Les relations entre Paris et Alger se durcissent. Six semaines après la visite d’Emmanuel Macron, la Première ministre Elisabeth Borne a passé deux jours dans la capitale algérienne. Au terme de son premier voyage à l’étranger, lundi 10 octobre, elle s’est félicitée au jour le jour de construire « un nouveau partenariat, écrit depuis longtemps ». Accompagnée de quinze ministres, la présidente a été reçue hier par son homologue, Aïmene Benabderrahmane.

La rencontre vise à créer une nouvelle relation économique entre les deux pays et à montrer une coopération étroite, alors que la guerre en Ukraine et les turbulences de son marché du gaz naturel ont placé Alger au centre des préoccupations de Paris. Plusieurs dossiers ont été évoqués, comme la question de la mémoire ou de l’opportunité d’accorder des visas aux citoyens algériens, mais la discussion s’est concentrée sur les questions commerciales.

Une première depuis 2017

« J’ai le sentiment qu’ensemble, nous avons avancé », a déclaré Elisabeth Borne. Signe de reprise du dialogue entre les deux pays : les gouvernements des deux pays se sont assis à la table du Comité suprême des gouvernements bilatéraux (CIHN), ce qui était le premier depuis 2017. Cette réunion du CIHN, à laquelle ont participé une quinzaine de ministres de tous les pays. Elle a conduit à la signature de 12 accords de coopération industrielle, technique, éducative et culturelle, dont la plupart sont cependant devenus des intentions claires.

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40 000 emplois directs

A la suite de ces accords, les chefs de gouvernement ont lancé une conférence d’affaires franco-algérienne pour renforcer la « nouvelle force » de la Bourse. Se clôturant mardi, cette réunion devrait accueillir environ 70 entreprises françaises dont Sanofi, une grande société pharmaceutique ayant des activités de fabrication d’insuline en Algérie. Quatre PME complètent l’équipe française : Générale Energie (recyclage), Infinite Orbits (micro-satellite), Neo-Eco (déchets) et Avril (agroalimentaire).

« Bienvenue aux investisseurs français en Algérie », a lancé le Premier ministre algérien, Aïmene Benabderrahmane, aux représentants du tricolore. L’Algérie est le deuxième partenaire commercial de la France en Afrique. Selon les douanes de l’Algérie en 2020, la France est le deuxième pays producteur de biens après la Chine, et son deuxième client après l’Italie. Aussi, Paris est le deuxième investisseur en Algérie, selon le FMI, avec l’implantation de 500 entreprises dans le pays, ce qui représente 40 000 emplois directs.

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Avancées sur la question mémorielle

Dès son arrivée dimanche, Elisabeth Borne s’est empressée de déposer une fleur au Mémorial des Martyrs, lieu où l’Algérie commémore la guerre d’indépendance vis-à-vis de la France. Elle a également prié au cimetière Saint-Eugène d’Alger, où reposent de nombreux Français nés en Algérie. Un monument chargé de symbolisme qui n’a aucune valeur tout en formant un comité d’historiens qui vise à éliminer les conflits de mémoire.

Lors de sa visite en Algérie, Emmanuel Macron a promis de créer une commission comprenant des chercheurs des deux pays pour étudier la période coloniale et la guerre qui a eu lieu en Algérie. « Nous avons discuté des noms et nous sommes en train de coordonner les choses », a déclaré le président. La nomination de ce conseil n’est plus que dans quelques jours.

Les visas et le gaz éclipsés

Sur la question des visas souples, Elisabeth Borne fait état d' »échanges » entre le ministre français de l’intérieur, Gérald Darmanin, et son homologue algérien. Elle a dit qu’elle est convaincue qu’ils sortiront bientôt. Fin septembre, la ville de Paris a annoncé des conditions plus strictes pour la délivrance de visas aux citoyens algériens. Il est prévu de réduire le nombre de visas de 50 %. Dès lors, la France espère faire pression sur l’Algérie pour qu’elle renvoie ses citoyens arrivés illégalement en France.

Le Premier ministre a dans le même temps confirmé que la question du gaz n’était pas au menu des négociations. Elisabeth Borne a dit vouloir « continuer le progrès » avec l’Algérie pour augmenter sa capacité de production et a promis « des visites et des échanges réguliers aux niveaux économique, politique et technique ».

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