Il n’y aura pas de poésie. Pas de livraison d’exemplaire pilote. Et pour cause, leurs deux premiers modèles ne sont pas sortis de l’usine Chantelle. C’est pourquoi il faudra se contenter de l’esprit de communication de Hawa Baradji, 26 ans, et de son frère Kany, 28 ans, pour se laisser tromper par cette nouvelle idée : les sortants en soins infirmiers.
Cette folle aventure a commencé lors d’un dîner de famille en 2020. Deux jeunes femmes habitant Athis-Mons (Essonne) et Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) sont enceintes. La première est son 3ème enfant, la seconde est son 4ème enfant.A chaque fois, ils choisissent d’allaiter. C’est une pratique qui reconnaît ses bienfaits mais qui comporte aussi sa part de risques, comme l’allaitement.
Des soutiens-gorge sur le modèle des culottes menstruelles
« Chaque femme qui a allaité a été dans ces navires. On se retrouve avec des draps tachés le matin car on a perdu la table à repasser la veille. Aujourd’hui, c’est la peur d’avoir une tache sur nos vêtements, raconte Hawa Baradji, qui habite le quartier du Clos Nollet. Les pads ne sont pas très utiles. C’est temporaire, c’est irritant, c’est destructeur… »
En 2020, des serviettes hygiéniques ont commencé à apparaître sur le marché – une alternative aux serviettes hygiéniques et aux tampons. Trompées par cette idée, les deux sœurs pensent à une peau avec les mêmes choses. « Ça semblait nous convenir et on croyait que ça existait déjà, raconte Kany Baradji. On a cherché sur Internet, et à notre grande surprise on n’a rien trouvé. Ils étendent leurs recherches aux Etats-Unis et en Asie. Mais encore une fois, il y a aucun signe de peau qui allaite.
Leur marque est née : Kawabsor’bra
Les deux sœurs ne travaillent pas dans des magasins de vêtements ou dans le monde de l’entreprise. Kany est baby-sitter, Hawa est responsable d’une association de soutien aux familles. Au lieu de voir cela comme un problème, ils décident de commencer ce voyage, avec le soutien de leurs proches. Le nom de famille, Kawabsor’bra, est naturel. Kawa est une combinaison de leurs deux premiers noms. Cela signifie soutien-gorge en anglais. « On sait que c’est un peu difficile à prononcer, rigolent-ils. Les premières fois, c’est intéressant mais on pense que l’expérience passera d’elle-même. »
Puis ils se sont adressés aux tailleurs et aux grossistes. Avec l’intention de voir leur modèle en vente pour leur livraison. « Nous voulions être les premiers à les libérer. Mais cela prend beaucoup de temps. C’est mieux que ce que nous imaginions. D’autant plus que nous n’avons pas arrêté notre travail professionnel et que nous sommes aussi une mère », a souligné Hawa Baradji.
Un partenariat signé avec Chantelle
En juillet 2021, les deux femmes déposent une enveloppe de Soleau après l’Institut national de la propriété industrielle. Cela fournit une preuve de création et attribue une date précise à un projet. Leur brevet sera déposé en décembre 2021. En attendant, une autre marque commercialise déjà un coussinet d’allaitement.
« Evidemment, on a été déçus, raconte Kany Baradji. Mais on s’est rendu compte que ça n’avait pas beaucoup d’importance. On s’était bien entraînés. On s’est testés. le début. «
Reste à trouver une usine pour le produire. Les sœurs Baradji ont contacté plusieurs entreprises. La marque Chantelle, qui conçoit de la lingerie depuis 1876, y répondra bien. « On ne pensait pas que ce serait un succès, mais on s’en est très bien sorti, sourient-ils. Ils nous ont écoutés. »
100 % français et écoresponsables
Depuis 2020, le groupe français propose aux jeunes marques qui souhaitent développer leurs créations en France de s’appuyer sur son savoir-faire dans son site historique d’Epernay (la Marne). « Au-delà de la mise à disposition de nos équipes et de nos outils métiers, cet accompagnement répond à deux objectifs principaux : favoriser les rencontres et partager cette même envie de s’inspirer, de travailler ensemble et d’être ensemble, exprime Frédéric Gosse, directeur du développement produit. le groupe Chantelle. Nous avons été impressionnés par le travail de ces deux sœurs. Au centre de leur réflexion se trouve le bien-être des femmes. Elles ont voulu proposer des combinaisons qui allient maintien, confort et style, un savoir-faire que nous avons acquis. »
Les deux premiers modèles, en l’absence de système, pour les plaques de C à E devraient pouvoir être mis sur le marché en juin 2023. « Ce seront du 100% français et des améliorations de produits, explique Hawa Baradji. En moyenne, il seront vendus, au départ, entre 100 et 150 euros. Nous savons que c’est un budget mais nous avons fait nos estimations. Une femme de quatre ans depuis un an plus de 800 serviettes sont utilisées. Pour une somme d’environ 400 euros. Il , ils peuvent en réutiliser autant qu’ils veulent, dans et chaque mois. »