Le directeur général du réseau Eden Tour a dû décider de fermer temporairement trois points de vente. Les enjeux de recrutement, qui touchent toute l’industrie, Yvon Peltanche a mis au centre de son attention, en tant que président d’EdV Centre-Ouest.

Le directeur général du réseau Eden Tour a dû décider de fermer temporairement trois points de vente. Les enjeux de recrutement, qui touchent toute l’industrie, Yvon Peltanche a mis au centre de son attention, en tant que président d’EdV Centre-Ouest.

Entre la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, comment se portent Eden Tour et ses 22 agences de voyages ?

Yvon Peltanche : On assiste à une vraie reprise progressive depuis début février. Avec l’invasion de l’Ukraine, l’enregistrement s’est stabilisé. Peu à peu, son activité a diminué. Nous ne nous arrêtons pas. Mais entre la semaine du 14 février et la semaine dernière, nous avons perdu 30% de notre chiffre d’affaires. À la baisse, nous nous sommes dirigés vers un net ralentissement.

Où en êtes-vous avec l’activité partielle ou APLD ?

Yvon Peltanche : Nous n’utilisons plus que rarement les activités partielles. Et pour cause, notre problème, c’est que nous sommes passés de 72 à 45 salariés, soit une réduction de 35 % des effectifs. La semaine dernière, nous avons dû fermer trois succursales. L’agence de Fougères en Ille-et-Vilaine est fermée depuis près d’un mois. Celle de Tours a rouvert grâce à l’embauche récente d’un directeur d’agence. Point positif toutefois : les anciens salariés de TUI qui nous rejoignent reviendront dans le secteur après un parcours d’essai dans l’immobilier. A Rennes, nous recherchons toujours un directeur d’agence. En attendant, nous avons ouvert en « bidouillant », en déplaçant les salariés.

Nous ne sommes pas un cas isolé. Dans certains des groupes avec lesquels j’ai pu réfléchir, des agences ont fermé en raison d’un manque de personnel. Nous sommes nombreux à arriver à la même conclusion. Le professionnel quitte le métier après plus de 20 ans d’expérience dans le tourisme. Le signal d’avertissement clignote en rouge. Auparavant, pour le poste de directeur d’agence, nous recevions assez rapidement des candidatures intéressantes. Là, pour Tours, j’ai dû attendre trois mois avant d’avoir une candidature de bon niveau. Je suis également surpris de recevoir si peu de candidatures de jeunes diplômés. Souvent les titulaires de BTS continuent jusqu’à Bac +5. La situation est devenue étrange : nous avons des architectes, mais peu de maçons… Mais pour construire un immeuble, il faut les deux profils.

Je défends des contrats de partage de production que tout le monde peut lire et comprendre.

Ces points de vente représentent des coûts fixes importants, tant ouverts que fermés. Vous envisagez de le fermer ?

Yvon Peltanche : J’y réfléchis un peu, mais je ne suis pas de cet avis. Je préfère faire preuve de résilience. On verra à la fin de la durée du bail, qui est de trois ans.

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Où sont passés les salariés qui ont quitté l’Eden Tour ?

Yvon Peltanche : Sur la trentaine de salariés qui sont partis, seuls trois sont restés dans le tourisme, ils ont rejoint d’autres agences. Une enquête active s’est développée au sein du réseau, du fait des tensions de recrutement.

Actuellement, nous avons un besoin urgent de 5 à 6 personnes expérimentées, notamment sur Rennes et Fougères. Nous avons besoin de renforts, nous avons trop de postiers isolés. Une fois que quelqu’un est malade, nous sommes désorganisés.

Les questions RH concernent-elles principalement le salaire ?

Yvon Peltanche : Avec une concurrence accrue entre collègues, l’amélioration est venue naturellement. Cependant, oui, il est nécessaire de mettre à niveau. Cela peut se faire par le biais de diverses formes de participation aux bénéfices, y compris pour les transactions liées aux ventes et à la distribution. Je défends des contrats de partage de production que tout le monde peut lire et comprendre. L’idée est d’augmenter la rémunération par la performance. Eden Tours pratique l’intéressement depuis 20 ans. Au départ, c’était intéressant : tant l’employeur que le salarié bénéficiaient alors d’une exonération totale des charges sociales.

EdV Centre-Ouest organise une matinée débat à Nantes le mardi 29 mars, qui portera notamment sur les problématiques de recrutement et de fidélisation des salariés.

Comment avez-vous abordé cette problématique RH en tant que présidente des Entreprises du Voyage Centre-Ouest, et présidente d’EdV Régions ?

Yvon Peltanche : EdV Centre-Ouest organise une matinée débat à Nantes le mardi 29 mars, qui portera notamment sur les problématiques de recrutement et de fidélisation des salariés. Nous aurons l’intervention d’un avocat spécialisé dans les questions sociales, Laurent Gervais, qui présentera une solution de contrat de partage de production. Julien Le Guennec et Aurore Bekar seront présents, en tant que chef de mission marque employeur. Jean-Pierre Mas et Valérie Boned chroniqueront alors l’actualité de la profession. Adhérents et non-adhérents sont les bienvenus pour la discussion de ce matin (demande d’inscription via edv.centre-ouest@orange.fr, ndlr). Une soixantaine d’entrepreneurs se sont inscrits.

La bataille de 2022 est donc une question d’emplois ?

Yvon Peltanche : Oui. L’évolution a été assez frappante au cours des deux dernières années. L’emploi est devenu très complexe dans la production, la distribution et le commerce des hôtels. Nous avons également oublié les compétences extraordinaires que doit posséder un agent de voyages. Dans la même matinée, il faut savoir vendre des circuits autoguidés aux États-Unis, des voyages sur mesure au Vietnam, des voyages au Maroc. De plus, le client vient bien informé de son projet. Le conseiller devrait être en mesure de lui fournir beaucoup d’informations supplémentaires. C’est phénoménal.

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