La Croix : Comment est née la réflexion qui vous a amené à faire un legs en couple aux Petits Frères des Pauvres ?

Eugène Chaillou : En vieillissant et en ne laissant pas d’héritiers, on s’est demandé ce qu’on ferait de ce qu’on laisserait. Il y a cinq ou six ans, notre réflexe a été de rencontrer le notaire, qui nous a conseillé de nous adresser à une association caritative, sans orienter notre choix.

J’ai téléphoné à l’antenne des Petits Frères des Pauvres de Nantes, qui a transmis notre demande au service des successions à Paris. Nous avons accepté, et tout s’est fait très rapidement et très facilement.

Avez-vous déjà été impliqué dans le bénévolat?

E. C. : J’ai fait une grande partie de ma vie des meubles tubulaires, après avoir été mécanicien quand j’étais jeune. Nous avions tous les deux cette entreprise, où ma femme faisait la comptabilité. Toute notre vie s’est passée en Vendée.

Mais à 56 ans, j’ai eu des problèmes cardiaques qui m’ont obligé à arrêter l’activité. Puis je me suis consacré à la participation communautaire, avec Atout Coeur et Cœur et santé. J’ai quitté mes fiançailles à 80 ans.

Eugène et Odile Chaillou. / Source : Eugène et Odile Chaillou

Pourquoi alors avoir choisi les Frères des Pauvres plutôt qu’une autre association ?

Odile Chaillou : Nous les connaissions à cause de leur notoriété. Et c’est bien pour nous de pouvoir aider, un peu, les personnes isolées en difficultés. Deux mots nous ont interpellés lorsque nous avons parlé avec les Frères des Pauvres : fraternité et pauvreté.

Les associations doivent vivre de dons. Les représentants du service Legacy nous ont bien expliqué ce qui allait se passer. L’approche de l’héritage universel (1) était très simple à mettre en œuvre.

Concrètement, quelles sont les étapes à suivre ?

E. C. : Nous sommes retournés chez le notaire pour signer un acte qui faisait des Petits Frères des Pauvres nos héritiers universels. Nous sommes bien conscients que nous n’avons pas grand-chose à leur donner : une assurance-vie et de nombreux tableaux.

En matière d’assurance-vie, le legs prendra effet au décès du dernier survivant, qui pourra avoir besoin de l’utiliser pour des raisons médicales ou pour pouvoir rester dans le logement loué où nous nous trouvons. Par conséquent, l’association recevra le solde.

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Mais la particularité de notre héritage, ce sont les tableaux que je peins depuis ma retraite en tant que bénévole. J’ai eu l’occasion de rencontrer un grand artiste local, Gaston Chaissac (2) et j’ai continué dans sa lignée. J’ai fait don de plus de 1 000 œuvres à l’Espace Gaston-Chaissac de Sainte-Florence, qui organisait régulièrement des expositions. Nous en léguons 200 de plus aux Petits Frères des Pauvres pour l’usage qu’ils en feront.

Toujours satisfait de votre choix de succession ?

O.C. : Oui, bien sûr. Nous avons des contacts réguliers avec les Petits Frères des Pauvres. Nous recevons leurs brochures, et les actions entreprises confirment notre choix. Nous sommes même allés plus loin puisque nous avons également encouragé notre cousin retraité à léguer aux Petits Frères des Pauvres. Nous l’avons présentée à notre notaire, et elle a pu passer par les mêmes étapes que nous.

Les petits frères des Pauvres vivent à 90 % de legs et de dons

Les petits frères des Pauvres est une association reconnue d’utilité publique, au service des personnes âgées isolées depuis 1946, à travers des rencontres de groupe, des visites à domicile ou des visites à domicile.

En 2021, près de 32 000 personnes ont bénéficié de cet accompagnement, dont 2 000 suivis par des équipes en fin de vie et un millier par des équipes spécialisées dans l’extrême précarité. Au moins une journée de vacances a été offerte à 2 100 personnes. L’association a également lancé une plateforme d’écoute qui a reçu plus de 6 000 appels l’an dernier.

Plus de 15 000 bénévoles (dont 3 000 nouveaux en 2021) et 360 salariés sont au service de ces missions, qui peuvent également être réalisées grâce à la générosité des citoyens.

Les legs et donations représentent 90% des ressources de l’association (plus de la moitié des legs et 30% des dons).