Depuis quelques semaines, l’activité du croisiériste alsacien a fortement repris. Entretien avec Eric Collange, directeur commercial de CroisiEurope.
Depuis quelques semaines, l’activité du croisiériste alsacien a fortement repris. Entretien avec Eric Collange, directeur commercial de CroisiEurope.
The Tourist Echo : Depuis quelques semaines, l’industrie touristique se redresse. CroisiEurope aussi ?
Eric Collange : Chez CroisiEurope, en tout cas, on a vu une vraie hausse depuis la mi-janvier. Depuis une quinzaine de jours, nous enregistrons un nombre de prises de commandes égal, et parfois même supérieur, à ce que nous avions observé à la même période en 2019. Nos équipes de réservation tournent à plein régime, toute la journée, et c’est encourageant : cela fait deux ans que nous n’avons pas connu une telle période d’activité. C’est plus qu’un tremblement et, désormais, il suffit de croiser les doigts pour que la situation sanitaire continue de s’améliorer. Les arrêts et départs sont très fatigants pour les équipes, qui font un excellent travail depuis le début de la crise.
Le maintien des réserves résulte-t-il uniquement de l’amélioration du contexte sanitaire ?
Eric Collange : Tout le monde sait que l’envie de voyager est très forte, après deux ans de restrictions, voire de privations. Les gens recommencent à faire des projets. Et l’amélioration de la situation sanitaire permet la réalisation de ces projets. Par exemple, chaque semaine, nous avons des réservations pour notre croisière en Afrique du Sud en fin d’année, même si certaines des destinations desservies lors de l’itinéraire n’ont pas encore rouvert. Les gens sont optimistes, nous aussi. Mais, bien sûr, nous avons accompagné cette reprise. Nos commerciaux sont très actifs sur le terrain, et nous avons lancé plusieurs opérations commerciales, comme le challenge dédié aux agents de voyages. Nous sommes également très visibles dans les médias grâce à une grande campagne publicitaire qui a débuté mi-janvier.
Le marché français ne peut à lui seul remplir ces bateaux. Par conséquent, le retour des clients internationaux est essentiel.
Vous semblez bien placé pour profiter de cette reprise, avec des produits essentiellement en France et en Europe…
Eric Collange : C’est déjà ce qui nous a permis de vivre une année 2021 honnête, si l’on considère le contexte sanitaire international. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros, contre 196 millions d’euros en 2019. Cette année encore, la demande est très forte pour les croisières sur la Seine, la Gironde, le Rhône, le Rhin… Et, plus généralement, les destinations européennes soulagent le cerveau et ça marche très bien. C’est le cas de nos produits sur le Douro, le Danube, le Guadalquivir, l’Elbe… Même si, comme je l’ai dit précédemment, des clients prévoient aussi des voyages, dans plusieurs mois, vers des destinations encore fermées. Le Mékong attire à nouveau nos clients qui scrutent les bonnes nouvelles et adoptent de plus en plus des comportements habituels.
La part des ventes de dernière minute est-elle en baisse ?
Eric Collange : Actuellement, 45% des ventes sont pour un départ dans les deux prochains mois. Et le reste des prises de commandes commence de mai à novembre 2022. Pour un croisiériste comme le nôtre, la dernière minute prend encore beaucoup de place. Mais le marché augmente. C’est palpable, pour toute l’industrie. De plus, tous les salons du tourisme de ce début d’année se tiennent. Nous serons présents au Salon Mondial du Tourisme avec Selectour; au Mahana à Lyon, au Tourismima à Lille… Nos partenaires nous appellent pour multiplier la programmation. Les signes sont positifs. C’est ce qui nous permet de nourrir de hautes ambitions pour 2022. Notre objectif est clair : nous voulons réaliser, cette année, ce que nous avons fait en 2019, à savoir un chiffre d’affaires d’environ 200 millions d’euros.
Est-ce possible sans clients étrangers ?
Eric Collange : C’est une très bonne question, car les clients étrangers représentent jusqu’à 45 % de notre clientèle en année normale. Les clients français nous ont suivis pendant la crise. Nous exploitons 55 bateaux : c’est plus d’un départ par semaine. Le marché français ne peut à lui seul remplir ces bateaux. Par conséquent, le retour des clients internationaux est essentiel. Mais, là encore, nous voyons des signes positifs. Nos bureaux de Lausanne, Bruxelles et Madrid voient le retour des clients. Les Britanniques réservent également, tout comme d’autres marchés plus éloignés, comme les marchés japonais ou australiens. Depuis deux ans, nous attendons tous que le reboot soit enfin le bon. Nous espérons vraiment que nous entrerons enfin dans une phase de retour à la normalité.