Enquête « La Guadeloupe, une île sous tension » (3/3). Selon les autorités, environ 250 membres du personnel médical sont toujours suspendus sur l’île parce qu’ils ont refusé de se faire vacciner contre le coronavirus. Un état de santé qui a continué, au fil des mois, à contribuer à un fort sentiment de rejet par l’Etat.
« Nous sommes toujours là ! Sous les applaudissements militants, mardi 8 novembre, Patricia Pioche, secrétaire générale adjointe de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), a levé le poing, clôturé la réunion qui a duré deux heures sur le parking du CHU. de Pointe-à-Pitre. Depuis dix mois, ici, on a le « vélo » (le camp, le piquet de grève), pour exiger la réintégration des personnels de santé qui ont été suspendus parce qu’ils ne sont pas vaccinés.
Lors de l’instauration de l’obligation de vaccination début août 2021, l’UGTG s’est fait l’écho du sentiment général de la population, qu’elle refusait clairement de voir l’Etat maître de la vie des Guadeloupéens. L’organisation, avec son Union des travailleurs de la santé (UTS), a rapidement entraîné le personnel dans un conflit amer, jusqu’ici inachevé, et une minorité – officiellement 3 % des 3 665 membres du personnel de l’ancien hôpital universitaire de la ville, l’un des les plus vétustes de France. , ce qui n’est pas proportionné.
Le syndicat n’a d’autre choix que de mener ses troupes, malgré leur nombre, au bout de la foule avec les ministères de la santé et à l’étranger. « Ils veulent la guerre, ils l’ont », résume Gaby Clavier, le vivace et redouté patron de l’UTS. Qui réclame directement le retour des « suspendus » et le paiement intégral de leurs arriérés de salaire. Elle s’appuie sur une décision fragile du tribunal administratif de Guadeloupe qui, le 10 octobre, a jugé illégale la forme rétroactive prise par la décision de suspension d’un agent.
« Déluge de désinformation »
Jeudi 27 octobre, l’hôpital a porté plainte, après de violentes ingérences auprès de militants qui ont dégradé le service des ressources humaines avec de l’huile usée. Le CHU de Pointe-à-Pitre accuse un déficit de 5 millions d’euros par mois, qui est surendetté, et la qualité des soins, faute de matériel, s’y dégrade. Dans cette ambiance de fin de mouvement, Gaby Clavier lance une pétition de soutien au personnel en poste. Objectif : faire face à ceux-ci pour faire en sorte que l’hôpital se réorganise et puisse se passer des « suspendus ». Derrière les hauts murs de l’hôpital, les soignants, qui sont sur le pont depuis la crise d’épuisement provoquée par le Covid-19, ne voient pas d’un bon œil que le pot d’or fonctionne qui n’a pas été fait. La violence du mouvement, au fil des mois, a laissé des traces : un directeur général battu et menacé de mort, des pneus crevés sur des voitures de médecins, des biens endommagés.
Avec un double taux de vaccination de 42%, 25% pour trois doses, la Guadeloupe reste en bas du peloton national
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