Le sujet de la santé mentale au travail se démocratise dans les organisations. Anxiété, fatigue, stress, voire dépression, maladie et ces mots ne sont plus tabous dans le domaine professionnel. Est-ce donc à l’entreprise de prendre la responsabilité de cet enjeu qui préoccupe de plus en plus les salariés ? La folie tente de répondre à cette épineuse question.
Avec la pandémie et l’isolement des salariés, les sujets du bien-être et de la santé mentale des salariés gagnent en popularité. Guillaume d’Ayguesvives, co-CEO de Moka.care, expliquait à Maddyness, en 2021, qu’une évolution : « la mentalité commence il y a longtemps, mais c’est très progressif. Les salariés sont prêts à travailler dessus, le cliché d’être suivi par Les psychologues se sont estompés, principalement parce qu’il y a des effets d’accélération avec les confinements consécutifs ».
Une étude menée en 2021 par OpinionWay est revenue sur ce phénomène. Après une année complexe liée à la crise sanitaire, 45% des salariés interrogés ont indiqué être en situation de stress psychologique. Le taux de dépression nécessitant une prise en charge médicale est passé à 36 %.
Santé mentale des salariés : sujet pro ou perso ?
C’est une grande question qui concerne à la fois les entreprises et les salariés : qui a cette responsabilité ? Selon le premier baromètre de la santé mentale au travail d’OpenUp, entreprise spécialisée sur ce sujet, il apparaît que les deux parties se privent de responsabilités. L’enquête révèle que, pour 74 % des salariés interrogés, c’est à l’employeur de prendre en charge les problèmes de santé mentale. De leur côté, 69% des managers pensent qu’il s’agit d’une question personnelle et non professionnelle.
L’enquête Moka.care, publiée à la fin de l’été 2021, met en lumière le manque de ressources fournies par les entreprises sur cette question. En fait, seules deux entreprises sur dix disposent de systèmes dédiés à la santé mentale. Cependant, lorsque la plateforme a été mise en place par un employeur, le baromètre OpenUp a montré que moins d’un tiers des salariés (29%) utilisaient l’outil.
Le sujet de la santé mentale au travail s’est peut-être démocratisé, mais il reste un tabou entre les quatre murs de la société. Selon une étude OpenUp, 45 % des employés souhaitent parler de leurs problèmes avec une personne extérieure à leur organisation. Pourtant, 66% des managers de moins de 35 ans se disent ouverts à l’idée d’accompagner leurs collaborateurs dans ce domaine.
Prendre soin de la santé mentale des salariés, un atout majeur pour les entreprises
Si certaines entreprises ont décidé d’utiliser des outils pour entretenir la santé mentale de leurs employés, c’est aussi parce que ce sujet a un impact direct sur la performance organisationnelle. Le baromètre OpenUp révèle que 91% des RH sont alignés sur cette problématique.
Aujourd’hui, on demande surtout aux entreprises d’être proactives en matière de santé mentale et de prévenir les risques. Selon le ministère de la Main-d’œuvre, les mauvaises relations professionnelles, le manque d’autonomie ou l’excès de travail sont des facteurs pouvant mener au burnout.
Nicolas Merlaud, co-fondateur de Teale, a écrit dans un article d’opinion récemment publié qu’il est important d’utiliser la technologie pour personnaliser la prévention et le traitement des problèmes de santé mentale. Il précise notamment qu' »une simple ligne d’écoute ou une simple mise en relation passera à côté de l’essentiel » et affirme que « le coût de ne pas prendre soin de sa santé mentale est un fardeau pour la société [financièrement]. Estimé à 2000 euros par salarié et par an ». Ainsi, si le fardeau de la santé mentale n’est pas pris en compte par l’entreprise, cela peut conduire à de très mauvais résultats, tant en termes de performance que financièrement.
Les solutions pour préserver la santé mentale des salariés
Aujourd’hui, de nombreuses solutions et startups se sont construites autour de cet enjeu important tant pour les entreprises que pour les salariés. Après avoir repris Jour, Alan, spécialiste de l’assurance santé, a lancé Alan Mind, un outil qui accompagne les salariés ayant des problèmes de santé mentale. Pour 5€ par mois, les utilisateurs de cette plateforme peuvent par exemple bénéficier d’un rendez-vous avec un spécialiste.
De son côté, Teale propose un accompagnement sur-mesure aux collaborateurs, évaluant des critères précis tels que l’estime de soi, l’épanouissement et les relations positives. Cette solution a été adoptée par de grands groupes publics et privés, comme Sanofi, Station F, Nestlé ou encore Pôle Emploi.
Mais aux États-Unis, les solutions pour la santé mentale des employés sont les plus développées. Plusieurs licornes ont vu le jour, comme Calm, KRY ou BetterUp, une startup qui a récemment recruté le prince Harry comme Chief Impact Officer. Si certaines de ces entreprises proposent des solutions B2B, beaucoup ont décidé de développer des outils pour les entreprises qui proposent ces services à leurs salariés, démontrant ainsi leur capacité à prendre en charge la santé mentale des salariés.