Encouragées par l’impossibilité de revenir et souffrant de douleurs chroniques, de nombreuses femmes atteintes d’endométriose choisissent un traitement alternatif. Mais ceux-ci peuvent être discutables, voire dangereux.

Une maladie peu connue. Pourtant, près de deux millions de femmes sont concernées en France. « L’endométriose débute tôt et ne s’arrête qu’au moment des menstruations », explique le docteur Érick Petit, radiologue et chef du centre d’endométriose de l’hôpital Saint-Joseph à Paris. Il faut une dizaine d’années pour qu’il soit découvert. Elle se caractérise par « la fuite de cellules de la muqueuse de l’utérus qui vont envahir la surface des organes et même pénétrer dans d’autres organes, comme les ovaires, les trompes de Fallope, la vessie ou l’anus ». Les femmes touchées peuvent ressentir une douleur intense, à la limite de l’insupportable. La recherche « étant de dix ans », selon Érick Petit, il n’existe actuellement aucun médicament qui puisse la guérir. Nous ne pouvons que réduire l’impact.

Espérant trouver un moyen de soulager leur douleur, certains patients se sont détournés de la médecine traditionnelle. Selon une analyse préliminaire de l’étude ComPaRe sur l’endométriose par Marina Kvaskoff, épidémiologiste à l’Inserm à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, 65 % des femmes atteintes d’endométriose qui ont répondu à l’enquête ont demandé au moins une fois d’aller autrement. comme l’ostéopathie, le yoga, la méditation ou la sophrologie. Certaines de ces activités non médicamenteuses sont agréées par la Haute Autorité de Santé (HAS) depuis 2017. Elles sont également incluses dans la prise en charge des patientes atteintes d’endométriose dans certains hôpitaux avec ce qu’on appelle la médecine traditionnelle. Cependant, la Haute Autorité insiste : ces thérapies ne doivent pas se substituer à un traitement médical et les patients qui les choisissent doivent en informer leur médecin.

Cependant, certaines femmes choisissent ces thérapies alternatives sans surveillance médicale. Sur Facebook, de nombreux groupes de femmes comptent jusqu’à 20 000 abonnés. Ils partagent expériences et conseils. Sur Instagram, des milliers de personnes suivent les comptes de patients et/ou adeptes de valeurs. De plus, il y a des conseils et un partage d’expérience.

Le service recherche de la radio française a déniché des personnes qui se présentaient comme des spécialistes de l’endométriose et proposaient des prestations avec pour titre : « Prends soin des femmes », « coach santé endo » ou encore « change ta vie grâce à ‘l’endométriose’, comme on le voit Dans certains détails de compte Instagram.Ces services ont un prix.Sur deux pages, par exemple, il y a des consultations pour 110 euros et « six rendez-vous de 45 minutes et conversations illimitées », pour 450 euros.

Pour obtenir plus d’informations, nous avons contacté une gynécologue qui propose un accompagnement vidéo du processus, dit-elle, pour aider les femmes à « mieux vivre avec l’endométriose ». Nous sommes passés en mode intrusion et avons fait semblant d’être malades tout en enregistrant notre entretien à son insu.

Lors du premier échange de cadeaux, la question du budget est posée. Le naturopathe insiste pour qu’on choisisse la stratégie la plus chère : 870 euros pour trois mois d’accompagnement et « huit heures de séances vidéo ». Face à notre rejet, elle a expliqué à l’un d’entre nous que la stratégie la moins chère s’offrait aux « femmes qui, au fond, ne veulent pas continuer, ce qui n’est pas le cas, je crois comprendre ». Le naturopathe propose alors un paiement en trois temps, et insiste : « Pour moi, ça fait déjà partie du travail interne que vous alliez chercher la somme d’argent. Je sais que si vous le voulez vraiment, vous trouverez un moyen. Et déjà, il va faire bouger les choses. » Enfin, on prend la formule à 320 euros pour trois entretiens en visioconférence.

Au cours de l’entretien, le naturopathe a expliqué sa vision de l’endométriose. Si une femme est malade, dit-elle, il y a une raison : « Pour que le corps trouve sa place ». Selon elle, une des choses qu’on peut faire est de chercher « dans les vieux jours de sa famille, au niveau des générations, dans les différentes relations entre les femmes de sa maison, sa mère, ses sœurs, ses frères » . Et elle a poursuivi: « La maladie peut survenir pour de nombreuses raisons chez les membres de la famille. C’est vous qui venez expliquer le dysfonctionnement de la lignée féminine. La vie vous a confié la responsabilité de résoudre ce problème. »

Aussi, la naturopathe a lié l’endométriose (et le cancer du sein) à un problème de femme : « Pourquoi les femmes attrapent-elles le cancer du sein ou l’endométriose ? Pour moi, c’est parce que nous vivons dans une société patriarcale et qu’une femme a besoin qu’elle s’exprime. ne s’exprime pas, peut-être envoie-t-il des maladies dans la plupart des situations féminines. » Concernant la question de savoir s’il peut être guéri, le naturopathe a répondu : « Je pense que oui. La guérison n’est pas seulement au niveau physique. La guérison est la relation que j’ai avec l’endométriose. Si j’y crois et que je n’arrête pas. ça revient, c’est déjà une bonne partie du traitement. »

Après l’entretien, nous avons recontacté cette entité pour lui demander si elle confirmait avoir fait ces déclarations. Sans savoir que nous sommes au dossier, elle m’a répondu qu’elle ne recommandait pas de traitement pour l’endométriose, mais seulement l’hygiène pour vivre avec.

Ces idées ne sont pas loin de celles propagées par certaines tenantes des « femmes modernes ». C’est un concept de développement humain basé sur lequel les femmes doivent renouer avec leur nature divine. Un mouvement qui a connu d’importantes avancées au fil des années en France et dans le monde. Le service de recherche de la radio française a contacté une femme impliquée dans ce mouvement et s’est présentée comme experte en hypnose et sexologie (profession non réglementée par les autorités sanitaires en France). Elle affirme avoir côtoyé « des centaines de femmes atteintes d’endométriose » et propose dix séances de visioconférence en dix mois pour 570 euros, ou elles sont payées à part (57 euros) intitulées « guérir les femmes blessées ».

Sur sa chaîne vidéo, elle apparaît dans un champ, tenant à la main un récipient en plastique dans lequel elle conserve son « sang normal » qu’elle va « donner à la Terre Mère » avec d’autres femmes. « Si vous souffrez d’endométriose, dit-elle, nous avons quelque chose à soigner dans notre corps de femme, dans le monde intérieur, et dans le monde extérieur. Quand je donne mon sang par terre, c’est et. comme si j’allais rétablir l’équilibre. »

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Nous aussi, une fois de plus, nous nous sommes infiltrés dans l’une de ces réunions et un groupe Telegram s’est créé pour « créer une communauté où chacun se soutient dans le but de guérir ». Les directives sont strictes : les téléphones et les portes doivent être fermés et le contenu de l’échange doit être gardé secret. Les participants, une vingtaine, tous atteints d’endométriose, venaient de toute la France : de La Rochelle à la Haute-Savoie, en passant par la Seine-Saint-Denis, Marseille, Guéret et même Tournay, en Belgique. Chacun doit écouter ce que l’animatrice appelle des « audios » ou les vidéos qu’elle poste sur sa chaîne. Nous utilisons des mots familiers pour obtenir « sororité ». « Ce soir, il n’y a pas de mots, mais des changements », a déclaré le sexologue, et il promet la guérison : « Nous sommes à un niveau d’énergie où la guérison va plus vite aujourd’hui. »

Selon elle, une femme peut avoir une endométriose parce que l’utérus que son fœtus a laissé garde des souvenirs de certains événements : « Quand je viens chez une mère qui a perdu un enfant devant moi, a fait une fausse couche ou a fait une fausse couche, j’entre dans l’abdomen. Ce ne sera pas propre. Il y a une énergie, dans l’expression, de la mort qui reste là. » Autre chose qui peut provoquer la maladie, selon elle : il peut y avoir des jumeaux qui sont morts pendant la grossesse : « Si je perds ce ou ces jumeaux, je suis dans une situation douloureuse utérus. Je suis illégitime. Pourquoi suis-je resté, et pas l’autre ? Je me suis créé une ruine, je suis tombé malade. »

Ces déclarations, qui n’ont aucun fondement scientifique, ont provoqué la colère du corps médical. « On sait que les femmes qui ont fait une fausse couche peuvent tomber enceintes sans problème », précise Frédérique Pernotte, sage-femme et directrice du réseau Resendo (réseau spécialiste de l’endométriose). Concernant la question de l’avortement, elle considère qu’il s’agit d’une « pression profonde, qui montre qu’il n’est pas bon d’avorter dans sa vie ». Ce professionnel de la santé estime que le travailleur du sexe lui-même « essaie de trouver un coupable pour soulager les gens ».

Lors de la visioconférence, le sexologue réalise une séance d’hypnose. Elle a invité les participants à se rendre dans une grotte sous-marine pour retrouver leur jumeau disparu. Sur Telegram, l’une d’elles a déclaré qu’elle se sentait mal à l’aise : « La veille de la séance, j’ai fait un cauchemar que je pouvais en partie relier à ce que nous partagions (le risque d’intrusion sexuelle, les tutrices et tuteurs sont avec moi, ceux qui ne sont pas boisson morte). La vie) A partir de ce moment-là, j’ai eu une sorte d’urine brûlante dans le vagin. » D’autres, au contraire, ont dit qu’ils se sentaient très heureux et épanouis : « Aujourd’hui, j’ai goûté à la vie. Que d’émotions et de plaisirs.

Que certaines femmes suivent ce discours n’étonne pas Frédérique Perrotte : « Pendant deux heures, ces femmes sont écoutées après de nombreuses années sans être écoutées par un médecin ou d’autres travailleurs. Ça marche décidément. » Mais pour elle, « les personnes atteintes d’endométriose ne sont la faute de personne. La femme n’est pas touchée, ni sa mère, ni sa grand-mère, ni les jumelles on va leur donner une place ».

Même son de cloche du côté de la Miviludes, une équipe chargée de lutter contre le vandalisme des gangs. Dans son rapport présenté cette semaine, elle notait pour la deuxième année consécutive que les enseignements des « Saintes Femmes » présentaient un risque d’abus : « La prudence s’impose. En effet, il est recommandé de réserver la parole liée à quelque chose d’effrayant qui C’est arrivé avec lui. Un professionnel qui sait écouter et accompagner une personne. Mais dans ces leçons, il est expliqué que si une femme a des douleurs menstruelles, parce qu’elle ne l’est pas, elle ne correspond pas à sa nature féminine profonde. En d’autres termes, elle est responsable de cette souffrance. » Le coût de ces séances est également jugé « souvent excessif » par la Miviludes. A la fin elle a déclaré : « Cette recherche constante d’harmonie entre le corps et l’esprit, c’est-à-dire trouver le bonheur ultime, doit être prudente et prudente car certaines femmes se retrouvent dans l’isolement, avec la séparation de leur milieu familial.

D’autres pratiques qui prétendent guérir l’endométriose comprennent des exercices de jeûne. Nous avons contacté quelqu’un qui se présente en ligne comme psychologue et qui organise des cours « eau », où l’on ne mange pas pendant 25 à 42 jours, seule l’eau est autorisée. Il traite de nombreuses maladies dont le cancer, l’hypertension artérielle et l’endométriose. Nous avons eu notre premier rendez-vous par visioconférence avec lui. Selon lui, après avoir éliminé un facteur d’hygiène approprié grâce à un mode de vie sain et à des activités sportives, il a également éliminé l’un des facteurs pouvant causer la maladie. « Il faut faire face aux problèmes d’addiction, (à l’ordinateur, et au sucre) qui sont souvent liés au manque de relations sociales qui conduisent à la dépression du pancréas, qui conduit à l’addiction », a-t-il dit. sans froncer les sourcils.

Elle propose un accompagnement pendant quatre semaines de jeûne réparties sur six mois, « à distance, par visio tous les soirs, avec le groupe pour s’entraider, car le jeûne n’est pas dangereux mais ça s’apprend ». Et quand on lui a demandé s’il s’était remis de l’endométriose après un mois de jeûne, il a répondu : « Oui, tu peux guérir. Le corps se guérit naturellement. Il y a des cancers qui se guérissent tout seuls. » Pour cela, il nous coûtera 1 000 euros et des forfaits dîner et nourriture pour ceux qui veulent s’entraîner chez lui, à raison de 750 euros la semaine pour une chambre. Soit 4 000 euros au total pour six mois.

Ces déclarations sont d’autant plus surprenantes que le naturopathe n’a pas la capacité de prescrire ces cours. En fait, son ministère nous a confirmé qu’il lui était interdit de faire cela, voire de promouvoir le jeûne après sa mort il y a plusieurs mois lors d’une formation qu’il a faite. Le décès sans jeûne, selon la victime, mais l’enquête est en cours. Il est également à l’étude. Cela ne l’empêche pas de poster régulièrement des vidéos sur sa chaîne YouTube, dont certaines totalisent près de deux millions de vues.