Edith Morvan a découvert la viticulture « lors d’une balade à vélo sur la route des vins ». A cette époque, Bigoudène ne savait même pas à quoi ressemblait une parcelle de vigne. Ici, elle décide de « devenir une vigne », elle rit encore. Une carrière qui débute très jeune au lycée agricole lors d’un stage en Alsace. Nous sommes à la fin des années 80, une passion qui ne l’a jamais quittée.
Soutenue par sa famille, une nouvelle histoire commence. « Adieu veaux, vaches et cochons », sourit Edith Morvan. Elle est diplômée (Bac +5) de la Faculté de Bordeaux et a obtenu le Diplôme National d’Œnologie. « J’avais mis les pieds dans un monde fermé, très masculin, voire machiste, misogyne… qui a très bien prospéré depuis. Aujourd’hui, il y a plus de femmes que d’hommes dans le métier du vin », note Édith Morvan.
Un grand défi
Elle est sur le marché du travail depuis 1997. Elle signe son premier CDI en janvier 2001 dans une cave coopérative en tant que technicienne viticole. En juin 2005, l’Union des Producteurs de Saint-Émilion (UDP) lui ouvre ses portes en tant que conseillère œnologique des caves coopératives. Le défi est grand. Elle saisit sa chance et accompagne 192 vignerons et 800 hectares de vignes dès l’été 2055. Le défi durera quinze ans. Quinze ans de rencontres, mais aussi de luttes sur la qualité du bourgeon, l’échelonnement de la récolte, la santé du sol et de la plante. objectif ? « Atteindre l’optimum : un raisin sain et mûr », souligne le consultant de l’époque.
Edith Morvan l’emporte et prend la bouteille. Elle devient vigneronne sur la commune de Lugasson (33) en 2018. Cette année-là, elle reprend un château de la juridiction de Saint-Émilion, située sur les communes de Vignonet et de Saint-Sulpice-de-Faleyrens. Depuis, le vigneron bigoudène met toute son expérience et ses connaissances au service de ce terroir fertile. Le sol est son combat. « Il faut arrêter de penser que le sol n’est qu’un support. Il a surtout un rôle nutritif et nutritionnel », souligne la fille de la terre, partisane de l’agroécologie.
Au marché de Noël de Plobannalec ce week-end
Son arrivée est un bouleversement dans ce monde de vignerons, dans lequel elle a su éveiller les soupçons. Une vision, une pratique différente, reconnue aujourd’hui par ses pairs. « La femme fait évoluer les choses parce qu’on les regarde, on les observe, on les teste », dit Bigoudène. Le raisin est sa passion. « C’est un fruit très fragile, il faut être là tout le temps, au pied de la vigne. Le raisin doit être protégé jusqu’à la récolte. En Gironde, tout est féroce : la chaleur, les orages, mais à la fin un plaisir », raconte la Vigneronne qui partage cet enthousiasme pour les dégustations Edith Morvan revient également dans son pays, proposant une dégustation les samedi 3 et dimanche 4 décembre au marché de Noël de Plobannalec-Lesconil (29).
Etre vigneron pour une Bigoudène ? « Une découverte, un challenge, un lien à la terre aussi fort que l’agriculture ». Sur un domaine de près de 2 hectares (5 500 à 6 000 pieds/ha), les vendanges de ses vignes, plantées il y a 60 ans, se poursuivent sous son œil vigilant. Une continuité dans l’histoire de ces parcelles de Saint-Émilion, premier patrimoine mondial viticole inscrit par l’UNESCO en 1999. Une ville, un nom, une réputation qui tient à un moine breton (originaire de Vannes) nommé Émilion qui vint en retraite spirituelle et fonda la cité monastique d’Ascumbas au VIIIème siècle. Appréciée de la population pour ses qualités de cœur, sa ville devient Saint-Émilion. « C’est dommage, ce n’était pas un Bigouden », lance malicieusement Edith.