s’ouvre la pelouse verte et herbeuse du parc de 4 hectares, ainsi qu’une vue panoramique qui a également contribué à la notoriété du lieu. .
Une vue à 180° sur cette « petite mer » (Morbihan en breton) avec un chapelet d’îles s’étendant d’est en ouest : Arz, Drenec, Logodens, Holavre et jusqu’à l’île aux Moines. Le vent du jour a incité certains voiliers à décoller sur une montée calme. Au nord, les trois synagogues, qui un peu plus tôt ont quitté le mouillage de Port Anna et hissé des voiles d’avant ocre emportées par le sel et le vent, glissent négligemment.
Un lieu de respiration pour les jeunes Vannetais
Le mur longeant la propriété et entourant l’étroite vue sur la plage, comme des voix anciennes alignées, des plaques gravées, avec des noms et parfois des blasons, garde le souvenir de la vocation première de ce centre spirituel, appartenant à la communauté jésuite depuis 1850. C’était à l’origine une annexe du Lycée Saint-François-Xavier, principal établissement de la ville de Vannes. Les étudiants y venaient les jeudis, week-ends et jours fériés. Et la tradition voulait que chacun laisse sa marque au passage.
Penboc’h a ainsi été pour plusieurs générations de Vannetais un lieu où ils respiraient le rythme des études qu’ils imaginaient intenses. En raison de son emplacement et de son inspiration, il a conservé son caractère apaisant après avoir été converti en centre de retraite par la Compagnie de Jésus. Depuis 1975, des retraites basées sur les Exercices spirituels de saint Ignace, des sessions pour les familles, les individus et les couples ont commencé à y être organisées, comme dans d’autres centres jésuites.
Parmi les propositions, s’ouvrir aux fragilités
En 2014, la question de convoquer un tel lieu s’est posée pour la Compagnie face aux difficultés de maintenir la présence des pères jésuites. Plusieurs mois de réflexion avec des amis de Penboc’h, dont CVX (Communauté de Vie Chrétienne, association catholique de laïcs de spiritualité ignatienne), ainsi que de larges consultations, ont permis de définir un nouveau projet : « Ils sont allés dans le monde à l’écoute, l’organisation de rencontres avec différents acteurs et la question : comment ce lieu de spiritualité ignatienne peut-il vous aider ? Par exemple, des chefs d’entreprise ont répondu : vous avez besoin d’un endroit pour vous allonger. Jean-Brice Bigourdan travaillait dans un cabinet de conseil en ressources humaines à Paris lorsqu’il a répondu à une annonce en 2015 pour être le directeur de Penboc’h à propos du poste.
Le projet de centre alors approuvé par la province de l’entreprise était déjà en cours et reposait sur trois orientations : continuer à proposer des exercices spirituels avec des formules pendant 3 à 30 jours ; accueillir les acteurs du monde économique (dirigeants, managers, salariés) en leur offrant un temps de pause et de visite ; en réponse à l’appel du Pape François à ouvrir toutes sortes de faiblesses.
« En fait, nous touchons tout le monde », admet le réalisateur. Des personnes qui ont besoin de prendre du temps pour elles, qui ont des moments particuliers, qui ont des problèmes avec le travail, le chômage, la famille, la pauvreté, la maladie ou le handicap. Tout le monde est le bienvenu là où il se trouve, religieux ou non. »
Jean-Brice Bigourdan, qui travaillait auparavant dans une société de conseil, dirige le centre spirituel depuis 2015.
• POUR LA VIE DE VALENTINO BELLONI/HANS LUCAS
Des locaux entièrement rénovés
Cette nouvelle mission s’appuie sur une communauté composée de deux pères jésuites, de deux religieuses et d’un laïc, en plus d’une équipe d’une dizaine d’ouvriers, 50 bénévoles pour apporter vie et ordre au lieu, et l’intervention de 80 guides pour veiller à ce que toutes les propositions sont remplies. des retraites. Cette transformation a nécessité 18 mois de travaux pour pouvoir accueillir chaque année 4 000 retraitants, que ce soit pour une journée ou plus.
Deux sessions de trois jours se tiendront à Penboc’h ce jour-là. Chacune réunit six participants et a pour thème, respectivement, « Lire sa vie au travail » et « Burnout, comment rebondir ou aider à rebondir ». Le stage de trois jours s’organise dans le temps en groupe, en étant seul, et surtout en accompagnement quotidien avec un prêtre ou un laïc. Ils mangent en silence. La participation à la messe ou à la messe est volontaire.
« Au début, il s’agit de relire sa vie et de retrouver ce qu’on oublie souvent, ce qui est bien et ce qui est moins bien. Le deuxième jour, c’est un point sur qui je suis aujourd’hui, avant d’aborder le troisième jour, en me projetant : « Quel genre d’avenir vers qui dois-je me tourner ? Comment reprendre le contrôle de ma vie ? « C’est une expérience intérieure rarement proposée au quotidien », explique Jean-Brice Bigourdan.
Dehors, le ciel hésite entre des passages bleus et nuageux, accompagnés de brèves averses. Assis sur le banc, Emmanuel s’est vite habitué à ce temps particulier. C’est sa première expérience d’une séance « vie professionnelle » à Penboc’h après 25 ans de carrière dans le domaine de la santé et « beaucoup de questionnements ». « Ma motivation était la situation géographique, le fait que ce soit un centre jésuite et que l’on offre des moments en silence. Je suis venu chercher l’harmonisation à travers la spiritualité ignatienne. C’est une méthode éprouvée : les questions que vous posez vous font grandir. Après deux jours, il a admis : « Les choses s’améliorent. Quand on vient ici, on sent une petite voix intérieure. Et quand on se tait, on l’entend mieux. »
« S’autoriser à rêver de nouveau »
Nathalie, 55 ans, originaire du Maine-et-Loire, est venue à la même retraite se sentir à un tournant professionnel : « J’enseigne dans un lycée agricole et j’ai perdu mes heures de travail. Les élèves sont moins motivés, plus consommateurs. Avec cette séance j’ai trouvé un changement dans ma vision de la situation, Dieu qui m’est important d’un regard. J’ai réalisé que pour l’avenir je peux me permettre de rêver. La spiritualité d’Ignat, plus habitué aux Foyers de Charité, est une découverte complète. « J’ai appris à m’écouter et à entendre des mouvements… – il hésite -… des mouvements intérieurs, à distinguer ce qui est bien et ce qui est mal. Bien qu’elle ait déjà décidé d’aller à temps partiel, elle part demain avec la résolution : « Je relis assez souvent. » Et elle ajoute qu’elle reviendra à Penboc’h pour passer la retraite Ignatia avec son mari.
Des méditations individuelles et des ateliers de groupe sont offerts aux résidents.
• POUR LA VIE DE VALENTINO BELLONI/HANS LUCAS
Déjeuner rapide avec deux animateurs de session. Barbara est associative, présente à Penboc’h depuis six ans et responsable du secteur professionnel. « Ici on n’évangélise pas, on accueille, que l’on soit chrétien, athée ou musulman. A côté de lui, d’autres animateurs approuvent. Pierre-Étienne, directeur d’études à l’Icam de Vannes « civilement » : « En partant, les participants avouent : « J’ai retrouvé la paix, l’unité, l’alignement. »
Le réalisateur Jean-Brice doit revenir avec sa bande de retraitants. Un dernier regard vers l’horizon : « Penboc’h est un outil extraordinaire, un lieu formidable pour se retrouver face à soi et, si l’on veut, face à Dieu »… et toujours face à la baie qui perce le ciel pluvieux de la clairière.
Fête de saint Ignace de Loyola :
31 juillet au 2 août 2021